Politique
Mali : Des négociations en cours entre les rebelles Touareg et les jihadistes du JNIM
Pour la première fois, le JNIM, de plus en plus présent dans le sud du Mali, dévoile la présence d’un camp de combattants dans la région de Sikasso. Il y a quelques jours, un dialogue a été entamé entre les rebelles du nord à majorité Touareg et les jihadistes du JNIM. D’après le front de la libération de l’Azawad, cet élan de négociation répond aussi à la concertation nationale malienne qui appelait au dialogue avec les jihadistes.
Depuis 2012, le Sahel est en proie à une spirale de violences jihadistes qui a fait des dizaines de milliers de morts. Initialement concentrées au Mali, ces violences se sont étendues aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger, et menacent les pays côtiers ouest-africains.
Quels sont les principaux groupes jihadistes au Sahel ?
Deux grandes organisations dominent la scène jihadiste au Sahel central (Mali, Niger, Burkina Faso): le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM selon son acronyme en arabe) et l’Etat islamique au Sahel (EIS).
Affilié à Al-Qaïda, le JNIM est né en 2017 de la fusion de plusieurs groupes jihadistes sous la direction d’Iyad Ag Ghali, un chef touareg de Kidal, au Mali.
Son rival, l’EIS est lui affilié à l’Etat islamique. Il a été fondé en 2015 par le jihadiste marocain Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, après une scission d’Al-Mourabitoun, groupe dissident d’Al-Qaïda.
Al-Sahraoui a été tué en 2021 lors d’une frappe de la force française Barkhane au Mali.
Dans le bassin du lac Tchad (Nigeria, Niger, Cameroun, Tchad), deux autres groupes sévissent : Boko Haram et sa branche dissidente, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP selon son acronyme anglais).
Où sont-ils implantés ?
Ils opèrent principalement en zones rurales. « Contrôler les villes est très difficile pour eux », explique à l’AFP Ibrahim Yahaya, chercheur à International Crisis Group.
Depuis des camps cachés en brousse, ils contrôlent les villages par l’intimidation (enlèvements, assassinats) et organisent des attaques contre les villes, ajoute le chercheur.
Le JNIM est largement présent au Mali, au Niger et au Burkina Faso, et étend de plus en plus son influence vers les parties septentrionales de pays du Golfe de Guinée.
« Le groupe projette de créer de nouvelles zones d’instabilité aux frontières du Burkina Faso avec le Bénin et le Togo », indique à l’AFP Seidik Abba, président du Centre international de réflexions et d’études sur le Sahel.
L’EIS en revanche est concentré dans la zone des trois frontières englobant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Le groupe « a du mal à s’étendre » à cause du JNIM, « militairement plus fort » et « plus ancré localement », observe Liam Karr, analyste pour l’American Enterprise Institute.
Quels sont leurs objectifs ?
Les ambitions varient selon les affiliations. L’EIS suit la ligne dure de l’Etat islamique, prônant une violence indiscriminée contre civils et militaires dans le dessein d’établir un califat islamique au Sahel appliquant la charia.
Le JNIM, tout en menant des attaques meurtrières, cherche à s’ancrer localement en se positionnant comme défenseur des populations marginalisées.
« Dans le narratif du JNIM, il y a à la fois la référence à l’idéologie islamique, mais rattachée à des formes de revendications locales. Alors que l’Etat islamique est resté dans une forme de jihad global qui n’arrive pas à prendre racine dans les communautés locales », pointe Bakary Sambé, directeur du Timbuktu Institute de Dakar.
Le groupe diffuse fréquemment « des vidéos montrant des actes de violence commis par les forces de sécurité et leurs auxiliaires afin de légitimer son discours », souligne un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU, début février.
Cette divergence d’approche alimente souvent des rivalités violentes entre les deux groupes.
Comment recrutent-ils leurs combattants ?
Les jihadistes exploitent les tensions sociales et ethniques pour recruter. Le JNIM a récemment élargi sa base initiale de combattants peuls et touaregs vers d’autres communautés, notamment les Bambaras.
Leurs effectifs sont difficiles à estimer précisément, mais un rapport onusien de juillet 2024 dénombre 5.000 à 6.000 combattants pour le JNIM et 2.000 à 3.000 pour l’EIS.
Leur arsenal provient en grande partie des armées sahéliennes elles-mêmes, pillées lors d’attaques, et du trafic d’armes en provenance de Libye.
Leurs sources de financement sont multiples: enlèvements contre rançons, notamment d’Occidentaux, vol et revente du bétail, prélèvement de la zakat (impôt islamique)…
Comment agissent-ils ?
Les jihadistes recourent à des tactiques variées contre les armées sahéliennes: embuscades, enlèvements, tirs d’obus lointains, pose d’engins explosifs improvisés et plus récemment l’utilisation de drones pour larguer des explosifs.
Les civils soupçonnés de collaborer avec les armées sont enlevés ou assassinés. Les jihadistes imposent également des embargos, incendient les récoltes et enlèvent les leaders communautaires pour soumettre les villages à leur autorité.
En réaction, les armées sahéliennes privilégient la réponse militaire, une stratégie qui a montré ses limites face à des groupes mobiles qui se nourrissent de griefs locaux.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, réunis au sein de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ont annoncé la création prochaine d’une force antijihadiste unifiée de 5.000 hommes.
« Au moment où les armées sahéliennes tuent 3.000 jihadistes, 12.000 autres sont recrutés. Donc si on ne tarit pas le problème de chômage des jeunes dans ces pays, ils resteront à la merci des groupes jihadistes », dit Seidik Abba.
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Politique
Bénin : L’Assemblée nationale adopte la création d’un Sénat
Dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 novembre 2025, l’Assemblée nationale béninoise a voté la création du Sénat. 90 députés ont approuvé la révision constitutionnelle et 19 ont voté contre.
Le texte ainsi adopté institue désormais au Bénin, un Parlement bicaméral comprenant l’Assemblée nationale et un Sénat. La nouvelle loi constitutionnelle précise que la nouvelle institution aura pour mission de « réguler la vie politique » de veiller à l’unité nationale, à la sécurité publique et à la paix.
D’après cette révision constitutionnelle, les lois désormais votées par l’Assemblée seront désormais transmises simultanément au président de la République et au Président du Sénat.
L’autre réforme introduite par cette révision constitutionnelle, la rallonge de la durée du mandat présidentiel qui passe de cinq à sept ans renouvelable une seule fois.
La disposition relative à cette modification ajoute que nul ne peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de président de la République.
Les mandats des députés et des élus locaux passent également de cinq à sept ans renouvelable.
Après l’étape de l’Assemblée nationale, le président Patrice Talon va saisir la Cour Constitutionnelle pour un contrôle de constitutionnalité. La juridiction constitution devra approuver la réforme avant que le président ne promulgue pour l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fondamentale du Bénin.
Cette modification constitutionnelle est l’initiative de deux députés de la coalition au pouvoir qui ont introduit la proposition de loi à l’Assemblée nationale depuis le 31 octobre 2025.
Politique
Sénégal : Le Premier ministre Ousmane Sonko et ses partisans en démonstration de force à Dakar
Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal et président du parti PASTEF, a tenu samedi 8 novembre un meeting très attendu au stade Léopold-Sédar-Senghor, à Dakar. Plusieurs dizaines de milliers de personnes y participaient, dans un contexte de grogne sociale.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a organisé ce samedi 8 novembre un rassemblement d’envergure, qualifié de « Terra meeting », véritable démonstration de force populaire. L’objectif était de marquer la force et l’unité de son parti, le PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité), un peu plus de 18 mois après l’arrivée du parti au pouvoir.
Des centaines de bus ont afflué toute la journée au stade Léopold-Sédar-Senghor de Dakar pour l’événement, transportant une foule impressionnante de militants venus de tout le pays. Ces manifestants disent être venus par « soucis patriotes » et dans le but de réitérer leur soutien à Ousmane Sonko et à son projet de transformation du pays.
Le Sénégal est confronté à une situation économique préoccupante, avec un déficit budgétaire de près de 14 % du PIB et une dette du secteur public et parapublic estimée provisoirement à 132 % du PIB à la fin de 2024. Les autorités au pouvoir depuis 2024 accusent le précédent régime d’avoir dissimulé les vrais chiffres des indicateurs clés comme la dette publique et le déficit budgétaire. Le gouvernement a imposé ces dernières semaines des taxes sur des produits comme le tabac, l’alcool ou les jeux de hasard, ainsi que sur les transferts d’argent numériques très utilisés dans le pays.

« Certains espèrent une brouille entre Sonko et Diomaye »
Le gouvernement sénégalais fait face à de nombreuses critiques de la part de l’opposition et de certains observateurs. Un peu plus tôt samedi, un collectif regroupant des membres de l’opposition avait tenté de tenir une manifestation – interdite par les autorités – contre le gouvernement ailleurs de la capitale. Plusieurs personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre déployées en grand nombre sur les lieux, tandis que d’autres ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes.
Ousmane Sonko, populaire auprès des jeunes qui nourrissent beaucoup d’espoir envers les autorités issues de la présidentielle de mars 2024 et qui avaient promis « la rupture » et la justice sociale, a abordé plusieurs autres thèmes lors de ce grand meeting de plusieurs heures. Il a évoqué sa relation avec le président Bassirou Diomaye Faye, dont il fut le mentor, un sujet qui suscite des débats dans le pays. « Certains espèrent une brouille entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye », a-t-il lancé, « dans la vie tout peut arriver. Mais ce qui pourrait nous séparer ne viendra pas de moi et j’ai bonne foi que ça ne viendra pas non plus de lui ».
Il a également mis en garde, sans citer de noms, certains alliés au sein du gouvernement qui « tentent de manipuler et d’isoler » le président Faye pour l’opposer à lui. Le Premier ministre a par ailleurs appelé l’ancien président Macky Sall, installé au Maroc, à rentrer au Sénégal « s’il est courageux », l’accusant d’être coupable, lui et son régime, de « haute trahison ».
Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont promis de faire rendre des comptes aux précédents dirigeants qu’ils accusent d’agissements coupables dans la gestion des affaires, à commencer par l’ex-président Macky Sall. Plusieurs de ses anciens ministres ont déjà été inculpés pour des malversations présumées.
Politique
RD Congo : Signature du volet économique de l’accord de paix du 27 juin
Plus de quatre mois après la poignée de main historique, à Washington, entre les ministres des Affaires étrangères rwandais et congolais, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont paraphé le texte intégral du cadre d’intégration économique régional, le volet économique de l’accord de paix du 27 juin. Cela s’est fait dans la nuit de vendredi à ce samedi 8 novembre, dans la capitale américaine, à l’issue de la quatrième réunion du comité conjoint de suivi de l’accord, une avancée significative, se réjouissent les deux médiateurs, le Qatar et les États-Unis.
Il faut dire que le texte était déjà prêt, depuis la fin du mois d’août. Les deux délégations étaient prêtes à signer, la première semaine d’octobre. Kinshasa avait refusé de signer, expliquant qu’il fallait d’abord avancer sur les aspects sécuritaires.
Vendredi 7 novembre, devant Allison Hooker, sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques, et Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique, les deux camps ont finalement paraphé le document. Le texte fixe les secteurs de coopération économique entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’avec Washington, dans une certaine mesure.
Le texte signé précise toutefois que la mise en œuvre de ce cadre d’intégration économique reste subordonnée à l’exécution satisfaisante du concept d’opérations (CONOPS) et de l’ordre opérationnel (OPORD) prévus par l’accord de paix, deux mécanismes censés neutraliser les FDLR et lever les mesures dites défensives du Rwanda.
Il s’agit ainsi d’une avancée sur le papier, mais pas vraiment sur le terrain. D’ailleurs, les deux parties reconnaissent la lenteur des progrès et se sont engagées à redoubler d’efforts pour appliquer l’accord de Washington. Elles se sont ainsi entendues sur des actions concrètes à court terme. Sur ce point, Kinshasa et Kigali ont notamment examiné les préparatifs des opérations militaires contre les FDLR et ont adopté un accord de mise en œuvre.
Sur le papier, cela ressemble à des avancées, mais c’est sur le terrain qu’il faut évaluer les vrais résultats, a confié à RFI un diplomate occidental qui suit ce processus de paix.
« Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix »
De son côté, le président congolais Félix Tshisekedi a annoncé la conclusion prochaine des processus de Doha et de Washington, deux cadres de négociations destinés à ramener la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo. Depuis Belém où il participe au sommet climatique de la COP30, Félix Tshisekedi a précisé que la Maison-Blanche devait prochainement adresser l’invitation officielle pour la signature de l’accord de paix.
« Je suis heureux de vous annoncer que les pourparlers dont il est question à Washington et à Doha arrivent à leur terme. Dans les prochains jours, la Maison Blanche va nous adresser officiellement une invitation à clôturer ce processus de l’accord de paix. Mais attention, nous ne sommes pas naïfs. Ce n’est pas nous qui avons provoqué cette guerre. Beaucoup de pays voisins profitaient de notre pays et de notre économie. Nous nous sommes battus pour mettre fin à cela. Nous sommes à la fin. Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix, le fruit d’une paix durable en RDC », a affirmé en lingala le président congolais au micro de RFI.
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