Politique
Tanzanie – Présidentielle : Couvre-feu et aéroports fermés à Dar es Salaam
Les manifestations se sont intensifiées ces derniers jours dans les principales villes de Tanzanie, les partisans de l’opposition dénonçant une mascarade pour les élections présidentielles et législatives.
La police a instauré un couvre-feu nocturne à Dar es Salaam
Des manifestations ont éclaté à Dar es Salaam et dans d’autres villes lors du vote de mercredi 29 octobre, les manifestants étant furieux de l’exclusion des deux principaux rivaux de la présidente Samia Suluhu Hassan de la course présidentielle, ainsi que de ce qu’ils perçoivent comme une répression croissante contre les critiques au gouvernement.
Le jour du scrutin a été marqué par des affrontements entre partisans de l’opposition et forces de l’ordre. Les manifestants accusent le gouvernement de saper la démocratie, le principal chef de l’opposition étant emprisonné et un autre opposant ayant été disqualifié, ce qui a renforcé les chances de victoire de Samia.

Le pays est confronté à une panne généralisée d’internet et les aéroports sont fermés
Les aéroports internationaux d’Arusha et du Kilimandjaro restent fermés. Il est recommandé de contacter votre compagnie aérienne ou votre agence de voyages pour obtenir de plus amples informations avant de vous rendre à l’aéroport.
Compte tenu des manifestations qui ont eu lieu après le jour des élections et du couvre-feu décrété par les autorités, il est recommandé de ne pas se rendre dans le pays et aux touristes actuellement en Tanzanie de partir plus tôt, compte tenu du risque d’annulations de vols.
Les eurodéputés ont qualifié l’élection de « fraude » qui se tramait depuis des mois.
Plusieurs centaines de morts à travers le pays
Dans l’un des principaux hôpitaux de Dar es Salaam, on peut constater le décalage qui existe entre le discours officiel et ce que l’on observe sur place. Des dizaines de brancards vides, en attente, sont visibles devant le bâtiment et des urgentistes sont prêts à intervenir. Un dispositif inhabituel, confie un médecin à RFI. Du côté de la direction, on affirme que les urgences fonctionnent comme d’habitude et qu’il n’y a pas plus d’influence qu’en temps normal. Mais à l’abri des regards, deux urgentistes ont tout de même glissé avoir pris soin de plus d’une centaine de blessés par balle ces derniers jours, souvent avec des blessures graves.
Pour l’instant, aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre de victimes, mais des sources au gouvernement et dans la diplomatie font part de plusieurs centaines de morts à travers tout le pays depuis le début des manifestations il y a trois jours. « Au moment où nous parlons, le nombre de morts à Dar es Salaam est d’environ 350 et il y en a plus de 200 à Mwanza. Si l’on ajoute les chiffres des autres endroits dans le pays, on arrive à un total d’environ 700 morts », a affirmé à l’AFP le porte-parole du parti d’opposition Chadema, John Kitoka.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a appelé ce vendredi les forces de sécurité en Tanzanie à ne pas recourir à une force « non-nécessaire ou disproportionnée » et les manifestants à « manifester pacifiquement ». Le Haut-Commissariat se dit également « alarmé » par le nombre de morts et de blessés.
La contestation en Tanzanie déborde du territoire national
Jeudi après-midi à Namanga, ville frontalière avec le Kenya, des échauffourées ont éclaté côté kényan, alors que des jeunes tentaient de rejoindre les manifestants tanzaniens, mais la police kényane les en a empêchés. Un jour après, la situation est revenue au calme, parce que de nombreux policiers kényans ont été déployés, selon des habitants. Des files de camions s’étendent sur plusieurs kilomètres, qui attendent de pouvoir passer en Tanzanie. Durant la coupure d’internet en Tanzanie, les procédures douanières ont été suspendues. La contestation bloque le trafic de marchandises dans ce corridor de commerce, explique notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix.
À Namanga la police kényane a repoussé avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc une foule de jeunes qui voulaient passer en Tanzanie. Certains habitants, cités par Reuters, parlent également de tirs à balles réelles, mais on ne dispose pas encore de bilan officiel.
Si l’on remet le scrutin tanzanien dans un contexte régional, on pouvait s’attendre cette mobilisation de jeunes kényans dans la contestation tanzanienne. Il sera suivi de près par les élections générales en Ouganda en janvier et au Kenya en 2027. Or depuis des mois, les sociétés civiles de ces trois pays dénoncent ce qu’ils appellent « une répression transnationale » qui s’exprime par des arrestations d’opposants ou de défenseurs des droits de l’homme, par-delà les frontières, avec la complicité des services de sécurité nationaux. Ce vendredi encore, Hussein Khalid, de l’ONG Vocal Africa, signale l’enlèvement de Shoka Juma, un journaliste kényan, intercepté à la frontière de Lunga Lunga par la police tanzanienne.

Qui est Samia Suluhu Hassan, la première femme présidente de Tanzanie?
Âgée de 65 ans, elle est devenue la première femme chef d’État de cette nation est-africaine après le décès, en 2021, du président sortant John Magufuli. Ce dernier était admiré pour sa détermination à éradiquer la corruption, mais critiqué pour sa répression autoritaire de la dissidence et sa gestion controversée de la pandémie.
La présidente Samia, qui était auparavant vice-présidente, a insufflé un vent de fraîcheur. Son style plus chaleureux et accessible a permis d’initier des réformes qui semblaient marquer une rupture radicale avec la politique de son prédécesseur.
Source : https://mistertravel.news/2025/10/31/tanzanie-couvre-feu-et-aeroports-fermes/
Politique
Cameroun: Issa Tchiroma Bakary appelle à trois jours de «villes mortes»
Au Cameroun, dans une nouvelle vidéo publiée tôt ce vendredi 31 octobre, Issa Tchiroma Bakary annonce un nouveau plan d’action dans son bras de fer avec le pouvoir de Yaoundé. Le candidat déclaré deuxième de l’élection présidentielle du 12 octobre a appelé à des villes mortes sur l’ensemble du pays pour les journées du 3, 4, et 5 novembre. Issa Tchiroma a aussi indiqué avoir été exfiltré de sa résidence où il était retranché depuis plus de trois semaines par des « soldats loyalistes », selon son expression, et conduit dans un lieu sécurisé où il est désormais sous leur protection.

Après un début de semaine marqué par des manifestations de colère, débouchant parfois sur des violences, marquée aussi par la mort de civils et des arrestations par centaines dans plusieurs villes du Cameroun, et après une relative accalmie ces deux derniers jours, Issa Tchiroma Bakary lance un mot d’ordre « villes mortes » pour la semaine prochaine.
L’opposant tente d’ouvrir une nouvelle séquence avant la prestation de serment de Paul Biya, attendue au plus tard jeudi 6 novembre. Dans une déclaration audio diffusée ce vendredi 31 octobre dans la matinée, Issa Tchiroma Bakary demande aux Camerounais de se préparer à rester chez eux la semaine prochaine, de lundi à mercredi, « que le pays tout entier se fige (…) pour que le monde sache que nous ne cèderons pas. »
Issa Tchiroma Bakary « conduit en lieu sûr » par des militaires « loyalistes »
Le candidat, déclaré officiellement deuxième, continue de dénoncer des résultats « tronqués ». Il dénonce aussi des « arrestations arbitraires », « l’utilisation de balles réelles » contre des manifestants cette semaine et parle « d’une répression aveugle. »
Dans un post Facebook, Issa Tchiroma Bakary, affirme aussi avoir été « conduit en lieu sûr » par des militaires qu’il qualifie de « loyalistes », sans donner plus de précisions.
« Ces propos n’engagent que lui », a réagi une source proche du gouvernement, « il n’est recherché par personne » et « il n’y a pour l’instant aucun mandat d’arrêt contre lui. »
Quant au mot d’ordre de « villes mortes », selon cette source, Issa Tchiroma Bakary montre aux Camerounais son « vrai programme » : « casse, pillage, paralysie de l’économie », ajoutant que « c’est de l’intimidation, une démarche vouée à l’échec qui ne relève pas d’une démarche pacifique. »
Politique
Mali : Une menace persistante sur la chaîne d’approvisionnement en hydrocarbures
La situation sécuritaire au Mali n’en finit pas de se détériorer, depuis que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda a commencé à s’attaquer aux camions-citernes de carburant et a imposé un blocus, faisant craindre une escalade des tensions. Après les États-Unis, la Russie appelle ses citoyens à quitter le territoire.

Après l’ambassade des États-Unis au Mali, c’est la Russie qui exhorte ce mercredi 29 octobre ses ressortissants à « quitter immédiatement » le pays, le Mali faisant face depuis des semaines à un blocus djihadiste sur le carburant qui détériore encore davantage la situation sécuritaire. Mardi 28 octobre, un communiqué de l’ambassade américaine au Mali demandait aux « citoyens américains actuellement présents au Mali de quitter le pays immédiatement par des vols commerciaux », soulignant que « la pénurie de carburant, la fermeture des écoles et universités à travers le pays » et « le conflit persistant entre le gouvernement malien et des éléments terroristes près de la capitale Bamako aggrave la nature imprévisible de la situation sécuritaire à Bamako ».
Depuis le mois de septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, s’attaque aux camions-citernes de carburant venus notamment du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, par où transite la majorité des biens qu’importe le Mali. Selon le JNIM, le blocus est une mesure de représailles à l’interdiction par les autorités maliennes de la vente de carburant hors stations en milieu rural, où le carburant est transporté dans des jerricanes pour être vendu ensuite. La mesure avait pour but d’assécher les moyens d’approvisionnement des djihadistes, selon les autorités. Malgré les escortes de l’armée, plusieurs camions ont été incendiés, et des chauffeurs et militaires ont été tués ou enlevés dans des embuscades djihadistes.

Rassurer et menacer
Si le manque du précieux liquide devait s’accentuer, les conséquences s’enchaîneraient comme une chute de dominos. Un employé sans moyen de transport deviendrait un absentéiste et même s’il trouvait de quoi propulser sa motocyclette, ce serait après une longue file d’attente chronophage, parfois dans plusieurs stations-service. Arrivé sur son lieu de travail, il pourrait être confronté à des défaillances énergétiques.
Les Bamakois redoutent déjà des coupures d’électricité qui pourraient s’aggraver sous l’effet de la paralysie éventuelle des groupes électrogènes. Quid alors du matériel informatique et des smartphones que chacun utilise pour localiser les stations approvisionnées ? Quid, in fine, de la distribution des produits de première nécessité ?
Le gouvernement malien rassure autant qu’il menace. Il affirme que le gasoil reste disponible, de même que le kérosène, ce qui permet d’éloigner le spectre d’une contagion au secteur aérien. La Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence, quant à elle, se veut pédagogique sur le respect des prix plafonnés par l’État, des policiers étant mobilisés pour y veiller.
Côté menaces, ce sont donc les spéculateurs qui voient pointé vers eux le doigt accusateur du ministère du Commerce. Comme c’était prévisible, certains opérateurs économiques diffuseraient de fausses informations sur leurs stocks, dissimulant certaines disponibilités pour mieux orchestrer des hausses de prix.
Source : https://www.jeuneafrique.com/1731631/politique/carburants-bamako-sur-la-reserve/
Politique
Madagascar : 29 ministres chargés de « sortir le pays de la crise »
À Madagascar, un nouveau gouvernement a été annoncé mardi 28 octobre. Il compte 29 nouveaux ministres chargés de « sortir le pays de la crise ». Cette nouvelle équipe comporte beaucoup de noms inconnus du grand public, mais aussi le retour de certains caciques de la vie politique malgache.
Parmi les anciens du sérail, on retrouve Maître Hanitra Razafimanantsoa, fidèle parmi les fidèles de Marc Ravalomanana. Elle hérite du ministère d’État auprès de la Présidence chargée de la Refondation, dont on ignore encore les prérogatives concrètes.
Christine Razanamahasoa, ancienne très proche d’Andry Rajoelina qui avait été sa ministre à deux reprises puis présidente de l’Assemblée nationale avant d’être exclue du parti puis déchue de ses fonctions en 2024, récupère, elle, le portefeuille des Affaires étrangères. Le Général Lylison, acteur notoire du coup d’État de 2009 et proche du clan Rajoelina, se voit confier le crucial ministère de l’Aménagement du territoire et des services fonciers.
Enfin, l’ex-magistrate Fanirisoa Ernaivo, fervente opposante du précédent régime, longtemps en exil, et figure controversée de la dernière décennie, aura la charge du ministère de la Justice. Parmi ses futurs grands chantiers figure la traque des auteurs de corruption.

De nouveaux visages au gouvernement
Mais dans ce nouveau gouvernement apparaissent également beaucoup de nouveaux visages. Des entrepreneurs reconnus, d’éminents professeurs, et d’illustres inconnus du grand public. Avec ces 29 ministères, on est loin, aussi, comme le remarque une spécialiste des finances publiques, du « gouvernement de sobriété » annoncé.
Parmi les premières réactions à l’issue de cette annonce, il y a ceux qui ne sont ni impressionnés, ni complètement déçus, comme Zezika, membre actif de la Gen Z. Il se dit toutefois embêté que « certains « dinosaures » aient été recyclés » et, insiste-t-il, de retrouver à des postes clés « certains proches de l’ancien régime ou de la précédente transition ». Pour ce jeune, ce gouvernement s’apparente finalement à une espèce de « retour de faveurs politiques mêlé à une volonté de bien faire. »
Luffy, un autre membre de la Gen Z, est beaucoup plus inquiet, quant au retour de certains « revenants », comme il les nomme, et d’autres personnalités politiques au passé dérangeant, connus pour leurs discours dangereux. « La rupture ne risque pas de venir avec ces ministres-là », remarque-t-il.
Luffy voit également le risque de certains conflits d’intérêts entre certains nouveaux ministres dont le portefeuille correspond au secteur d’activité dans lequel ils ont bâti leur carrière en tant qu’entrepreneur privé. « Le processus de nomination a été unilatéral. Nous, la jeunesse, n’avons eu aucun droit de regard ». Il déplore un manque de considération clair. Le jeune homme espère néanmoins que les fiches de postes de chacun seront bientôt publiées « pour éviter de faire ce que l’on a toujours fait par le passé. »