Politique
Togo : La coopération sécuritaire controversée avec la France tourne au ralenti
Après la répression meurtrière des manifestations de juin, et alors que de nouvelles mobilisations sont prévues le samedi 30 août 2025 , des voix s’élèvent pour demander à la France de suspendre sa coopération militaire avec Lomé. Depuis 1963, Paris forme l’armée togolaise.
La situation de la coopération française est un peu compliquée parce qu’après 1993 les pays européens ont rompu leur partenariat avec le Togo et n’ont maintenu que des programmes sociaux et humanitaires. Pourtant, la coopération militaire française n’est pas rompue. Il reste une vingtaine de coopérants militaires qui encadrent l’armée. On en croise parfois en débarquant à l’aéroport de Lomé, certains arborant l’uniforme de l’armée togolaise. Ces officiers forment l’armée, la gendarmerie et la police togolaise. Ainsi, les centres de formation d’officiers ou de corps d’élites, tels que la garde présidentielle ou la force d’intervention rapide, sont presque tous dirigés de fait par des Français.
Critiques à l’égard de la France, la majorité des Togolais apprécient l’influence chinoise
Au Togo, bien que la France maintienne des liens étroits avec son ancienne colonie, la relation avec la Chine est devenue primordiale (Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, 2024). Représentant 20% des importations togolaises, Pékin s’affirme désormais comme un acteur économique clé, notamment à travers ses investissements dans les infrastructures (Présidence de la République Togolaise, 2024).
La redéfinition des alliances géopolitiques et la volonté d’émancipation ont également des répercussions au plan régional en Afrique (Lafay, 2025). La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), même si elle est l’organisation régionale la plus aboutie sur le continent, est victime d’une impopularité croissante. Critiquée pour son incapacité à prévenir ou juguler les crises politiques et perçue comme une organisation influencée par la France (DW, 2022), elle a été davantage perturbée par la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et le retrait des trois pays fondateurs le Mali, le Burkina Faso et le Niger. L’Union Africaine, organisation qui regroupe tous les pays du continent, fait également objet de critiques, et est perçue comme largement dysfonctionnelle avec un pouvoir très restreint sur ses Etats membres (Staeger & Fagbayibo, 2024).
Le Togo, qui en 1972 avec le Nigéria avait proposé la création de la CEDEAO, est bien ancré dans l’architecture régionale ouest-africaine. Mais depuis la vague des coups d’Etat ayant secoué l’Afrique de l’Ouest ces dernières années, le Togo a à plusieurs reprises joué un rôle de médiation. Début 2025, le ministre togolais des affaires étrangères a également évoqué la possibilité pour son pays de rejoindre l’AES, ce qui le placerait dans une situation d’équilibre délicat entre nouveaux partenaires et les relations traditionnelles (Adaba, 2025).
Comment les Togolais perçoivent-ils l’influence des acteurs externes sur leur pays ?
Selon les résultats de la plus récente enquête Afrobarometer, la majorité des Togolais jugent positivement l’influence de la Chine et des Etats-Unis sur leur pays, tandis que près de la moitié ont une opinion favorable de la Russie. En revanche, plus de la moitié estiment que l’influence de la France est négative.
Les relations économiques sino-togolaises sont particulièrement visibles. La majorité des citoyens affirment que les activités économiques de la Chine influencent « beaucoup » ou « quelque peu » l’économie nationale. Par ailleurs, la Chine est également perçue comme le principal partenaire ayant aidé le pays à faire face à la pandémie de COVID-19, devant l’Union Européenne ou la France, les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Africaine.
Sur le plan de la coopération régionale et continentale, environ la moitié des Togolais considèrent que les décisions de la CEDEAO et de l’Union Africaine prennent en compte les intérêts de leur pays. Cependant, une légère majorité des citoyens estiment que les intérêts du Togo seraient mieux servis si le pays se retirait de la CEDEAO et rejoignait l’AES.
Enfin, dans le contexte du conflit russo-ukrainien, trois quarts des Togolais informés des événements soutiennent une position de neutralité de leur pays.
Politique
Bénin : L’Assemblée nationale adopte la création d’un Sénat
Dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 novembre 2025, l’Assemblée nationale béninoise a voté la création du Sénat. 90 députés ont approuvé la révision constitutionnelle et 19 ont voté contre.
Le texte ainsi adopté institue désormais au Bénin, un Parlement bicaméral comprenant l’Assemblée nationale et un Sénat. La nouvelle loi constitutionnelle précise que la nouvelle institution aura pour mission de « réguler la vie politique » de veiller à l’unité nationale, à la sécurité publique et à la paix.
D’après cette révision constitutionnelle, les lois désormais votées par l’Assemblée seront désormais transmises simultanément au président de la République et au Président du Sénat.
L’autre réforme introduite par cette révision constitutionnelle, la rallonge de la durée du mandat présidentiel qui passe de cinq à sept ans renouvelable une seule fois.
La disposition relative à cette modification ajoute que nul ne peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de président de la République.
Les mandats des députés et des élus locaux passent également de cinq à sept ans renouvelable.
Après l’étape de l’Assemblée nationale, le président Patrice Talon va saisir la Cour Constitutionnelle pour un contrôle de constitutionnalité. La juridiction constitution devra approuver la réforme avant que le président ne promulgue pour l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fondamentale du Bénin.
Cette modification constitutionnelle est l’initiative de deux députés de la coalition au pouvoir qui ont introduit la proposition de loi à l’Assemblée nationale depuis le 31 octobre 2025.
Politique
Sénégal : Le Premier ministre Ousmane Sonko et ses partisans en démonstration de force à Dakar
Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal et président du parti PASTEF, a tenu samedi 8 novembre un meeting très attendu au stade Léopold-Sédar-Senghor, à Dakar. Plusieurs dizaines de milliers de personnes y participaient, dans un contexte de grogne sociale.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a organisé ce samedi 8 novembre un rassemblement d’envergure, qualifié de « Terra meeting », véritable démonstration de force populaire. L’objectif était de marquer la force et l’unité de son parti, le PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité), un peu plus de 18 mois après l’arrivée du parti au pouvoir.
Des centaines de bus ont afflué toute la journée au stade Léopold-Sédar-Senghor de Dakar pour l’événement, transportant une foule impressionnante de militants venus de tout le pays. Ces manifestants disent être venus par « soucis patriotes » et dans le but de réitérer leur soutien à Ousmane Sonko et à son projet de transformation du pays.
Le Sénégal est confronté à une situation économique préoccupante, avec un déficit budgétaire de près de 14 % du PIB et une dette du secteur public et parapublic estimée provisoirement à 132 % du PIB à la fin de 2024. Les autorités au pouvoir depuis 2024 accusent le précédent régime d’avoir dissimulé les vrais chiffres des indicateurs clés comme la dette publique et le déficit budgétaire. Le gouvernement a imposé ces dernières semaines des taxes sur des produits comme le tabac, l’alcool ou les jeux de hasard, ainsi que sur les transferts d’argent numériques très utilisés dans le pays.

« Certains espèrent une brouille entre Sonko et Diomaye »
Le gouvernement sénégalais fait face à de nombreuses critiques de la part de l’opposition et de certains observateurs. Un peu plus tôt samedi, un collectif regroupant des membres de l’opposition avait tenté de tenir une manifestation – interdite par les autorités – contre le gouvernement ailleurs de la capitale. Plusieurs personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre déployées en grand nombre sur les lieux, tandis que d’autres ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes.
Ousmane Sonko, populaire auprès des jeunes qui nourrissent beaucoup d’espoir envers les autorités issues de la présidentielle de mars 2024 et qui avaient promis « la rupture » et la justice sociale, a abordé plusieurs autres thèmes lors de ce grand meeting de plusieurs heures. Il a évoqué sa relation avec le président Bassirou Diomaye Faye, dont il fut le mentor, un sujet qui suscite des débats dans le pays. « Certains espèrent une brouille entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye », a-t-il lancé, « dans la vie tout peut arriver. Mais ce qui pourrait nous séparer ne viendra pas de moi et j’ai bonne foi que ça ne viendra pas non plus de lui ».
Il a également mis en garde, sans citer de noms, certains alliés au sein du gouvernement qui « tentent de manipuler et d’isoler » le président Faye pour l’opposer à lui. Le Premier ministre a par ailleurs appelé l’ancien président Macky Sall, installé au Maroc, à rentrer au Sénégal « s’il est courageux », l’accusant d’être coupable, lui et son régime, de « haute trahison ».
Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont promis de faire rendre des comptes aux précédents dirigeants qu’ils accusent d’agissements coupables dans la gestion des affaires, à commencer par l’ex-président Macky Sall. Plusieurs de ses anciens ministres ont déjà été inculpés pour des malversations présumées.
Politique
RD Congo : Signature du volet économique de l’accord de paix du 27 juin
Plus de quatre mois après la poignée de main historique, à Washington, entre les ministres des Affaires étrangères rwandais et congolais, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont paraphé le texte intégral du cadre d’intégration économique régional, le volet économique de l’accord de paix du 27 juin. Cela s’est fait dans la nuit de vendredi à ce samedi 8 novembre, dans la capitale américaine, à l’issue de la quatrième réunion du comité conjoint de suivi de l’accord, une avancée significative, se réjouissent les deux médiateurs, le Qatar et les États-Unis.
Il faut dire que le texte était déjà prêt, depuis la fin du mois d’août. Les deux délégations étaient prêtes à signer, la première semaine d’octobre. Kinshasa avait refusé de signer, expliquant qu’il fallait d’abord avancer sur les aspects sécuritaires.
Vendredi 7 novembre, devant Allison Hooker, sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques, et Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique, les deux camps ont finalement paraphé le document. Le texte fixe les secteurs de coopération économique entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’avec Washington, dans une certaine mesure.
Le texte signé précise toutefois que la mise en œuvre de ce cadre d’intégration économique reste subordonnée à l’exécution satisfaisante du concept d’opérations (CONOPS) et de l’ordre opérationnel (OPORD) prévus par l’accord de paix, deux mécanismes censés neutraliser les FDLR et lever les mesures dites défensives du Rwanda.
Il s’agit ainsi d’une avancée sur le papier, mais pas vraiment sur le terrain. D’ailleurs, les deux parties reconnaissent la lenteur des progrès et se sont engagées à redoubler d’efforts pour appliquer l’accord de Washington. Elles se sont ainsi entendues sur des actions concrètes à court terme. Sur ce point, Kinshasa et Kigali ont notamment examiné les préparatifs des opérations militaires contre les FDLR et ont adopté un accord de mise en œuvre.
Sur le papier, cela ressemble à des avancées, mais c’est sur le terrain qu’il faut évaluer les vrais résultats, a confié à RFI un diplomate occidental qui suit ce processus de paix.
« Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix »
De son côté, le président congolais Félix Tshisekedi a annoncé la conclusion prochaine des processus de Doha et de Washington, deux cadres de négociations destinés à ramener la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo. Depuis Belém où il participe au sommet climatique de la COP30, Félix Tshisekedi a précisé que la Maison-Blanche devait prochainement adresser l’invitation officielle pour la signature de l’accord de paix.
« Je suis heureux de vous annoncer que les pourparlers dont il est question à Washington et à Doha arrivent à leur terme. Dans les prochains jours, la Maison Blanche va nous adresser officiellement une invitation à clôturer ce processus de l’accord de paix. Mais attention, nous ne sommes pas naïfs. Ce n’est pas nous qui avons provoqué cette guerre. Beaucoup de pays voisins profitaient de notre pays et de notre économie. Nous nous sommes battus pour mettre fin à cela. Nous sommes à la fin. Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix, le fruit d’une paix durable en RDC », a affirmé en lingala le président congolais au micro de RFI.
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