Politique
Ghana: John Mahama élu président avec 56% des voix
La Commission électorale ghanéenne a confirmé, ce lundi 9 décembre, la victoire de John Dramani Mahama à l’élection présidentielle avec 56,55% des voix, selon des résultats provisoires. Son adversaire, Mahamudu Bawumia est crédité de 41,01% des suffrages. Le vice-président du Ghana et candidat du parti au pouvoir à la présidence, Mahamudu Bawumia, avait déjà reconnu, dimanche 8 décembre, sa défaite.
C’est une très large victoire pour John Dramani Mahama. L’ancien président et candidat du Congrès démocratique national revient au pouvoir avec 6 millions et 328 000 voix, soit plus de 56 % des suffrages exprimés. C’est cinq points de plus que ce qu’avait obtenu Nana Akufo Addo, lors de sa victoire en 2020, rappelle notre correspondant à Accra, Victor Cariou.
Le vice-président sortant et candidat du Nouveau parti patriotique, Mahamudu Bawumia, récolte, quant à lui, 4,6 millions de voix, soit un peu plus de 41% des suffrages, confirmant, de fait, sa défaite qu’il avait lui-même annoncée, la veille. Les autres 3% sont, eux, répartis entre les dix autres candidats.
L’autre chiffre important, c’est bien sûr celui de la participation et, pour cette neuvième élection de la quatrième République, il est exceptionnellement bas : 60,9%. C’est près de 20% de moins que lors de l’élection de 2020, a précisé la commission qui révélait ces résultats presque complets. Dans neuf circonscriptions, il a été impossible de collecter les résultats car, selon la présidente de la Commission électorale, les centres de compilations étaient « assiégés par des militants des partis politiques » et des bulletins manquants, mais en quantité insuffisante pour pouvoir changer quoi que ce soit au résultat.
Le NPP perd par ailleurs plusieurs régions, qui en 2020, avaient voté pour Nana Akufo-Addo, rappelle notre envoyée spéciale à Accra, Bineta Diagne. Il s’agit notamment des régions de Bono et Ahafo dans l’ouest. Les régions de l’Ouest, du Nord-Est et du Centre basculent également profit du candidat de l’opposition. En résumé, Bawumia est en tête uniquement dans deux régions sur 16.
Au-delà de la victoire de Mahama, ces résultats mettent surtout en lumière le revers de l’équipe de Nana Akufo-Addo. « C’est le pire gouvernement dans l’histoire du pays », résume l’analyste Franklin Cudjoe. « Les sympathisants du NPP sont dépités et ont voté contre leur camp, ou bien certains se sont simplement abstenus », résume ce chercheur.
Quelques heures après la proclamation de ces résultats, dans la soirée du lundi 9 décembre, John Mahama s’est adressé à ses militants depuis sa résidence. Tout de blanc vêtu, celui-ci a d’abord relaté son échange avec le président sortant, Nana Akufo-Addo, qui lui a proposé de constituer une équipe chargée de mener la transition dès cette semaine.
« Nous nous sommes accordés pour monter une équipe conjointe le plus tôt possible, ce mercredi. Je lui ai exprimé ma disponibilité à travailler ensemble pour assurer une transition fluide », a-t-il déclaré avant d’expliquer ensuite que sa priorité était de relancer l’économie ghanéenne et de rassembler toute la société : « Nous voulons un Ghana qui travaille pour tous et non pour un seul groupe. Mes chers frères, que vous soyez enseignant, vigile, infirmier ou chauffeur de taxi, nous sommes tous essentiels au fonctionnement de ce pays ».
John Mahama a enfin demandé à ses partisans d’éviter tout acte de vandalisme alors que la police a arrêté, en début de semaine, une quarantaine de personnes qui avaient détérioré des bâtiments publics.
Ambitions renouvelées
Cette proclamation des résultats de la présidentielle du 7 décembre font officiellement de John Dramani Mahama le président élu du Ghana et marque son grand retour à la tête du pays. Après huit années dans l’opposition, celui qui avait été battu, en 2016, par Nana Akufo Addo signe sa revanche, affichant au passage des ambitions renouvelées. Fils aîné d’un riche producteur de riz du nord du Ghana, John Dramani Mahama s’est hissé au sommet de l’État sans appartenir à la haute élite dirigeante. Vice-président, à partir de 2009, il a été propulsé à la tête du pays, en 2012, après le décès soudain de John Atta Mills, mais il a eu du mal à sortir de l’ombre de son prédécesseur.
Son premier mandat, marqué par les coupures d’électricité chroniques – surnommées « Dumsor » (« allumer et éteindre », en langue locale) – a été critiqué pour des accords précipités avec des entreprises étrangères. On l’a souvent décrit comme « mal conseillé » par un entourage suspecté de corruption. Après huit ans dans l’opposition, il revient donc plus aguerri. « Ce n’est plus un novice politique », affirme d’ailleurs l’analyste Kobi Annan.
Pour ce retour, il promet d’industrialiser le Ghana, d’instaurer un système de travail 24 heures sur 24 – une idée qui divise – et d’investir 10 milliards de dollars dans les infrastructures.
Apprécié pour son calme et son charisme, John Mahama incarne aujourd’hui l’espoir d’une gouvernance plus stable après des années de crise économique. De retour à la présidence, il n’a qu’un seul mandat pour prouver qu’il est réellement le « bâtisseur de la nation », comme il aime à se définir.
Le nouveau président ghanéen promet de relancer l’économie, durement éprouvée par l’une des pires crises de son histoire
Par Claire Fages
John Mahama promet un « reset » de l’économie du Ghana, premier producteur africain d’or miné par l’orpaillage illégal et deuxième producteur mondial de cacao, dont les revenus sont insuffisants pour faire vivre les paysans. Pour cela, le nouveau président élu propose de déréguler le marché du travail et d’instaurer les 3/8 pour créer neuf fois plus d’emplois, dans le privé comme dans le public.
Déjà à la tête du pays de 2012 à 2017, John Mahama s’engage à investir de nouveau dans les infrastructures, tout en supprimant des taxes et en instaurant un plafond d’endettement, des objectifs qui semblent contradictoires pour établir le budget applicable à partir de mars et que l’équipe sortante n’a pas réussi à boucler car le Ghana sort à peine la tête de l’eau.
L’inflation n’est plus de 54% comme en décembre 2022, lorsque le pays avait fait défaut sur sa dette et s’était vu contraint de demander l’aide du FMI, que le nouveau président annonce d’ailleurs vouloir renégocier. Mais les prix continuent d’augmenter en moyenne de 23% depuis le début de l’année, ce qui a précipité de nombreux Ghanéens dans la pauvreté depuis trois ans((, avec une monnaie, le Cedi, qui a perdu 70% de sa valeur.
Politique
Bénin : L’Assemblée nationale adopte la création d’un Sénat
Dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 novembre 2025, l’Assemblée nationale béninoise a voté la création du Sénat. 90 députés ont approuvé la révision constitutionnelle et 19 ont voté contre.
Le texte ainsi adopté institue désormais au Bénin, un Parlement bicaméral comprenant l’Assemblée nationale et un Sénat. La nouvelle loi constitutionnelle précise que la nouvelle institution aura pour mission de « réguler la vie politique » de veiller à l’unité nationale, à la sécurité publique et à la paix.
D’après cette révision constitutionnelle, les lois désormais votées par l’Assemblée seront désormais transmises simultanément au président de la République et au Président du Sénat.
L’autre réforme introduite par cette révision constitutionnelle, la rallonge de la durée du mandat présidentiel qui passe de cinq à sept ans renouvelable une seule fois.
La disposition relative à cette modification ajoute que nul ne peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de président de la République.
Les mandats des députés et des élus locaux passent également de cinq à sept ans renouvelable.
Après l’étape de l’Assemblée nationale, le président Patrice Talon va saisir la Cour Constitutionnelle pour un contrôle de constitutionnalité. La juridiction constitution devra approuver la réforme avant que le président ne promulgue pour l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fondamentale du Bénin.
Cette modification constitutionnelle est l’initiative de deux députés de la coalition au pouvoir qui ont introduit la proposition de loi à l’Assemblée nationale depuis le 31 octobre 2025.
Politique
Sénégal : Le Premier ministre Ousmane Sonko et ses partisans en démonstration de force à Dakar
Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal et président du parti PASTEF, a tenu samedi 8 novembre un meeting très attendu au stade Léopold-Sédar-Senghor, à Dakar. Plusieurs dizaines de milliers de personnes y participaient, dans un contexte de grogne sociale.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a organisé ce samedi 8 novembre un rassemblement d’envergure, qualifié de « Terra meeting », véritable démonstration de force populaire. L’objectif était de marquer la force et l’unité de son parti, le PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité), un peu plus de 18 mois après l’arrivée du parti au pouvoir.
Des centaines de bus ont afflué toute la journée au stade Léopold-Sédar-Senghor de Dakar pour l’événement, transportant une foule impressionnante de militants venus de tout le pays. Ces manifestants disent être venus par « soucis patriotes » et dans le but de réitérer leur soutien à Ousmane Sonko et à son projet de transformation du pays.
Le Sénégal est confronté à une situation économique préoccupante, avec un déficit budgétaire de près de 14 % du PIB et une dette du secteur public et parapublic estimée provisoirement à 132 % du PIB à la fin de 2024. Les autorités au pouvoir depuis 2024 accusent le précédent régime d’avoir dissimulé les vrais chiffres des indicateurs clés comme la dette publique et le déficit budgétaire. Le gouvernement a imposé ces dernières semaines des taxes sur des produits comme le tabac, l’alcool ou les jeux de hasard, ainsi que sur les transferts d’argent numériques très utilisés dans le pays.

« Certains espèrent une brouille entre Sonko et Diomaye »
Le gouvernement sénégalais fait face à de nombreuses critiques de la part de l’opposition et de certains observateurs. Un peu plus tôt samedi, un collectif regroupant des membres de l’opposition avait tenté de tenir une manifestation – interdite par les autorités – contre le gouvernement ailleurs de la capitale. Plusieurs personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre déployées en grand nombre sur les lieux, tandis que d’autres ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes.
Ousmane Sonko, populaire auprès des jeunes qui nourrissent beaucoup d’espoir envers les autorités issues de la présidentielle de mars 2024 et qui avaient promis « la rupture » et la justice sociale, a abordé plusieurs autres thèmes lors de ce grand meeting de plusieurs heures. Il a évoqué sa relation avec le président Bassirou Diomaye Faye, dont il fut le mentor, un sujet qui suscite des débats dans le pays. « Certains espèrent une brouille entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye », a-t-il lancé, « dans la vie tout peut arriver. Mais ce qui pourrait nous séparer ne viendra pas de moi et j’ai bonne foi que ça ne viendra pas non plus de lui ».
Il a également mis en garde, sans citer de noms, certains alliés au sein du gouvernement qui « tentent de manipuler et d’isoler » le président Faye pour l’opposer à lui. Le Premier ministre a par ailleurs appelé l’ancien président Macky Sall, installé au Maroc, à rentrer au Sénégal « s’il est courageux », l’accusant d’être coupable, lui et son régime, de « haute trahison ».
Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont promis de faire rendre des comptes aux précédents dirigeants qu’ils accusent d’agissements coupables dans la gestion des affaires, à commencer par l’ex-président Macky Sall. Plusieurs de ses anciens ministres ont déjà été inculpés pour des malversations présumées.
Politique
RD Congo : Signature du volet économique de l’accord de paix du 27 juin
Plus de quatre mois après la poignée de main historique, à Washington, entre les ministres des Affaires étrangères rwandais et congolais, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont paraphé le texte intégral du cadre d’intégration économique régional, le volet économique de l’accord de paix du 27 juin. Cela s’est fait dans la nuit de vendredi à ce samedi 8 novembre, dans la capitale américaine, à l’issue de la quatrième réunion du comité conjoint de suivi de l’accord, une avancée significative, se réjouissent les deux médiateurs, le Qatar et les États-Unis.
Il faut dire que le texte était déjà prêt, depuis la fin du mois d’août. Les deux délégations étaient prêtes à signer, la première semaine d’octobre. Kinshasa avait refusé de signer, expliquant qu’il fallait d’abord avancer sur les aspects sécuritaires.
Vendredi 7 novembre, devant Allison Hooker, sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques, et Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique, les deux camps ont finalement paraphé le document. Le texte fixe les secteurs de coopération économique entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’avec Washington, dans une certaine mesure.
Le texte signé précise toutefois que la mise en œuvre de ce cadre d’intégration économique reste subordonnée à l’exécution satisfaisante du concept d’opérations (CONOPS) et de l’ordre opérationnel (OPORD) prévus par l’accord de paix, deux mécanismes censés neutraliser les FDLR et lever les mesures dites défensives du Rwanda.
Il s’agit ainsi d’une avancée sur le papier, mais pas vraiment sur le terrain. D’ailleurs, les deux parties reconnaissent la lenteur des progrès et se sont engagées à redoubler d’efforts pour appliquer l’accord de Washington. Elles se sont ainsi entendues sur des actions concrètes à court terme. Sur ce point, Kinshasa et Kigali ont notamment examiné les préparatifs des opérations militaires contre les FDLR et ont adopté un accord de mise en œuvre.
Sur le papier, cela ressemble à des avancées, mais c’est sur le terrain qu’il faut évaluer les vrais résultats, a confié à RFI un diplomate occidental qui suit ce processus de paix.
« Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix »
De son côté, le président congolais Félix Tshisekedi a annoncé la conclusion prochaine des processus de Doha et de Washington, deux cadres de négociations destinés à ramener la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo. Depuis Belém où il participe au sommet climatique de la COP30, Félix Tshisekedi a précisé que la Maison-Blanche devait prochainement adresser l’invitation officielle pour la signature de l’accord de paix.
« Je suis heureux de vous annoncer que les pourparlers dont il est question à Washington et à Doha arrivent à leur terme. Dans les prochains jours, la Maison Blanche va nous adresser officiellement une invitation à clôturer ce processus de l’accord de paix. Mais attention, nous ne sommes pas naïfs. Ce n’est pas nous qui avons provoqué cette guerre. Beaucoup de pays voisins profitaient de notre pays et de notre économie. Nous nous sommes battus pour mettre fin à cela. Nous sommes à la fin. Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix, le fruit d’une paix durable en RDC », a affirmé en lingala le président congolais au micro de RFI.
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