Politique
Cameroun : Tension post-électorale et accusations de fraude
Alors que les résultats officiels se font toujours attendre, des manifestations sporadiques éclatent à travers le pays, alimentées par des allégations persistantes de fraude électorale et par un sentiment général de tension et de défiance envers le processus démocratique.
Au cœur de ces tensions post-électorales, des figures politiques adoptent des positions divergentes. Des accusations fusent de toutes parts, et la menace d’une escalade de la violence plane sur le pays.
Les Camerounais attendent avec impatience ces résultats officiels de la présidentielle. Le Conseil constitutionnel doit les proclamer au plus tard le 26 octobre, alors que des tendances contestées de l’opposition ont déjà été publiées.
Maroua sous haute sécurité
Quelques heures seulement après la ferme
ture des bureaux de vote, des signes de trouble ont émergé. Des échauffourées ont été enregistrées dans le quartier Marouaré à Garoua, celui du candidat Issa Tchiroma Bakary dans le Nord du Cameroun.
Un véhicule de la gendarmerie a été incendié suite à des affrontements entre militants pro-Issa Tchiroma et les forces de l’ordre.
Même si le calme est revenu de ce côté-là, les forces de l’ordre sont depuis le 12 octobre 2025, toujours déployées autour du domicile du candidat.

Douala : Manifestation dispersée à Bonamoussadi
La tension est montée d’un cran à Bonamoussadi, un quartier de l’arrondissement de Douala 5ème, mercredi 15 octobre 2025 en fin de matinée. Des dizaines de manifestants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène aux abords de l’antenne d’Elecam (Elections Cameroon), l’organisme chargé des élections.
Selon des témoins sur place, la scène était chaotique. On pouvait apercevoir « une foule de furieux qui courent dans tous les sens en criant non à la manipulation des urnes, » décrivent-ils.
Avant l’intervention des forces de l’ordre, une foule composée notamment de conducteurs de moto-taxi et de curieux s’était rassemblée devant l’antenne Elecam. Ils affirmaient avoir été informés de manipulations des résultats, visant en particulier les procès-verbaux.
Les manifestants dénonçaient une « fraude » et scandaient des chants à la gloire du candidat du FSNC (Front pour le Salut National du Cameroun), qu’ils considéraient vainqueur de l’élection présidentielle.
Dans cette pression montante, certains manifestants brandissent des pancartes revendiquant « la publication des résultats tels qu’obtenus dans les bureaux de vote après le dépouillement ». D’autres, plus excités, menaçaient de « mettre le feu à l’antenne Elecam, siège de la fraude selon eux, et en découdre avec les responsables à l’origine de la fraude électorale. »
Au sein de la foule en colère, des militants et sympathisants du FSNC se mobilisaient également pour exiger la libération selon eux, du coordonnateur du parti à Douala 5ème. Des pancartes affichaient le message « Libérez Mr Goudwey coordo Douala 5ème. » L’insistance des manifestants à réclamer sa libération attisait les tensions.
Malgré la présence d’un cordon de sécurité formé par les forces de maintien de l’ordre, la foule ne se dispersait pas, jusqu’à l’arrivée d’un camion anti-émeute qui a dispersé les manifestants avec de l’eau. Des arrestations ont été signalées, une dizaine, selon certaines sources sécuritaires.
Face à ces accusations, l’antenne régionale d’Elecam a publié un communiqué démentant catégoriquement toute manipulation. « Tout ce que l’on raconte est faux, » affirme le communiqué du responsable régional du littoral.
Selon Serge Bourdon OTYA’A, l’incident a été déclenché par un passant qui a mal interprété une scène de rangement des urnes après le scrutin : « Tout est parti d’un Monsieur qui passait par l’antenne communale de Douala 5 et a trouvé les employés en train de faire le ménage et de ranger les urnes utilisées le jour du scrutin en vidant leur contenu notamment des bulletins et des enveloppes, » explique le communiqué.
Ce passant aurait alors crié au « bourrage des urnes » et ameuté la population, qui aurait ensuite « brutalisé les collaborateurs de l’antenne. » Elecam indique que « l’un d’eux a même été blessé au visage et au bras, » et que « les meneurs ont été interpellés et conduits au poste de gendarmerie. »
Le préfet du département du Wouri, Cyriac Nvogo, s’est rendu sur les lieux pour évaluer la situation. Il faut rappeler qu’il avait pris un arrêté, en date du mardi 14 octobre 2025, interdisant toutes les manifestations publiques avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
La situation reste tendue à Douala, dans l’attente des résultats officiels et malgré les appels au calme.
Ouest : Manifestations et Incendies à Bafoussam et Dschang

Le mercredi 15 octobre 2025 des citoyens, « qui soupçonnaient des manœuvres visant à travestir la réalité des urnes, » ont assiégé les tribunaux de Bafoussam et de Dschang où siégeaient les commissions de recensement des votes des départements de la Mifi et de la Menoua.
A Bafoussam, capitale de la région de l’Ouest, des groupes de personnes, dont des moto-taximen, se sont rassemblés, mobilisés par une rumeur circulant sur internet.
« Elle fait, en effet, état de ce que la représentante du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) au sein de la commission de recensement des votes du scrutin présidentiel dans le Département de la Mifi, subirait des pressions pour signer des procès-verbaux falsifiés, » affirme un jeune homme dans la foule. « Nous sommes venus ici dire que ça ne peut plus passer. Nous savons qui a gagné. » , lance un autre.
Face à cette tension grandissante, la mobilisation des forces de l’ordre ne s’est pas fait attendre. Aussitôt, vont se dresser contre elle, des éléments de la police et de la gendarmerie munis d’un dispositif anti-émeute. Les manifestants ont été repoussés, un cordon de sécurité a été mis en place et la route traversant le palais de justice a été coupée à la circulation.
En signe de protestation, certains manifestants décident de s’asseoir à même le sol et scandent des chansons à la gloire du candidat Issa Tchiroma Bakary.
Selon des sources sur place, au moins, dix sont interpellés par les éléments de la Légion de Gendarmerie de l’Ouest. De même, autant de motos sont saisies.
- C’est dans ce contexte tendu que la représentante du candidat Tchiroma au sein de la commission de recensement est apparue pour tenter de calmer les esprits.
« Je ne suis pas séquestrée. La commission poursuit ses travaux. Je ne suis pas séquestrée, » a-t-elle déclaré aux journalistes présents.
Un représentant d’un autre parti politique de l’opposition a corroboré ses dires : « Nous travaillons depuis trois jours jusque tard dans la nuit. Parfois, nous achevons notre travail vers 3 heures du matin. Dire qu’on lui impose de signer de faux procès-verbaux (PV), ce n’est pas vrai parce que jusqu’à hier, nous n’avons pas fini de dépouiller les 559 PV de la Mifi. Il en restait 21 qu’on devait dépouiller aujourd’hui. Donc, il n’était pas possible qu’on lui demande de signer un pv qui n’était pas encore dressé. »
Grâce à ces interventions et au dispositif de sécurité renforcé, le calme était revenu autour de 17 heures.
Dschang : Quand la Rumeur attise la Colère Populaire
La ville de Dschang, paisible jusqu’au 15 octobre 2025, a été le théâtre d’une flambée de violence populaire. Une simple rumeur, agissant comme une étincelle, a suffi à embraser la cité universitaire et à plonger ses habitants dans la psychose.
L’événement déclencheur est une allégation de falsification des procès-verbaux de l’élection présidentielle du 12 octobre, qui voyait Issa Tchiroma Bakary, un des candidats à ce scrutin présidentiel camerounais, potentiellement lésé.
La foule, se sentant flouée de sa volonté exprimée dans les urnes, a pris d’assaut le palais de justice où la commission départementale de supervision des élections tenait ses travaux.
La situation a rapidement dégénéré. Incapables d’obtenir satisfaction, les manifestants ont opté pour la violence. « Ils ont incendié le palais de justice, la maison du parti, plusieurs véhicules de la commune, et même tenté de s’en prendre à la résidence du recteur de l’université de Dschang », explique le colonel commandant la légion la gendarmerie de la région.
L’intervention des forces de l’ordre a permis de limiter les dégâts et d’arrêter une vingtaine de manifestants. Cependant, l’ambiance reste tendue et la ville est plongée dans la psychose.
Au lendemain de cette manifestation, certains parents d’élèves, craignant pour la sécurité de leurs enfants, ont préféré les garder à la maison.

La position de certains candidats et partis politiques
Dans ce contexte déjà tendu, certains partis politiques et candidats prennent publiquement position au lendemain de ce scrutin présidentiel du 12 octobre dernier.
Prince Michael Ngwese Ekosso, président du United Socialist Democratic Party (USDP) a apporté son soutien au président sortant Paul Biya et à son parti, le RDPC. Par contre, Anicet Ekane, personnage politique, va plus loin en affirmant qu’ « Issa Tchiroma Bakary est le troisième président du Cameroun. » Une déclaration qui, selon certains observateurs, contribue à semer le doute et l’incertitude dans une situation déjà très volatile.
Le candidat du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, avait affirmé dans un discours diffusé sur ses réseaux sociaux sa victoire, saluant « le courage du peuple » et appelant à la reconnaissance de « la volonté populaire. »
Ateki Seta Caxton, candidat du PA, a félicité Issa Tchiroma Bakary pour sa « performance remarquable ». Sur son compte X, il a souligné que « le peuple camerounais vient de triompher » et s’est adressé « avec respect » au président sortant pour « ses années de service. »
Akere Muna a également livré un message fort. Dans un texte intitulé « Une nouvelle aurore », l’ancien bâtonnier appelle les institutions à « honorer leur devoir sacré » et exhorte le président sortant à « écouter la voix du peuple ».
Dans une déclaration datée du 17 octobre 2025, Maurice Kamto, figure de l’opposition camerounaise, a pris la parole suite à l’élection présidentielle du 12 octobre. Saluant la participation massive des électeurs, il a exprimé sa vive inquiétude face à la montée des tensions dans le pays, alimentées par des « actes et comportements répréhensibles », susceptibles de compromettre l’issue du scrutin.
Soulignant les souffrances déjà infligées au Cameroun par la pauvreté, le conflit dans les régions anglophones et les exactions de Boko Haram, Kamto a insisté sur la nécessité d’éviter de nouvelles confrontations violentes. Il a donc lancé un appel solennel au respect du « choix des électeurs camerounais exprimés en conscience dans les urnes », insistant sur le fait que « ceux qui menacent l’ordre public sont ceux qui cherchent à modifier la parole des urnes et non le contraire. »
Kamto a conclu en rappelant le caractère sacré de la nation camerounaise, exhortant à ne pas compromettre son avenir par des cycles de violence et de division. La candidature de Maurice Kamto (MRC) avait été écartée par le Conseil constitutionnel.
Réagissant à cette sortie de M. Kamto, le Secrétaire Général Adjoint du RDPC a exprimé sa déception face à l’absence de condamnation ferme, de la part de l’opposant, des « graves obstacles au processus électoral » et des « manipulations qui ont conduit aux incidents de Douala et Dschang. »
M. Owona dans son communiqué, invite M. Kamto à « cesser de distraire les Camerounais » et à déposer un recours s’il conteste les résultats.
« Que le meilleur gagne ! », a-t-il déclaré. Il souligne que le processus électoral est désormais derrière, et que chacun doit attendre avec sérénité la finalisation des procédures légales. « Chacun de nous, en tant que citoyen, a exercé son droit de vote, et nous attendons avec impatience, mais sérénité la finalisation du processus légal en la matière, » a-t-il ajouté.

Dans un message publié sur sa page Facebook ce samedi 18 octobre 2025, Issa Tchiroma Bakary a lancé un appel vibrant à ses compatriotes, exhortant à l’unité et à la vigilance dans un contexte qu’il décrit comme « grave ».
Tchiroma a exprimé sa gratitude envers les ministres et membres du gouvernement qui lui ont témoigné leur soutien, soulignant que « l’heure n’est plus aux faux-semblants ni aux calculs ». Il a également remercié certains membres de l’État-major et des Forces armées, affirmant qu’ils lui ont fait part de leur « volonté de ne pas trahir leur mission première : protéger le peuple. » Il a exprimé l’espoir que d’autres les rejoindront.
L’ancien ministre a également adressé un message direct aux journalistes : « À nos frères et sœurs journalistes, je lance aussi un appel : ne vous laissez pas transformer en instruments de désinformation au nom de quelques faveurs ou positions. Vous avez une responsabilité immense envers la jeunesse de ce pays… »
La prudence de certains
D’autres candidats appellent à la prudence et au respect des institutions.
Cabral Libii, du PCRN, a exhorté ses sympathisants à « la patience » et à « ne pas céder à la manipulation qui infeste les réseaux sociaux », rappelant que seuls les organes légaux de supervision détiennent « la vérité des urnes. »
Joshua Osih, du SDF, tout en reconnaissant que les chiffres internes de son parti ne lui sont « pas favorables », a salué « le verdict clair du peuple » et promis de respecter la décision du Conseil constitutionnel.
Bello Bouba Maïgari (UNDP), par la voix de son porte-parole Pierre Flambeau Ngayap, a invité ses partisans à « faire preuve de calme et de maturité », soulignant la présence de ses représentants dans toutes les commissions de supervision.
Le Dr Jacques Bougha Hagbe a remercié ses électeurs tout en les appelant à « demeurer calmes et confiants. »

Le gouvernement dénonce et appel au calme
Dans ce contexte déjà explosif, le Ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji, a tenté de discréditer la revendication de victoire d’Issa Tchiroma Bakary en citant un parallèle historique avec Ni John Fru Ndi, leader charismatique du SDF, qui avait également revendiqué la victoire en 1992 sans pour autant être reconnu comme tel.
Cette comparaison a été vivement critiquée. Certains considèrent que cette déclaration est un « manque de respect envers la mémoire de Fru Ndi , qui reste une figure emblématique de la lutte pour la démocratie au Cameroun ».
Le gouvernement a élevé la voix pour appeler à la responsabilité. Par le biais d’un communiqué publié par le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi porte-parole du gouvernement, un appel a été lancé à « un sens civique et patriotique » de la part des acteurs politiques, de la société civile et des médias.
Cet appel intervient après que plusieurs candidats se soient prématurément proclamé vainqueurs sur les réseaux sociaux, une attitude que le gouvernement condamne fermement. « Toute démarche contraire à la loi constitue une atteinte grave à la réglementation en vigueur », avertit le ministre, soulignant ainsi le caractère illégal de ces déclarations anticipées et leur potentiel à semer le trouble dans le pays.
Lors des manifestations à Bafoussam et Dschang, les forces de l’ordre sont, accusées de réprimer violemment les manifestations.
Selon certains témoignages, la gendarmerie dans la région de l’Ouest, aurait supervisé les brutalités infligées aux manifestants arrêtés à Dschang.
De son côté, le colonel commandant de la légion de gendarmerie de cette région aurait « qualifié les manifestants arrêtés de voleurs, cherchant ainsi à discréditer leur mouvement ».
Comment fonctionne la commission nationale de recensement des votes

Le Conseil Électoral d’Elecam, l’organe en charge des élections, a rendu publique la composition de la Commission Nationale de Recensement Général des Votes, organe clé dans le processus électoral. C’est cette commission qui est chargée de procéder au décompte général des votes avant de les transmettre au Conseil constitutionnel, seul habilité à proclamer les résultats.
La commission est composée de 25 membres et présidée par Essombe Emile, magistrat hors échelle désigné par le Conseil constitutionnel. Ce dernier avait déjà occupé cette fonction lors de la présidentielle de 2018, qui avait vu la réélection de Paul Biya.
Les membres de cette commission sont des magistrats de l’ordre judiciaire désignés par la Cour Suprême, des représentants de l’administration, des membres d’Elecam et un représentant pour chacun des 12 candidats en lice.
Selon l’article 69 du code électoral, la commission de recensement est chargée d’examiner les procès-verbaux et les documents annexes transmis par les commissions départementales de supervision. Sa mission consiste à « redresser les erreurs matérielles éventuelles de décompte des votes » et à totaliser les voix, sans toutefois annuler les procès-verbaux.
Un procès-verbal de ces opérations est ensuite établi, signé par le président et les membres de la commission, et transmis au Conseil constitutionnel dans un délai de cinq jours, accompagné des pièces justificatives.
Actuellement, cinq recours contentieux, dont certains demandant l’annulation totale de l’élection, sont en attente d’examen devant cette haute juridiction.
Ce travail technique, une fois achevé, ouvrira la voie à la phase du contentieux post-électoral. Le Conseil constitutionnel disposera ensuite d’un délai impératif jusqu’au 26 octobre pour proclamer les résultats officiels de l’élection présidentielle.
Pour rappel, la présidentielle du 12 octobre dernier au Cameroun a vu s’affronter Paul Biya (RDPC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF), Issa Tchiroma Bakary (FSNC), Bello Bouba Maïgari (UNDP), Serge Espoir Matomba (PURS), Akere Muna (Univers), Pierre Kwemo (UMS), Tomaino Ndam Njoya (UDC), Ateki Seta Caxton (PAL), Bouhga Hagbe Jacques (MCNC) et Hiram Samuel Iyodi (FDC).
Politique
Sénégal : Ousmane Sonko sonne la mobilisation générale au sein de PASTEF
Le président du parti PASTEF – Les Patriotes, Ousmane Sonko, a appelé lundi l’ensemble des structures de sa formation politique à s’engager dans une dynamique de mobilisation politique, sociale et citoyenne accrue, dans un contexte de transformation nationale en cours, selon un communiqué officiel.
Dans cette instruction interne adressée aux cellules, sections communales, coordinations départementales et élues à l’étranger, ainsi qu’aux cadres et militants du parti, M. Sonko souligne que le grand rassemblement du 8 novembre 2025 a mis en évidence l’attachement du peuple sénégalais au projet politique porté par PASTEF.
Le document, daté du 15 décembre 2025, fixe plusieurs objectifs stratégiques à atteindre d’ici à la fin 2026, notamment la massification du parti avec l’objectif d’identifier et d’activer un million de militants, la création ou la redynamisation de 10 000 cellules fonctionnelles couvrant le territoire national et la diaspora, ainsi que la structuration de proximité pour renforcer l’ancrage citoyen du mouvement.
Selon l’instruction, les cellules devront devenir des « centres d’éducation politique et de vulgarisation », des espaces d’expression citoyenne et des lieux d’actions sociales, tout en assurant une présence régulière auprès des populations.
Des campagnes d’adhésion, la tenue de réunions statutaires et l’élaboration de plans d’actions réguliers sont également prévues pour renforcer la cohésion interne.
Ousmane Sonko insiste sur le rôle du PASTEF non seulement comme parti politique, mais comme « dynamique sociale, populaire et citoyenne », engageant chaque responsable et militant à s’approprier pleinement la démarche pour garantir son impact sur le terrain et sa durabilité.
Le Secrétariat général du parti a été chargé de veiller à l’application effective de cette instruction, qui s’inscrit selon les dirigeants dans la continuité de la transformation politique et sociale engagée au Sénégal depuis l’arrivée de PASTEF au pouvoir.
Source : https://www.ndarinfo.com/Ousmane-Sonko-sonne-la-mobilisation-generale-au-sein-de-PASTEF_a42147.html
Politique
Bénin : Le coup d’État qui dit tout haut ce que la région murmure
La tentative de renversement à Cotonou n’est pas qu’un accident interne. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large : la projection d’influence du Sahel vers les États côtiers, sur fond de rupture politique avec la CEDEAO, de corridors convoités et de guerre des récits.
Le dimanche où tout a vacillé
Cotonou dort encore lorsque les premiers coups de feu claquent. Le 7 décembre 2025, à 4h30 du matin, les hommes du lieutenant-colonel Pascal Tigri, franchissent les grilles de la télévision nationale. Dans les quartiers populaires, personne ne comprend immédiatement ce qui se joue. Mais ceux qui connaissent la grammaire des putschs africains savent que le choix de Tigri n’est pas anodin. Commandant des forces spéciales rattachées à la Garde nationale, l’officier n’est pas de ceux qu’on envoie mater une mutinerie de garnison. C’est un scalpel, pas un marteau – l’instrument des coups pensés pour décapiter un régime avant que quiconque n’ait le temps de réagir.
Ce qui frappe, c’est la simultanéité des événements. Alors que les tirs résonnent encore à Cotonou, le Béninois Kemi Seba – conseiller du général Tiani à Niamey et figure du panafricanisme pro-AES – annonce déjà la chute de Patrice Talon sur les réseaux sociaux. Trop tôt. Beaucoup trop tôt. Cette précipitation en dit long : soit l’homme savait, soit il avait reçu des consignes d’amplification bien avant l’issue. L’objectif était limpide – créer un fait accompli médiatique, provoquer des ralliements opportunistes, imposer le récit d’un soulèvement populaire contre un « dictateur pro-français ».
L’intervention nigériane va tout casser, appuyée au sol par les Forces spéciales françaises au Bénin depuis une année et demie pour la création et la formation des Forces spéciales du Bénin. Frappes aériennes, feu vert du Sénat pour un déploiement terrestre. En quelques heures, la tentative s’effondre. Mais pour ceux qui observent la région depuis des années, l’épisode a révélé bien plus qu’un coup raté : une mécanique de projection qui dépasse largement les frontières béninoises.

La piste sahélienne
Que s’est-il vraiment passé dans les semaines précédant le 7 décembre ? Les éléments qui filtrent dessinent un scénario de facilitation extérieure plutôt que de commandement direct. Des sources proches de l’enquête évoquent des contacts entre certains putschistes et des intermédiaires nigériens – des rencontres discrètes, un soutien logistique et financier. Le profil de Tigri lui-même interroge : un officier des forces spéciales, rompu aux techniques de prise d’objectifs critiques, ne se lance pas dans une telle aventure sur un coup de tête.
L’Alliance des États du Sahel n’a pas nécessairement tiré les ficelles dans les moindres détails. Mais elle a patiemment construit l’écosystème qui rend ce genre d’opération possible : un narratif de délégitimation du régime Talon martelé depuis des mois, des réseaux d’influence travaillant l’opinion béninoise sur les réseaux sociaux, des relais sanctuarisés au Niger. Les suites judiciaires confirment cette lecture. Un juge d’instruction de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a lancé deux mandats d’arrêt internationaux contre Kemi Seba et Sabi Sina Korogoné, figure de l’opposition béninoise. Il leur est reproché d’être de connivence avec les mutins – formulation qui dessine une architecture de complicités où se rejoignent l’écosystème panafricaniste pro-AES, des relais politiques intérieurs et les exécutants en treillis.
C’est là toute la subtilité de la méthode – et Moscou procède de façon identique en Afrique subsaharienne : façonner les environnements plutôt que commander directement, de sorte que les acteurs locaux agissent dans le sens voulu en croyant servir leurs propres intérêts.
Le calcul est simple. Si le coup réussit, l’AES gagne un allié côtier et achève d’encercler ce qui reste des positions françaises. S’il échoue, elle ne paie aucun prix – pas de pertes, pas d’empreinte compromettante – tout en ayant testé les défenses adverses et repéré leurs failles pour la prochaine tentative.
Pourquoi le Bénin
Pour comprendre l’acharnement, il faut regarder une carte – et un tuyau. Le pipeline reliant le champ pétrolier d’Agadem au terminal de Sèmè-Kpodji n’est pas une infrastructure parmi d’autres. Pour Niamey, c’est une artère vitale, le seul passage pour transformer le brut nigérien en devises. Depuis juillet 2023, le Niger du général Tiani s’est engagé dans une stratégie de « continentalisation » – rupture avec Paris, rapprochement avec Moscou, alliance avec les juntes voisines. Mais cette émancipation proclamée bute sur une réalité têtue : le Niger reste enclavé, et ses ressources ne valent rien sans accès à la mer.
Voilà le nœud du problème. S’affranchir de l’Occident tout en dépendant de ports contrôlés par des États alignés sur la CEDEAO, c’est construire sur du sable. D’où la tentation d’une sécurisation préemptive : plutôt qu’attendre qu’un Bénin hostile ferme les vannes, installer à Cotonou un régime ami.

Le Bénin offre par ailleurs un terreau favorable. Au nord, la menace jihadiste n’est plus une abstraction. Des katibas venues du Burkina Faso franchissent régulièrement la frontière, le parc W est devenu un sanctuaire. Cette réalité nourrit des frustrations dans l’armée béninoise : soldats envoyés au front sans grande logistique, officiers oubliés dans les promotions. Ces griefs corporatistes sont du pain béni pour qui veut retourner une garnison.
Le rôle des voisins
La géographie commande. Entre le Niger et le Bénin, la frontière n’existe que sur les cartes. Dans les faits, c’est un espace poreux où circulent marchands, contrebandiers, bergers transhumants – et, à l’occasion, des émissaires plus discrets. Les services de renseignement béninois ne peuvent pas surveiller chaque piste, chaque marché frontalier, chaque conciliabule nocturne. Cette porosité est une aubaine pour qui veut préparer un coup sans laisser de traces.
Le Togo voisin joue un jeu trouble. Le régime Gnassingbé, autoritaire, a toujours su louvoyer entre les camps. Sans rejoindre l’AES, Lomé maintient des canaux ouverts avec les juntes sahéliennes et se garde bien de les condamner trop fort. Cette ambivalence crée une zone grise commode – un espace où des contacts peuvent se nouer, où des intermédiaires peuvent opérer sans être inquiétés.
L’incident du C-130 nigérian contraint d’atterrir au Burkina Faso au lendemain du putsch manqué donne la mesure des tensions. Ouagadougou a immédiatement crié à la provocation hostile. On est loin des déclarations de bon voisinage. La CEDEAO, jadis forum de régulation des crises, est devenue elle-même l’enjeu du conflit. Quand le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait en janvier 2024, ils ont consommé une sécession institutionnelle sans précédent depuis les indépendances. L’Afrique de l’Ouest n’est plus une région ; c’est un champ de bataille.

Ce qui vient…
Le putsch a échoué, mais l’ambition qu’il révèle ne s’évanouira pas. L’AES peut choisir l’usure : multiplier les tentatives, forcer Abuja et Paris à intervenir encore et encore, créer une instabilité chronique qui finira par épuiser les défenseurs. Elle peut aussi contourner l’obstacle en visant des proies plus faciles – le Togo des Gnassingbé, régime sans légitimité populaire, ou le Ghana, démocratie fragilisée par la crise économique.
Pour la France, l’enjeu dépasse le Bénin. Après les humiliations du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Cotonou est l’un des derniers points d’ancrage en Afrique de l’Ouest francophone. Paris a activé ses réseaux le 7 décembre, partagé ses informations avec le Nigeria. Mais cette victoire tactique masque un piège : plus la France soutient Talon, plus elle le désigne comme « l’homme de Paris » – un label devenu toxique.
Le Nigeria reste la clef. Sans Abuja, le putsch aurait probablement réussi. Mais le géant ouest-africain ploie sous ses propres fardeaux : Boko Haram, criminalité endémique, naira en chute libre. Combien de temps pourra-t-il jouer les gendarmes régionaux ?
Le scénario le plus probable est l’escalade contrôlée : une succession de crises, chacune repoussée au prix d’efforts croissants, dans une guerre d’usure où l’AES mise sur la lassitude de ses adversaires. L’histoire enseigne que, dans ce type de confrontation, l’attaquant choisit le moment et le lieu ; il lui suffit de réussir une fois.
Ce qui s’est joué à Cotonou n’est pas une affaire béninoise. C’est la première bataille d’une guerre pour le contrôle des littoraux – et la confirmation d’une vérité vieille comme le monde : qui tient les ports tient la respiration des terres enclavées. Le golfe de Guinée est devenu la nouvelle ligne de front.
Source : https://www.revueconflits.com/benin-le-coup-detat-qui-dit-tout-haut-ce-que-la-region-murmure/
Politique
Guinée-Bissau : La CEDEAO exige le retour rapide à un régime civil
À l’issue du sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest tenu à Abuja dimanche, au Nigeria, le bloc régional a rejeté le programme de transition des militaires de la Guinée-Bissau et exigé un retour rapide à l’ordre civil.
La CEDEAO menace d’imposer des sanctions ciblées à tous ceux qui entraveraient le processus démocratique. Julius Maada Bio, Président de la Sierra Leone et Président de la CEDEAO a critiqué cette régression démocratique : les architectes de la CEDEAO ont compris que la démocratie est inséparable de la paix, de la justice et du développement. Aujourd’hui, cet ordre démocratique est mis à l’épreuve. La résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement menace notre stabilité régionale, sape les droits de nos citoyens et affaiblit notre avenir collectif. L’instabilité en Guinée-Bissau et la tentative de coup d’État au Bénin nous rappellent que la démocratie exige une vigilance constante et une action fondée sur des principes.
La CEDEAO avait déjà été secouée par une série de coups d’Etat entre 2020 et 2023 au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Niger, pays toujours dirigés par des militaires. L’organisation a qualifié de progrès significatif le processus de transition en cours à Conakry. Le vice-président du Nigeria, Kashim Shettima a lui rappelé la nécessité d’une unité de ce bloc avec les dissensions des pays de l’AES.
L’Afrique de l’Ouest n’est pas un assemblage aléatoire de frontières tracées au hasard. C’est une famille liée par la mémoire, la culture, la lutte et les aspirations. Comme dans toutes les familles, nous sommes en désaccord, nous contestons les idées et nous mettons à l’épreuve la patience des uns et des autres. Mais le désaccord n’efface pas l’appartenance. Les rivalités civiles n’annulent pas le sang partagé. Telle est la position du Nigeria. Nous restons persuadés que c’est la fraternité, et non la force, qui doit définir l’avenir de notre communauté.
Vu de l’Afrique de l’ouest, la CEDEAO bien qu’étant l’une des rares organisations régionales actives est critiquée pour son inaction face à certains régimes qui se perpétuent au mépris de la Constitution ou des droits et des libertés populaires. Elle accusée de suivre un agenda politique dicté par l’occident en occurrence la France.