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Analyse : quelle sera la politique africaine de Donald Trump?

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En matière d’économie et de diplomatie, l’ancien nouveau président des États-Unis fascine certains dirigeants africains, autant qu’il en inquiète d’autres. 

Avant même de considérer la politique africaine du 45e désormais 47e président des États-Unis d’Amérique, certains leaders africains adeptes du néovirilisme « kiffent » le style de celui qui redevient, ce 20 janvier, locataire de la Maison Blanche. Au fantasque Ougandais Yoweri Museveni ou aux putschistes francophones bombeurs de poitrine, le culte de l’homme fort n’est pas pour déplaire. Pour peu que Donald Trump consacre une once d’attention aux pays africains, il pourrait rendre la politesse aux aficionados nationalistes de la poignée de mains vigoureuse. Pour peu, effectivement, qu’il lorgne du côté du continent, car il n’y a effectué aucun voyage officiel lors de son premier mandat.

L’une de ses rares références aux pays africains avait été la qualification de « shithole nations », allusion à une partie du corps humain plutôt dépréciée. En 2024, la campagne électorale de la revanche n’a guère été émaillée d’allusions au continent, ni dans le barnum communicationnel d’Elon Musk, ni dans les diverses auditions de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État. Mais n’est-ce pas ce qui convient le mieux à nombre de dirigeants africains?

Comme la Chine ou la Russie, le partenaire international idéal des démocraties approximatives n’est-il pas une puissance économique volontairement aveugle aux modes de gouvernance ou au traitement des droits humains ? En 2010, lorsqu’un article du Wall Street Journalaffirmait que Trump aurait présenté Abdel Fattah Al-Sissi comme son « dictateur préféré » lors du sommet du G7 de Biarritz, le général égyptien était-il davantage séduit par le second mot de la formule que froissé par le premier ?

L’intérêt du désintérêt

Il ne suffit pas qu’une superpuissance ne vous juge pas pour que vos relations soient fructueuses sur les terrains sécuritaire ou économique. Le protectionnisme américain pourrait évidemment compromettre certaines exportations africaines aux États-Unis. Tout comme l’éventuelle quête d’indépendance à l’égard du dollar pourrait susciter des menaces de hausse de certains droits de douane, de la part de l’administration Trump, comme ce fut le cas envers les Brics dont se rapprochent de plus en plus les économies dominantes africaines.

Quant à la prochaine fixation de l’aide américaine au développement, elle ne devrait guère apporter de bonnes nouvelles au continent.

Sur le plan politique, indépendamment de la morale géopolitique, de nombreuses situations pourraient mettre certains dirigeants d’Afrique devant des dilemmes au moment des votes, lors des sommets internationaux, notamment sur le rapport à l’État d’Israël ou sur l’espace accordé à la Chine. Chaque pays du continent tentera alors d’imposer une realpolitik bilatérale aux considérations idéologiques globales.

Non-interventionnisme mais intérêts locaux

Le Maroc, par exemple, se souvient que le Trump de 2020 reconnut, en deux tweets, la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental. Des ressortissants du Somaliland, eux, ont détecté la plaidoirie du républicain américain Scott Perry qui souhaite que les États-Unis soient le premier pays au monde à reconnaître la république autoproclamée, en lien avec la détérioration de la position américaine à Djibouti.

Aux néosouverainistes africains de démontrer que le rejet d’anciennes influences paternalistes se traduit par une indépendance réelle à l’égard de chaque nation du Nord, qu’elle soit occidentale ou orientale. Il en va ainsi de Trump : ne se sentir redevable à personne, et considérer la diplomatie comme une simple somme de transactions dénuées d’affect.

Source : https://www.jeuneafrique.com/1649867/politique/trump-ii-chaque-africain-voit-midi-a-sa-porte/

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