Politique
Afrique du Sud : Une enquête sur le manque de justice liée aux crimes d’apartheid

En Afrique du Sud, le président Cyril Ramaphosa a ordonné une enquête sur le manque de justice relativement aux crimes d’apartheid.
Les investigations devront déterminer si les gouvernements précédents dirigés par son parti ont intentionnellement bloqué les poursuites sur les délits de cette époque sombre de l’histoire du pays.
Cette mesure historique est réclamée depuis plus de 20 ans par les survivants et les familles des victimes.
Selon un communiqué de la présidence sudafricaine, la procédure répondra aux allégations d' »influence inappropriée pour retarder ou entraver » les enquêtes contre les gouvernements post-apartheid dirigés par l’ANC.
L’ANC a mené la lutte contre le système de domination de la minorité blanche conduisant l’Afrique du Sud à la démocratie à la fin lorsque l’apartheid en 1994.
Depuis, les gouvernements dirigés par l’ANC ont été critiqués par certains pour avoir donné la priorité à la réconciliation nationale plutôt qu’à la justice pour les victimes.
L’annonce par M. Ramaphosa d’une commission d’enquête judiciaire est intervenue après que 25 survivants et parents de victimes de crimes commis pendant l’apartheid ont intenté une action en justice contre son gouvernement en janvier pour obtenir des dommages-intérêts. Selon eux, les gouvernements sud-africains qui se sont succédé depuis la fin des années 1990 n’ont pas enquêté correctement sur les meurtres, disparitions et autres crimes non résolus commis à l’époque de la ségrégation raciale forcée, malgré les recommandations formulées par la Commission vérité et réconciliation post-apartheid.
La nouvelle enquête fait partie d’un accord de règlement dans l’affaire judiciaire de janvier, a déclaré le bureau de M. Ramaphosa.
« Le président Ramaphosa comprend l’angoisse et la frustration des familles des victimes, qui se sont battues pendant tant d’années pour obtenir justice.
La Commission vérité et réconciliation a été créée en 1996 par le président de l’époque, Nelson Mandela, sous la présidence d’un autre lauréat du prix Nobel de la paix, Desmond Tutu. Sa mission était d’exposer et d’enregistrer les crimes commis pendant l’apartheid et de donner à certains responsables l’occasion d’avouer leur rôle, notamment aux membres des forces de sécurité du gouvernement de l’apartheid qui ont été impliqués dans de nombreux meurtres.
Certains ont bénéficié d’une amnistie, mais d’autres ne se sont pas manifestés et des milliers de personnes se sont vu refuser l’amnistie.
L’un des cas les plus importants non résolus est celui des « Cradock Four », un groupe de militants noirs anti-apartheid qui ont été enlevés et assassinés par les forces de sécurité en 1985. Leurs corps ont été brûlés et les agents de sécurité sont soupçonnés de les avoir torturés.
Six anciens officiers de police ont comparu devant la commission en 1999 pour les meurtres de Fort Calata, Matthew Goniwe, Sicelo Mhlauli et Sparrow Mkonto, mais aucun d’entre eux n’a été amnistié.
Personne n’a été poursuivi pour ces meurtres et les circonstances de ces décès n’ont jamais été entièrement révélées. Ils font partie des milliers de crimes commis pendant l’apartheid dont les victimes et les familles n’ont toujours pas obtenu justice.
Lukhanyo Calata, dont le père Fort était l’un des quatre Cradock, fait partie du groupe qui a attaqué le gouvernement sud-africain actuel en justice en janvier. Il a déclaré au début de cette procédure que les gouvernements sud-africains qui se sont succédé depuis l’administration du président Thabo Mbeki, de 1999 à 2008, n’ont pas donné suite aux recommandations de la commission et ont refusé de rendre justice aux victimes et à leurs familles. Lui et d’autres parents affirment que des ministres du gouvernement sont intervenus pour empêcher les enquêtes et les poursuites judiciaires.
Si la majorité des victimes des crimes commis à l’époque de l’apartheid étaient des Noirs, des Blancs ont également cherché à obtenir justice des décennies plus tard. Neville Beling et Karl Weber, survivants du massacre de l’hôtel Highgate, où cinq Blancs ont été tués par des hommes armés qui ont fait irruption dans un bar et ont tiré sur les clients en 1993, ont participé à la procédure conjointe contre le gouvernement.
Une nouvelle enquête sur ces fusillades a débuté au début de l’année afin de faire la lumière sur l’identité des tueurs. Une enquête distincte sur ce qui est arrivé aux Quatre de Cradock devrait débuter en juin, 40 ans jour pour jour après leur assassinat.
Politique
Madagascar : Le président Rajoelina dénonce une tentative de coup d’Etat

À Antananarivo, des jeunes artistes, entrepreneurs et étudiants se mobilisent contre le pouvoir. Inspirés par d’autres mouvements à travers le monde, ils affrontent les forces de l’ordre dans les rues, tandis que le président malgache dénonce des manipulations politiques et des cyberattaques.
Dans un studio de musique transformé en quartier général, de jeunes Malgaches se préparent avant chaque manifestation. Eau, sérum physiologique, masques… tout est prêt pour faire face aux gaz lacrymogènes.
Ces manifestants, souvent artistes, freelanceurs ou étudiants, appartiennent à une Génération Z ultra-connectée, qui s’inspire des mobilisations ailleurs dans le monde, notamment au Népal.
« Grâce aux réseaux sociaux, on comprend qu’on peut agir. On est une génération TikTok, mais on peut changer les choses », explique Annah Rahajason, étudiante et organisatrice d’événements.
Dans les rues d’Antananarivo, les affrontements avec les forces de l’ordre se durcissent : jets de pierres contre tirs de gaz lacrymogènes.
Face à la contestation, le président Andry Rajoelina a réagi dans une vidéo diffusée sur Facebook. Il accuse les manifestants d’être manipulés par des opposants politiques, et évoque des cyberattaques menées par des « robots » pour déstabiliser le pays. Il affirme également qu’un complot viserait les installations électriques du pays, impliquant, selon lui, des employés soudoyés de la société Jirama.
Le chef de l’État a terminé son intervention en affirmant avoir été élu pour gouverner pendant cinq ans, tout en appelant au dialogue.
Politique
Côte d’Ivoire : La marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA reportée au 11 octobre

La marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA, regroupant les deux principaux partis de l’opposition ivoirienne, initialement prévue ce samedi 4 octobre 2025, est reportée au 11 octobre 2025 dans un contexte électoral tendu.
La préfecture d’Abidjan a pris un arrêté, le 2 octobre 2025, portant « interdiction de la marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA du samedi 4 octobre 2025 ». Cette décision a amené le Front commun à trouver une autre date, le 11 octobre, qui se situe dans la période de la campagne électorale, fixée du 10 au 23 octobre 2025 .
Michel Gbagbo, député de Yopougon, et cadre du PPA-CI, a déclaré le week-end dernier que cette marche vise à dénoncer le rejet de la candidature des différents leaders de l’opposition, dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, M. Affi N’Guessan, et à appeler à la mise en place des conditions d’une élection inclusive, démocratique et apaisée.
A la suite d’une réunion du Conseil national de sécurité (CNS), tenue vendredi sous la présidence de Alassane Ouattara, le Conseil a rappelé que conformément à l’article 138 de la Constitution les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours et s’imposent à tous.
« Par conséquent, toute contestation des décisions du Conseil constitutionnel, de quelque nature qu’elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi », prévient le Conseil national de sécurité.
À cet égard, les ministres en charge de la Justice et de la Sécurité ont été instruits à l’effet de prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir l’ordre et la sécurité, y compris l’interdiction des meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel.
Le CNS note que « depuis la publication, le 8 septembre 2025, par le Conseil constitutionnel, de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle, plusieurs individus, dont des responsables politiques, tiennent des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif » pouvant troubler l’ordre public.
Le lundi 8 septembre 2025, le Conseil constitutionnel de la République de Côte d’Ivoire, le juge du scrutin présidentiel, a publié la liste définitive des candidatures à l’élection présidentielle prévue pour le samedi 25 octobre 2025.
Sur 60 dossiers de candidature, le Conseil constitutionnel a déclaré recevables cinq candidats pour ces joutes électorales. Parmi les cinq candidats en lice pour l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, figurent Jean-Louis Billon, Simone Ehivet et Alassane Ouattara.
Source : https://fr.apanews.net/cote-divoire/rci-la-marche-de-lopposition-reportee-au-11-octobre/
Politique
Maroc : Le collectif de la «GenZ 212» précise ses revendications

Les revendications de la « GenZ 212 » se précisent. Ce collectif de jeunes Marocains réclament une réforme de l’éducation et du système de santé. Dans un communiqué diffusé la nuit dernière, il demande désormais la dissolution du gouvernement et en appelle au Roi.
C’est la première fois que le mouvement interpelle directement Mohammed VI, sous la forme d’une publication qui lui est adressée officiellement, écrit notre correspondant au Maroc, Matthias Raynal. Jusqu’ici, le mouvement se contentait de demander l’intervention du roi à travers des slogans, lors des manifestations. La « GenZ 212 » (comme l’indicatif téléphonique du Maroc) a rappelé à plusieurs reprises son attachement aux institutions et son patriotisme. La colère qui s’exprime depuis samedi dernier dans la rue vise le gouvernement et son chef Aziz Akhannouch.
L’exécutif disposé au « dialogue »
Il a pris la parole hier pour la première fois depuis le début des manifestations. Une intervention très courte, lors du Conseil des ministres. Aziz Akhannouch est apparu feuilles à la main, il a lu un texte, assurant que l’exécutif est « disposé à dialoguer ». Le communiqué de la « GenZ 212 » sonne comme une réponse cinglante à cette intervention. S’adressant au roi, le collectif demande la dissolution du gouvernement qui a échoué « à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales ».
Hier, les manifestations de la « GenZ 212 » n’ont pas connu de débordement majeur. Après les violences meurtrières de la mercredi soir qui ont fait trois morts parmi les protestataires et des destructions importantes, le mouvement a rappelé son rejet de toute forme « de vandalisme ou d’émeute ». De nouvelles manifestations devraient avoir lieu ce soir et confirmer – ou non – cette accalmie.
Appel au calme de l’UE
L’Union européenne a appelé, vendredi 3 octobre, « toutes les parties prenantes à maintenir le calme » dans le pays. « Nous reconnaissons l’importance de la participation des jeunes à la vie publique », a déclaré par ailleurs, un porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni.
Le royaume, qui coorganisera la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, a engagé de vastes chantiers d’infrastructures: construction de nouveaux stades, extension du réseau à grande vitesse et modernisation de plusieurs aéroports, écrit l’AFP. « Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades », ont répété, jeudi 2 octobre, des jeunes à Rabat, un slogan porté depuis le début de leur mobilisation. Des centaines d’autres ont défilé à Casablanca et Agadir tenant le même discours.