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Politique

Cameroun : Tension post-électorale et accusations de fraude

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Alors que les résultats officiels se font toujours attendre, des manifestations sporadiques éclatent à travers le pays, alimentées par des allégations persistantes de fraude électorale et par un sentiment général de tension et de défiance envers le processus démocratique.

Au cœur de ces tensions post-électorales, des figures politiques adoptent des positions divergentes. Des accusations fusent de toutes parts, et la menace d’une escalade de la violence plane sur le pays.

Les Camerounais attendent avec impatience ces résultats officiels de la présidentielle. Le Conseil constitutionnel doit les proclamer au plus tard le 26 octobre, alors que des tendances contestées de l’opposition ont déjà été publiées.

Maroua sous haute sécurité

Quelques heures seulement après la ferme

ture des bureaux de vote, des signes de trouble ont émergé. Des échauffourées ont été enregistrées dans le quartier Marouaré à Garoua, celui du candidat Issa Tchiroma Bakary dans le Nord du Cameroun.

Un véhicule de la gendarmerie a été incendié suite à des affrontements entre militants pro-Issa Tchiroma et les forces de l’ordre.

Même si le calme est revenu de ce côté-là, les forces de l’ordre sont depuis le 12 octobre 2025, toujours déployées autour du domicile du candidat.

Issa Tchiroma vêtu d’un grand boubou blanc traditionnel et coiffé d’un bonnet rouge et noir orné, tient un micro et s’adresse à la foule. Plusieurs hommes l’entourent de près.

Douala : Manifestation dispersée à Bonamoussadi

La tension est montée d’un cran à Bonamoussadi, un quartier de l’arrondissement de Douala 5ème, mercredi 15 octobre 2025 en fin de matinée. Des dizaines de manifestants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène aux abords de l’antenne d’Elecam (Elections Cameroon), l’organisme chargé des élections.

Selon des témoins sur place, la scène était chaotique. On pouvait apercevoir « une foule de furieux qui courent dans tous les sens en criant non à la manipulation des urnes, » décrivent-ils.

Avant l’intervention des forces de l’ordre, une foule composée notamment de conducteurs de moto-taxi et de curieux s’était rassemblée devant l’antenne Elecam. Ils affirmaient avoir été informés de manipulations des résultats, visant en particulier les procès-verbaux.

Les manifestants dénonçaient une « fraude » et scandaient des chants à la gloire du candidat du FSNC (Front pour le Salut National du Cameroun), qu’ils considéraient vainqueur de l’élection présidentielle.

Dans cette pression montante, certains manifestants brandissent des pancartes revendiquant « la publication des résultats tels qu’obtenus dans les bureaux de vote après le dépouillement ». D’autres, plus excités, menaçaient de « mettre le feu à l’antenne Elecam, siège de la fraude selon eux, et en découdre avec les responsables à l’origine de la fraude électorale. »

Au sein de la foule en colère, des militants et sympathisants du FSNC se mobilisaient également pour exiger la libération selon eux, du coordonnateur du parti à Douala 5ème. Des pancartes affichaient le message « Libérez Mr Goudwey coordo Douala 5ème. » L’insistance des manifestants à réclamer sa libération attisait les tensions.

Malgré la présence d’un cordon de sécurité formé par les forces de maintien de l’ordre, la foule ne se dispersait pas, jusqu’à l’arrivée d’un camion anti-émeute qui a dispersé les manifestants avec de l’eau. Des arrestations ont été signalées, une dizaine, selon certaines sources sécuritaires.

Face à ces accusations, l’antenne régionale d’Elecam a publié un communiqué démentant catégoriquement toute manipulation. « Tout ce que l’on raconte est faux, » affirme le communiqué du responsable régional du littoral.

Selon Serge Bourdon OTYA’A, l’incident a été déclenché par un passant qui a mal interprété une scène de rangement des urnes après le scrutin : « Tout est parti d’un Monsieur qui passait par l’antenne communale de Douala 5 et a trouvé les employés en train de faire le ménage et de ranger les urnes utilisées le jour du scrutin en vidant leur contenu notamment des bulletins et des enveloppes, » explique le communiqué.

Ce passant aurait alors crié au « bourrage des urnes » et ameuté la population, qui aurait ensuite « brutalisé les collaborateurs de l’antenne. » Elecam indique que « l’un d’eux a même été blessé au visage et au bras, » et que « les meneurs ont été interpellés et conduits au poste de gendarmerie. »

Le préfet du département du Wouri, Cyriac Nvogo, s’est rendu sur les lieux pour évaluer la situation. Il faut rappeler qu’il avait pris un arrêté, en date du mardi 14 octobre 2025, interdisant toutes les manifestations publiques avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.

La situation reste tendue à Douala, dans l’attente des résultats officiels et malgré les appels au calme.

Ouest : Manifestations et Incendies à Bafoussam et Dschang

Riposte des forces de l'ordre qui tirent des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Le mercredi 15 octobre 2025 des citoyens, « qui soupçonnaient des manœuvres visant à travestir la réalité des urnes, » ont assiégé les tribunaux de Bafoussam et de Dschang où siégeaient les commissions de recensement des votes des départements de la Mifi et de la Menoua.

A Bafoussam, capitale de la région de l’Ouest, des groupes de personnes, dont des moto-taximen, se sont rassemblés, mobilisés par une rumeur circulant sur internet.

« Elle fait, en effet, état de ce que la représentante du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) au sein de la commission de recensement des votes du scrutin présidentiel dans le Département de la Mifi, subirait des pressions pour signer des procès-verbaux falsifiés, » affirme un jeune homme dans la foule. « Nous sommes venus ici dire que ça ne peut plus passer. Nous savons qui a gagné. » , lance un autre.

Face à cette tension grandissante, la mobilisation des forces de l’ordre ne s’est pas fait attendre. Aussitôt, vont se dresser contre elle, des éléments de la police et de la gendarmerie munis d’un dispositif anti-émeute. Les manifestants ont été repoussés, un cordon de sécurité a été mis en place et la route traversant le palais de justice a été coupée à la circulation.

En signe de protestation, certains manifestants décident de s’asseoir à même le sol et scandent des chansons à la gloire du candidat Issa Tchiroma Bakary.

Selon des sources sur place, au moins, dix sont interpellés par les éléments de la Légion de Gendarmerie de l’Ouest. De même, autant de motos sont saisies.

  • C’est dans ce contexte tendu que la représentante du candidat Tchiroma au sein de la commission de recensement est apparue pour tenter de calmer les esprits.

« Je ne suis pas séquestrée. La commission poursuit ses travaux. Je ne suis pas séquestrée, » a-t-elle déclaré aux journalistes présents.

Un représentant d’un autre parti politique de l’opposition a corroboré ses dires : « Nous travaillons depuis trois jours jusque tard dans la nuit. Parfois, nous achevons notre travail vers 3 heures du matin. Dire qu’on lui impose de signer de faux procès-verbaux (PV), ce n’est pas vrai parce que jusqu’à hier, nous n’avons pas fini de dépouiller les 559 PV de la Mifi. Il en restait 21 qu’on devait dépouiller aujourd’hui. Donc, il n’était pas possible qu’on lui demande de signer un pv qui n’était pas encore dressé. »

Grâce à ces interventions et au dispositif de sécurité renforcé, le calme était revenu autour de 17 heures.

Dschang : Quand la Rumeur attise la Colère Populaire

La ville de Dschang, paisible jusqu’au 15 octobre 2025, a été le théâtre d’une flambée de violence populaire. Une simple rumeur, agissant comme une étincelle, a suffi à embraser la cité universitaire et à plonger ses habitants dans la psychose.

L’événement déclencheur est une allégation de falsification des procès-verbaux de l’élection présidentielle du 12 octobre, qui voyait Issa Tchiroma Bakary, un des candidats à ce scrutin présidentiel camerounais, potentiellement lésé.

La foule, se sentant flouée de sa volonté exprimée dans les urnes, a pris d’assaut le palais de justice où la commission départementale de supervision des élections tenait ses travaux.

La situation a rapidement dégénéré. Incapables d’obtenir satisfaction, les manifestants ont opté pour la violence. « Ils ont incendié le palais de justice, la maison du parti, plusieurs véhicules de la commune, et même tenté de s’en prendre à la résidence du recteur de l’université de Dschang », explique le colonel commandant la légion la gendarmerie de la région.

L’intervention des forces de l’ordre a permis de limiter les dégâts et d’arrêter une vingtaine de manifestants. Cependant, l’ambiance reste tendue et la ville est plongée dans la psychose.

Au lendemain de cette manifestation, certains parents d’élèves, craignant pour la sécurité de leurs enfants, ont préféré les garder à la maison.

Un homme en chemise claire lève haut les bras, tenant un bulletin jaune dans une main et une enveloppe dans l'autre main. À sa gauche, une femme portant un bonnet brillant, un masque chirurgical et une veste beige et noire, lève également un bras en tenant une lampe allumée qui éclaire la scène.

La position de certains candidats et partis politiques

Dans ce contexte déjà tendu, certains partis politiques et candidats prennent publiquement position au lendemain de ce scrutin présidentiel du 12 octobre dernier.

Prince Michael Ngwese Ekosso, président du United Socialist Democratic Party (USDP) a apporté son soutien au président sortant Paul Biya et à son parti, le RDPC. Par contre, Anicet Ekane, personnage politique, va plus loin en affirmant qu’ « Issa Tchiroma Bakary est le troisième président du Cameroun. » Une déclaration qui, selon certains observateurs, contribue à semer le doute et l’incertitude dans une situation déjà très volatile.

Le candidat du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, avait affirmé dans un discours diffusé sur ses réseaux sociaux sa victoire, saluant « le courage du peuple » et appelant à la reconnaissance de « la volonté populaire. »

Ateki Seta Caxton, candidat du PA, a félicité Issa Tchiroma Bakary pour sa « performance remarquable ». Sur son compte X, il a souligné que « le peuple camerounais vient de triompher » et s’est adressé « avec respect » au président sortant pour « ses années de service. »

Akere Muna a également livré un message fort. Dans un texte intitulé « Une nouvelle aurore », l’ancien bâtonnier appelle les institutions à « honorer leur devoir sacré » et exhorte le président sortant à « écouter la voix du peuple ».

Dans une déclaration datée du 17 octobre 2025, Maurice Kamto, figure de l’opposition camerounaise, a pris la parole suite à l’élection présidentielle du 12 octobre. Saluant la participation massive des électeurs, il a exprimé sa vive inquiétude face à la montée des tensions dans le pays, alimentées par des « actes et comportements répréhensibles », susceptibles de compromettre l’issue du scrutin.

Soulignant les souffrances déjà infligées au Cameroun par la pauvreté, le conflit dans les régions anglophones et les exactions de Boko Haram, Kamto a insisté sur la nécessité d’éviter de nouvelles confrontations violentes. Il a donc lancé un appel solennel au respect du « choix des électeurs camerounais exprimés en conscience dans les urnes », insistant sur le fait que « ceux qui menacent l’ordre public sont ceux qui cherchent à modifier la parole des urnes et non le contraire. »

Kamto a conclu en rappelant le caractère sacré de la nation camerounaise, exhortant à ne pas compromettre son avenir par des cycles de violence et de division. La candidature de Maurice Kamto (MRC) avait été écartée par le Conseil constitutionnel.

Réagissant à cette sortie de M. Kamto, le Secrétaire Général Adjoint du RDPC a exprimé sa déception face à l’absence de condamnation ferme, de la part de l’opposant, des « graves obstacles au processus électoral » et des « manipulations qui ont conduit aux incidents de Douala et Dschang. »

M. Owona dans son communiqué, invite M. Kamto à « cesser de distraire les Camerounais » et à déposer un recours s’il conteste les résultats.

« Que le meilleur gagne ! », a-t-il déclaré. Il souligne que le processus électoral est désormais derrière, et que chacun doit attendre avec sérénité la finalisation des procédures légales. « Chacun de nous, en tant que citoyen, a exercé son droit de vote, et nous attendons avec impatience, mais sérénité la finalisation du processus légal en la matière, » a-t-il ajouté.

Un homme vêtu d’une chemise à carreaux bleus et d’une casquette noire, écrit sur un tableau en carton, devant lui des piles de livres sont empilés sur un tableau recouvert de papier kraft. Devant lui, on distingue des piles de livres entassés sur des étagères et des meubles, donnant à la pièce un air à la fois studieux et un peu encombré.

Dans un message publié sur sa page Facebook ce samedi 18 octobre 2025, Issa Tchiroma Bakary a lancé un appel vibrant à ses compatriotes, exhortant à l’unité et à la vigilance dans un contexte qu’il décrit comme « grave ».

Tchiroma a exprimé sa gratitude envers les ministres et membres du gouvernement qui lui ont témoigné leur soutien, soulignant que « l’heure n’est plus aux faux-semblants ni aux calculs ». Il a également remercié certains membres de l’État-major et des Forces armées, affirmant qu’ils lui ont fait part de leur « volonté de ne pas trahir leur mission première : protéger le peuple. » Il a exprimé l’espoir que d’autres les rejoindront.

L’ancien ministre a également adressé un message direct aux journalistes : « À nos frères et sœurs journalistes, je lance aussi un appel : ne vous laissez pas transformer en instruments de désinformation au nom de quelques faveurs ou positions. Vous avez une responsabilité immense envers la jeunesse de ce pays… »

La prudence de certains

D’autres candidats appellent à la prudence et au respect des institutions.

Cabral Libii, du PCRN, a exhorté ses sympathisants à « la patience » et à « ne pas céder à la manipulation qui infeste les réseaux sociaux », rappelant que seuls les organes légaux de supervision détiennent « la vérité des urnes. »

Joshua Osih, du SDF, tout en reconnaissant que les chiffres internes de son parti ne lui sont « pas favorables », a salué « le verdict clair du peuple » et promis de respecter la décision du Conseil constitutionnel.

Bello Bouba Maïgari (UNDP), par la voix de son porte-parole Pierre Flambeau Ngayap, a invité ses partisans à « faire preuve de calme et de maturité », soulignant la présence de ses représentants dans toutes les commissions de supervision.

Le Dr Jacques Bougha Hagbe a remercié ses électeurs tout en les appelant à « demeurer calmes et confiants. »

Un homme vêtu d’un costume bleu, chemise blanche et cravatte noire, s’adresse à la foule. Derrière lui, des hommes en tenues civiles et militaires.

Le gouvernement dénonce et appel au calme

Dans ce contexte déjà explosif, le Ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji, a tenté de discréditer la revendication de victoire d’Issa Tchiroma Bakary en citant un parallèle historique avec Ni John Fru Ndi, leader charismatique du SDF, qui avait également revendiqué la victoire en 1992 sans pour autant être reconnu comme tel.

Cette comparaison a été vivement critiquée. Certains considèrent que cette déclaration est un « manque de respect envers la mémoire de Fru Ndi , qui reste une figure emblématique de la lutte pour la démocratie au Cameroun ».

Le gouvernement a élevé la voix pour appeler à la responsabilité. Par le biais d’un communiqué publié par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi porte-parole du gouvernement, un appel a été lancé à « un sens civique et patriotique » de la part des acteurs politiques, de la société civile et des médias.

Cet appel intervient après que plusieurs candidats se soient prématurément proclamé vainqueurs sur les réseaux sociaux, une attitude que le gouvernement condamne fermement. « Toute démarche contraire à la loi constitue une atteinte grave à la réglementation en vigueur », avertit le ministre, soulignant ainsi le caractère illégal de ces déclarations anticipées et leur potentiel à semer le trouble dans le pays.

Lors des manifestations à Bafoussam et Dschang, les forces de l’ordre sont, accusées de réprimer violemment les manifestations.

Selon certains témoignages, la gendarmerie dans la région de l’Ouest, aurait supervisé les brutalités infligées aux manifestants arrêtés à Dschang.

De son côté, le colonel commandant de la légion de gendarmerie de cette région aurait « qualifié les manifestants arrêtés de voleurs, cherchant ainsi à discréditer leur mouvement ».

Comment fonctionne la commission nationale de recensement des votes

Siège de Elections Cameroon (Elecam)

Le Conseil Électoral d’Elecam, l’organe en charge des élections, a rendu publique la composition de la Commission Nationale de Recensement Général des Votes, organe clé dans le processus électoral. C’est cette commission qui est chargée de procéder au décompte général des votes avant de les transmettre au Conseil constitutionnel, seul habilité à proclamer les résultats.

La commission est composée de 25 membres et présidée par Essombe Emile, magistrat hors échelle désigné par le Conseil constitutionnel. Ce dernier avait déjà occupé cette fonction lors de la présidentielle de 2018, qui avait vu la réélection de Paul Biya.

Les membres de cette commission sont des magistrats de l’ordre judiciaire désignés par la Cour Suprême, des représentants de l’administration, des membres d’Elecam et un représentant pour chacun des 12 candidats en lice.

Selon l’article 69 du code électoral, la commission de recensement est chargée d’examiner les procès-verbaux et les documents annexes transmis par les commissions départementales de supervision. Sa mission consiste à « redresser les erreurs matérielles éventuelles de décompte des votes » et à totaliser les voix, sans toutefois annuler les procès-verbaux.

Un procès-verbal de ces opérations est ensuite établi, signé par le président et les membres de la commission, et transmis au Conseil constitutionnel dans un délai de cinq jours, accompagné des pièces justificatives.

Actuellement, cinq recours contentieux, dont certains demandant l’annulation totale de l’élection, sont en attente d’examen devant cette haute juridiction.

Ce travail technique, une fois achevé, ouvrira la voie à la phase du contentieux post-électoral. Le Conseil constitutionnel disposera ensuite d’un délai impératif jusqu’au 26 octobre pour proclamer les résultats officiels de l’élection présidentielle.

Pour rappel, la présidentielle du 12 octobre dernier au Cameroun a vu s’affronter Paul Biya (RDPC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF), Issa Tchiroma Bakary (FSNC), Bello Bouba Maïgari (UNDP), Serge Espoir Matomba (PURS), Akere Muna (Univers), Pierre Kwemo (UMS), Tomaino Ndam Njoya (UDC), Ateki Seta Caxton (PAL), Bouhga Hagbe Jacques (MCNC) et Hiram Samuel Iyodi (FDC).

Source : https://www.bbc.com/afrique/articles/ce8zxll4e08o

Politique

Sénégal : Le Premier ministre Ousmane Sonko et ses partisans en démonstration de force à Dakar

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Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal et président du parti PASTEF, a tenu samedi 8 novembre un meeting très attendu au stade Léopold-Sédar-Senghor, à Dakar. Plusieurs dizaines de milliers de personnes y participaient, dans un contexte de grogne sociale.

Le Premier ministre Ousmane Sonko a organisé ce samedi 8 novembre un rassemblement d’envergure, qualifié de « Terra meeting », véritable démonstration de force populaire. L’objectif était de marquer la force et l’unité de son parti, le PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité), un peu plus de 18 mois après l’arrivée du parti au pouvoir. 

Des centaines de bus ont afflué toute la journée au stade Léopold-Sédar-Senghor de Dakar pour l’événement, transportant une foule impressionnante de militants venus de tout le pays. Ces manifestants disent être venus par « soucis patriotes » et dans le but de réitérer leur soutien à Ousmane Sonko et à son projet de transformation du pays. 

Le Sénégal est confronté à une situation économique préoccupante, avec un déficit budgétaire de près de 14 % du PIB et une dette du secteur public et parapublic estimée provisoirement à 132 % du PIB à la fin de 2024. Les autorités au pouvoir depuis 2024 accusent le précédent régime d’avoir dissimulé les vrais chiffres des indicateurs clés comme la dette publique et le déficit budgétaire. Le gouvernement a imposé ces dernières semaines des taxes sur des produits comme le tabac, l’alcool ou les jeux de hasard, ainsi que sur les transferts d’argent numériques très utilisés dans le pays.

« Certains espèrent une brouille entre Sonko et Diomaye »

Le gouvernement sénégalais fait face à de nombreuses critiques de la part de l’opposition et de certains observateurs. Un peu plus tôt samedi, un collectif regroupant des membres de l’opposition avait tenté de tenir une manifestation – interdite par les autorités – contre le gouvernement ailleurs de la capitale. Plusieurs personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre déployées en grand nombre sur les lieux, tandis que d’autres ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes.

Ousmane Sonko, populaire auprès des jeunes qui nourrissent beaucoup d’espoir envers les autorités issues de la présidentielle de mars 2024 et qui avaient promis « la rupture » et la justice sociale, a abordé plusieurs autres thèmes lors de ce grand meeting de plusieurs heures. Il a évoqué sa relation avec le président Bassirou Diomaye Faye, dont il fut le mentor, un sujet qui suscite des débats dans le pays. « Certains espèrent une brouille entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye », a-t-il lancé, « dans la vie tout peut arriver. Mais ce qui pourrait nous séparer ne viendra pas de moi et j’ai bonne foi que ça ne viendra pas non plus de lui ».

Il a également mis en garde, sans citer de noms, certains alliés au sein du gouvernement qui « tentent de manipuler et d’isoler » le président Faye pour l’opposer à lui. Le Premier ministre a par ailleurs appelé l’ancien président Macky Sall, installé au Maroc, à rentrer au Sénégal « s’il est courageux », l’accusant d’être coupable, lui et son régime, de « haute trahison ».

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont promis de faire rendre des comptes aux précédents dirigeants qu’ils accusent d’agissements coupables dans la gestion des affaires, à commencer par l’ex-président Macky Sall. Plusieurs de ses anciens ministres ont déjà été inculpés pour des malversations présumées.

Source : https://www.jeuneafrique.com/1738806/politique/senegal-ousmane-sonko-demande-des-sacrifices-a-la-population/

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RD Congo : Signature du volet économique de l’accord de paix du 27 juin

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Plus de quatre mois après la poignée de main historique, à Washington, entre les ministres des Affaires étrangères rwandais et congolais, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont paraphé le texte intégral du cadre d’intégration économique régional, le volet économique de l’accord de paix du 27 juin. Cela s’est fait dans la nuit de vendredi à ce samedi 8 novembre, dans la capitale américaine, à l’issue de la quatrième réunion du comité conjoint de suivi de l’accord, une avancée significative, se réjouissent les deux médiateurs, le Qatar et les États-Unis. 

Il faut dire que le texte était déjà prêt, depuis la fin du mois d’août. Les deux délégations étaient prêtes à signer, la première semaine d’octobre. Kinshasa avait refusé de signer, expliquant qu’il fallait d’abord avancer sur les aspects sécuritaires.

Vendredi 7 novembre, devant Allison Hooker, sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques, et Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique, les deux camps ont finalement paraphé le document. Le texte fixe les secteurs de coopération économique entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’avec Washington, dans une certaine mesure.

Le texte signé précise toutefois que la mise en œuvre de ce cadre d’intégration économique reste subordonnée à l’exécution satisfaisante du concept d’opérations (CONOPS) et de l’ordre opérationnel (OPORD) prévus par l’accord de paix, deux mécanismes censés neutraliser les FDLR et lever les mesures dites défensives du Rwanda.

Il s’agit ainsi d’une avancée sur le papier, mais pas vraiment sur le terrain. D’ailleurs, les deux parties reconnaissent la lenteur des progrès et se sont engagées à redoubler d’efforts pour appliquer l’accord de Washington. Elles se sont ainsi entendues sur des actions concrètes à court terme. Sur ce point, Kinshasa et Kigali ont notamment examiné les préparatifs des opérations militaires contre les FDLR et ont adopté un accord de mise en œuvre.

Sur le papier, cela ressemble à des avancées, mais c’est sur le terrain qu’il faut évaluer les vrais résultats, a confié à RFI un diplomate occidental qui suit ce processus de paix.

« Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix »

De son côté, le président congolais Félix Tshisekedi a annoncé la conclusion prochaine des processus de Doha et de Washington, deux cadres de négociations destinés à ramener la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo. Depuis Belém où il participe au sommet climatique de la COP30, Félix Tshisekedi a précisé que la Maison-Blanche devait prochainement adresser l’invitation officielle pour la signature de l’accord de paix. 

« Je suis heureux de vous annoncer que les pourparlers dont il est question à Washington et à Doha arrivent à leur terme. Dans les prochains jours, la Maison Blanche va nous adresser officiellement une invitation à clôturer ce processus de l’accord de paix. Mais attention, nous ne sommes pas naïfs. Ce n’est pas nous qui avons provoqué cette guerre. Beaucoup de pays voisins profitaient de notre pays et de notre économie. Nous nous sommes battus pour mettre fin à cela. Nous sommes à la fin. Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix, le fruit d’une paix durable en RDC », a affirmé en lingala le président congolais au micro de RFI.

Source : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20251108-rdc-kinshasa-et-kigali-signent-%C3%A0-washington-le-volet-%C3%A9conomique-de-l-accord-de-paix-du-27-juin

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Tanzanie : Plus de 200 manifestants inculpés pour “trahison” après la contestation post-électorale

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À Dar es Salaam, des centaines de personnes ont été présentées vendredi 7 novembre devant le tribunal. Plus de 250 d’entre elles ont été inculpées pour “trahison” ou “complot en vue de commettre une trahison”, selon l’avocat Peter Kibatala. Des sources judiciaires évoquent au moins 240 inculpations confirmées.

Les actes d’accusation consultés accusent les prévenus d’avoir voulu, le jour du scrutin du 29 octobre, “entraver les élections générales de 2025” afin “d’intimider le pouvoir exécutif”.

Contestation réprimée dans le sang

Le pays reste secoué par un mouvement de protestation violemment réprimé. Le parti d’opposition Chadema fait état d’au moins 800 morts. Des sources diplomatiques et sécuritaires confirment des bilans allant jusqu’à plusieurs milliers de victimes, malgré le silence des autorités.

La présidentielle, remportée à 98 % par Samia Suluhu Hassan après l’exclusion de ses principaux rivaux, est jugée non crédible par des observateurs internationaux.

Censure et pression sur l’opposition

Internet a été coupé durant cinq jours et les autorités ont tenté d’empêcher la diffusion d’images des victimes. Mais photos et vidéos circulent désormais sur les réseaux.

Vendredi soir, la police a annoncé rechercher plusieurs cadres de Chadema, dont John Mnyika et Brenda Rupia, les appelant à “se rendre immédiatement”.

Source : https://www.africaradio.com/actualite-111927-tanzanie-plus-de-200-opposants-inculpes-pour-trahison-apres-la-contestation-post-electorale

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