Politique
Afrique : Une dynamique persistante de coups d’Etat ravivée par la crise en Guinée-Bissau
Depuis 2020, l’Afrique a été témoin d’une série de renversements violents du pouvoir : au moins huit coups d’État ont bouleversé des trajectoires politiques et accentué le doute quant à la pérennité de la démocratie sur le continent. Mais à l’approche de la fin de 2025, l’actualité en Guinée-Bissau montre que la crise politique est loin d’être terminée et réaffirme les mécanismes récurrents d’instabilité.

Cinq ans après le renversement du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2020, le continent africain continue de subir les répercussions d’une succession de coups d’État qui ont bouleversé son paysage politique. Entre 2020 et 2023, huit gouvernements ont été renversés par des militaires au Mali, au Niger, au Burkina Faso (à deux reprises), au Soudan, au Tchad, en Guinée et au Gabon.
Un retour spectaculaire des putschs, que beaucoup croyaient relégués aux heures sombres de la guerre froide.
Depuis le coup d’État gabonais d’août 2023, aucun renversement supplémentaire n’a été enregistré. Mais les conséquences, elles, demeurent. En mai 2025, le général Brice Oligui Nguema, auteur du putsch gabonais, a été officiellement investi président, rompant sa promesse initiale de retrait de l’armée du pouvoir.
Au Mali, la junte a franchi un nouveau cap en dissolvant l’ensemble des partis politiques. Quant au Soudan, il s’est enfoncé dans une guerre civile dévastatrice après le coup d’État de 2021.

Face à cette multiplication des prises de pouvoir militaires, nombre d’analystes évoquent la faiblesse des institutions, l’insécurité ou encore l’exaspération populaire face aux gouvernements civils. Des facteurs pertinents, mais insuffisants. L’étude de la dynamique actuelle des coups d’État montre que ces événements obéissent à une logique partagée et à des mécanismes d’apprentissage entre putschistes.

Le cas de la Guinée-Bissau confirme une dynamique continentale d’instabilité politique
Cinq ans après le renversement du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, les coups d’État continuent de façonner la vie politique africaine. Depuis 2020, huit pays ont été frappés par un changement de pouvoir militaire, du Mali au Gabon en passant par le Niger, le Burkina Faso, le Soudan, le Tchad et la Guinée. Alors que certains observateurs espéraient voir cette séquence prendre fin, les récents événements en Guinée-Bissau rappellent que la période d’instabilité est loin d’être révolue et que les dynamiques en cours suivent une logique plus profonde qu’une simple succession de crises locales.

La Guinée-Bissau illustre parfaitement cette fragilité. À la fin du mois d’octobre 2025, l’armée a annoncé avoir déjoué une tentative de « subversion de l’ordre constitutionnel » à quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives prévues le 23 novembre. Plusieurs officiers, dont le général Daba Na Walna, ont été arrêtés et d’autres seraient en fuite. Selon le vice-chef d’état-major, l’objectif du complot présumé était d’empêcher la tenue du scrutin. Cette annonce a immédiatement ravivé le spectre d’un nouvel effondrement institutionnel, dans un pays marqué par une longue histoire de coups d’État, de dissolutions et de crises récurrentes.

Le scrutin, finalement organisé, s’est déroulé dans une atmosphère tendue, d’autant que le principal parti d’opposition avait été exclu pour un dépôt tardif des documents. Ce contexte a nourri les accusations d’un « coup d’État institutionnel », renforcées par le fait que les deux principaux candidats, le président sortant Umaro Sissoco Embaló et le rival Fernando Dias da Costa, ont chacun revendiqué la victoire dès le lendemain du vote. Ces éléments soulignent à quel point le processus électoral peut être fragilisé au point de perdre sa fonction stabilisatrice et devenir, au contraire, un nouveau facteur de conflit.
Cette situation n’est pas un cas isolé. Depuis 2020, les coups d’État en Afrique ont montré que les putschistes ne se contentent pas de s’emparer du pouvoir : ils observent, imitent et apprennent de leurs homologues. Le renversement d’Alpha Condé en Guinée, par exemple, avait été suivi quelques semaines plus tard par la rupture de la transition démocratique au Soudan, puis par deux coups d’État successifs au Burkina Faso. Cette succession rapide témoignait d’un effet domino bien réel. Les militaires intéressés par la prise du pouvoir examinent le déroulement des putschs précédents, les risques encourus, l’intensité des sanctions internationales et la réaction des populations. Lorsque les putschistes constatent que leurs pairs parviennent à se maintenir sans subir de conséquences majeures, le coût perçu de la prise du pouvoir diminue considérablement.

Le soutien d’une partie des populations contribue à cette dynamique. À Bamako, Conakry, Niamey ou Ouagadougou, des foules ont salué l’arrivée des militaires, souvent perçus comme une alternative à des présidents usés par des années de corruption, de mauvaise gouvernance ou d’inefficacité sécuritaire. Une partie de l’opinion voit dans ces coups de force l’occasion d’un renouveau politique, ce qui donne aux juntes un capital de légitimité non négligeable pour résister aux pressions diplomatiques. Au Niger, des milliers de manifestants avaient ainsi occupé les rues de Niamey en 2023 pour défendre la junte face aux menaces d’intervention extérieure.
Les réactions internationales, quant à elles, ont rarement constitué un frein durable. Les sanctions ont souvent été symboliques, inégales ou tardives. Au Niger, l’annonce de mesures fortes n’a pas empêché les putschistes de consolider leur pouvoir. Au Tchad, la prise de contrôle par Mahamat Déby en 2021 avait même été présentée comme une nécessité pour préserver la stabilité après la mort d’Idriss Déby, lui conférant une légitimité que d’autres putschs n’ont pas reçue. En Guinée ou au Gabon, les suspensions régionales n’ont guère eu d’effet réel sur la transition politique. Quant au Mali et au Burkina Faso, leurs autorités militaires ont prolongé plusieurs fois les calendriers de transition sans rencontrer d’opposition diplomatique significative.
Dans cet environnement permissif, les militaires apprennent à transformer une prise de pouvoir brutale en régime durable. Depuis le début de la vague actuelle, les juntes se maintiennent en moyenne près de mille jours, contre une vingtaine auparavant. Le recours à des élections contrôlées est devenu une méthode courante pour donner un vernis de légitimité à un pouvoir qui reste fondamentalement militaire. Mahamat Déby au Tchad et Brice Oligui Nguema au Gabon s’inscrivent dans cette tendance, l’un s’étant imposé lors d’un scrutin contesté en 2024, l’autre ayant remporté en 2025 une élection facilitée par des modifications constitutionnelles qui ont ouvert la voie à sa candidature.

Cette consolidation passe également par une recomposition géopolitique. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tourné le dos aux partenaires occidentaux et quitté la Cedeao pour s’allier au sein de l’Alliance des États du Sahel, tout en renforçant leur coopération militaire et politique avec la Russie. Ce repositionnement leur permet de revendiquer une souveraineté renouvelée, qui sert souvent d’argument pour justifier un régime autoritaire visant à rompre avec les influences étrangères jugées intrusives.
L’ensemble de ces évolutions montre que les coups d’État en Afrique ne peuvent plus être analysés comme des ruptures isolées. Ils constituent un système en interaction, qui repose sur l’observation mutuelle, la faiblesse des institutions, les frustrations populaires, et l’incapacité des acteurs internationaux à adopter des réponses cohérentes. La Guinée-Bissau, en déjouant une tentative de putsch tout en organisant une élection contestée, rappelle que les crises politiques africaines prennent aujourd’hui des formes hybrides, mêlant intrusion militaire, manoeuvres institutionnelles et compétition électorale biaisée.
Tant que le message principal envoyé aux putschistes potentiels sera que ces actions peuvent réussir, être tolérées ou même se normaliser, la dynamique actuelle a peu de chances de s’interrompre. La stabilité durable passera nécessairement par des institutions plus solides, des transitions politiques transparentes et une réponse internationale plus cohérente, capable de rétablir un véritable effet dissuasif dans un continent où les coups d’État demeurent, aujourd’hui encore, un mode d’accès au pouvoir.

Source : @deogratias
Politique
Bénin: Une douzaine de militaires arrêtés après «l’échec» de la tentative de coup d’État
Des militaires béninois ont annoncé tôt, ce dimanche 7 décembre au matin, sur la télévision publique avoir « démis de ses fonctions » Patrice Talon, qui devait passer la main en avril 2025 après dix ans au pouvoir. Mais, désormais, l’entourage du président affirme que la situation est sous contrôle et que Patrice Talon est en sécurité. Une douzaine de militaires ont été arrêté d’après des sources sécuritaires.
Au Bénin, des militaires ont annoncé ce dimanche matin à la télévision publique avoir démis de ses fonctions le président Patrice Talon. Ces militaires affirment que le Lieutenant-Colonel Tigri Pascal a été nommé président d’un « Comité de la refondation militaire ».
La situation reste confuse à Cotonou où des tirs ont été entendus près dans la zone du port et de la présidence il y a quelques heures. Une source sécuritaire jointe par RFI a très vite évoqué une tentative de Coup d’état en cours. La circulation autour de la présidence est bloquée et des hélicoptères survolent la zone.

L’armée a repris le contrôle d’après l’entourage de Patrice Talon
Selon plusieurs sources, les mutins se sont d’abord dirigés vers le domicile de Patrice Talon, où ils ont été énergiquement repoussés. Ensuite, ils ont ciblé le palais avant de faire irruption dans les locaux de la radio télévision publique, où ils ont réussi à enregistrer leur message. Le lieutenant-colonel Pascal Tigri est un officier d’artillerie. Il appartient à la garde nationale.
Mais la déclaration n’a plus été rediffusée et le le signal de la chaîne publique Bénin TV ne fonctionne plus, rapporte notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan.
Une douzaine de militaires arrêtés
« Il s’agit d’un groupuscule de personnes qui ont uniquement la télévision. L’armée régulière reprend le contrôle. La ville (Cotonou) et le pays sont totalement sécurisés », a-t-il dit. « Tout est sous contrôle. Ils n’ont pas réussi à prendre le domicile du chef de l’État et la présidence de la République. C’est une question de temps pour que tout rentre dans l’ordre. Le nettoyage suit bien son cours », a dit à l’AFP une source militaire.
« Au petit matin de ce dimanche 7 décembre 2025, un groupuscule de soldats a engagé une mutinerie dans le but de déstabiliser l’État et ses institutions.Face à cette situation, les Forces Armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines. Leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre. Aussi, le gouvernement invite-t-il les populations à vaquer normalement à leurs occupations », a déclaré à la télévision nationale le ministre de l’Intérieur béninois Alassane Seidou.
D’après l’AFP, qui cite une source militaire, une douzaine de militaires ont été arrêtés. Une première source militaire a fait état de 13 arrestations, tandis qu’une autre a indiqué que « tous ceux qui sont aux arrêts sont des militaires, dont un déjà radié de nos effectifs ». Selon une source sécuritaire, les auteurs de la tentative de putsch font partie des interpellés.
La situation reste incertaine
Les voies d’accès à la présidence de la République sont bloquées par des chicanes. Des policiers sont postés devant et dévient la circulation. Des chars ont été également vu en train de rouler à vive allure en direction du boulevard de la Marina. Ailleurs dans la ville de Cotonou, le trafic est normal. Les cultes se sont tenus dans les églises ce dimanche et les fidèles sont en train de rentrer chez eux en ce moment.
Les Béninois se posent en tout cas de nombreuses questions et multiplient les appels téléphoniques pour comprendre la situation. Ils attendent encore d’avoir une déclaration avec plus de détails et puis peut être un bilan pour savoir s’il y a eu des blessés et des personnes décédées. La vidéo des mutins qui a circulé sur les réseaux sociaux, a décuplé les interrogations, et la déclaration du ministre de l’Intérieur a apporté aux Béninois quelques éclaircissements.
L’Union africaine (UA) a quant à elle affirmé condamner « fermement et sans équivoque » la tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon et a appelé les militaires à rentrer dans leurs casernes. Le président de la Commission de l’UA, Mahamoud Ali Youssouf, a également exhorté, dans un communiqué publié sur X, « tous les acteurs impliqués dans la tentative de coup d’État à cesser immédiatement toutes actions illégales » et à « retourner sans attendre à leurs obligations professionnelles ».
Politique
Guinée Bissau : Les putschistes évoquent un « risque de guerre civile ethnique »
Les militaires ayant pris le pouvoir en Guinée-Bissau lors d’un coup d’État ont officiellement mis en place un Conseil national de transition (CNT), selon une résolution publiée jeudi.
La junte, qui se présente sous le nom de Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre, invoque un contexte électoral marqué par un « risque de guerre civile à caractère ethnique » pour légitimer son intervention. Dans sa résolution, la junte annonce que ce Conseil national de transition aura pour mission de :
- Préparer les instruments de transition politique.
- Superviser les activités des organes de pouvoir pendant cette période.
- Élaborer une Charte nationale de transition, censée « restaurer la légalité constitutionnelle ».
Cependant, le texte ne précise ni la composition du CNT, ni les critères de sélection de ses membres, laissant planer des doutes sur sa représentativité et son fonctionnement.
La Charte de transition, dont le premier article dissout le Conseil de la magistrature pour toute la durée de la transition, entre en contradiction avec les déclarations de la junte. Celle-ci affirme pourtant vouloir « préserver le fonctionnement de la justice », tel que prévu par la Constitution. Cette mesure soulève des interrogations sur l’indépendance du pouvoir judiciaire et la crédibilité des promesses de retour à l’ordre constitutionnel.
Politique
Namibie : La présidente Netumbo Nandi Ndaitwah désignée dirigeante africaine de l’année
Les leaders africains sont célébrés pour leur engagement en faveur du développement durable et de la résilience institutionnelle.
La présidente namibienne Netumbo Nandi Ndaitwah et la juge en chef sud-africaine Mandisa Maya ont été respectivement nommées « Personnalité politique africaine de l’année » et « Personnalité féminine politique africaine de l’année » lors des prix Personnalités de l’année 2025 du magazine African Leadership Magazine (ALM).
Les POTY Awards 2025, annoncés mardi, ont été attribués après un processus en trois étapes comprenant des nominations continentales, une évaluation éditoriale et un vote mondial en ligne clôturé le 30 novembre. L’initiative, célébrée pour la 15ᵉ année consécutive, vise à honorer le leadership dans la gouvernance, les affaires, la philanthropie et le service public.
« Les lauréats incarnent un leadership qui renforce les institutions, stimule l’innovation et ouvre de nouvelles perspectives », a déclaré Ken Giami, éditeur d’ALM. La cérémonie de remise des prix se tiendra les 27 et 28 février 2026 à Accra et devrait accueillir plus de 400 délégués, avec une diffusion numérique touchant plus d’un million de personnes.
Parmi les autres lauréats figurent Patrice Talon, président du Bénin (finaliste, « Dirigeant politique de l’année ») ; Esperança da Costa, vice-présidente de l’Angola (« Femme dirigeante de l’année ») ; Barnabas Nawangwe, recteur de l’université Makerere (« Éducateur de l’année ») ; Mbaye Cisse, chef d’état-major des forces armées sénégalaises (« Leader pour la paix et la sécurité ») ; et Samuel Dossou Aworet, fondateur du groupe Petrolin (« Industriel de l’année »).
Les prix ont également récompensé des acteurs de la philanthropie, de la santé publique et du leadership des jeunes, notamment Samuel Tafesse (Éthiopie, « Philanthrope de l’année »), Wicknell Chivhayo (Zimbabwe, « Jeune philanthrope africain »), Esperance Luvindao (Namibie, « Championne de la santé publique ») et Khalil Suleiman Halilu (Nigeria, « Jeune leader africain »).
Source : https://fr.apanews.net/diplomacy/la-presidente-namibienne-designee-dirigeante-africaine-de-lannee/
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