Politique
Bénin : Qui est Romuald Wadagni et pourquoi a-t-il été choisi comme dauphin de Patrice Talon ?
Il a martelé à plusieurs reprises qu’il ne briguera pas un troisième mandat à la tête du Bénin. Patrice Talon, le président de la République, vient de confirmer son engagement à ne pas changer la Constitution pour un mandat de plus. Après plusieurs concertations au sein de son entourage, il a révélé son héritier politique juste après son retour de ses vacances.

Romuald Wadagni, le ministre de l’Economie et des Finances est donc le candidat à l’élection présidentielle de 2026. Il a été présenté ce week-end par l’Union progressiste-Le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR), la mouvance présidentielle au Bénin qui, dit-on, reste unanime derrière le dauphin de Talon.
« Une décision politique lourde de sens », Selon Bruno Houessou, Assistant de recherche au Centre d’étude sociologique et de science politique à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin, qui a parlé à BBC News Afrique.
Selon les informations, le nom de M. Wadagni circulait dans les coulisses depuis quelque temps, en concurrence avec d’autres personnalités du régime. Finalement, il a été choisi, faisant l’unanimité au sein de la mouvance présidentielle et confirmant ainsi qu’il est l’homme de confiance de Patrice Talon, le chef de l’Etat sortant.
Pour le chercheur del’Université d’Abomey Calavi, cette pratique est rare au Bénin de « voir des acteurs politiques et de la mouvance s’entendre pour opérer un choix de manière consensuelle sur un candidat ».
« On note une discipline politique qui tend à consolider le pouvoir autour d’un noyau, quand bien même l’on pourrait considérer que ce choix est une centralisation à outrance du pouvoir qui pourrait créer des dissidence au sein de la majorité ».
Romuald Wadagni, qui jusque-là est considéré comme un technocrate connu pour le maniement des chiffres et les tendances sur les marchés internationaux, fait donc son entrée en politique et sera face aux attentes sociales des Béninois pour les 5 prochaines années, s’il est élu en avril 2026.
Qui est Romuald Wadagni ?

Natif de Lokossa (au sud-ouest du Bénin), âgé de 49 ans, ce diplômé de Harvard Business School et de l’université de Grenoble en France est un habitué des institutions de Bretton Woods et un technocrate moderne qui a toujours été dans les chiffres.
Il est un expert-comptable qui a également suivi une formation spécialisée en capital investissement et capital-risque.
Avec le cabinet Deloitte, l’un des plus grands cabinets d’audit dans le monde qu’il a rejoint en France en 1998, puis aux Etats-Unis en 2003, M. Wadagni a acquis une expérience internationale particulière en développant des expertises dans plusieurs domaines, au service de clients de divers secteurs d’activité, notamment les mines, TMT, secteur financier, secteur public, grande distribution et de divers gouvernements et bailleurs de fonds.
Son expertise, sa maîtrise des enjeux économiques français, américains et africains et la qualité de son réseau international l’ont conduit à être promu associé au sein du cabinet Deloitte en France en 2012, alors qu’il n’avait que 36 ans. Il a fini par prendre la tête du développement africain du cabinet.
C’est ainsi que Romuald Wadagni a contribué à étendre et structurer les activités de Deloitte dans plusieurs pays africains, dont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Gabon avec l’ouverture de nouveaux bureaux à Lubumbashi et Kinshasa en République démocratique du Congo.
Un profil qui a séduit Patrice Talon
Le président de la République du Bénin, Patrice Talon n’a pu résister au charme d’un tel profil la première fois qu’il l’a rencontré lors de rencontres organisées par la diaspora béninoise.
En 2016, il l’a nommé ministre de l’Economie et des Finances. Talon qui incarnait à l’époque une rupture, lui a confié la mission de redresser les finances publiques dans le marasme.
Rapidement, la « marque Wadagni » imprimée à l’économie béninoise a séduit les bailleurs internationaux.
En mai 2021, Patrice Talon reconduit son homme de confiance au même poste pour son second mandat, avec cette fois-ci rang de ministre d’Etat en lui ajoutant le portefeuille de la coopération.
Deux ans plus tard, Romuald Wadagni que certains présentent comme « l’homme fort » du gouvernement, se voit confier d’autres missions par son parrain. Il doit s’occuper aussi de la supervision de la coopération internationale ainsi que des questions liées aux affaires de défense, notamment le financement de la sécurisation du nord du pays face aux menaces terroristes.
Le Bénin reconnu pour sa transparence budgétaire
Les réformes économiques pilotées par le ministre Romuald Wadagni ont finalement fait du Bénin pendant ces presque dix dernières années, le premier pays d’Afrique francophone à être reconnu pour sa transparence budgétaire, selon l’UEMOA.
Le Bénin est également le premier pays africain à lever plus d’un milliard de dollars sur les marchés internationaux en 2025. Wadagni a aussi peaufiné des stratégies qui ont permis de structurer la dette du Bénin, avec une croissance soutenue qu’on reconnaît aujourd’hui au pays.
La continuité

Des questions qui surgissent après le choix de Romuald Wadagni, d’aucuns se demandent pourquoi c’est lui alors qu’il y a d’autres personnalités aussi proches de Talon, notamment Joseph Djogbenou, président de l’UPR, dont le nom a aussi circulé dans les arcanes du pouvoir pendant tout ce temps comme devant être le prochain candidat de la mouvance.
Patrice Talon qui a déjà mis le pays à un certain niveau économique, veut assurer cette continuité en portant son choix sur Romuald Wadagni qui a fait ses preuves à ses côtés. Ce dernier incarnerait, selon les proches du régime, la rigueur, la stabilité et la crédibilité.
Cette décision « marque une stratégie de continuité de gestion et de rationalisation du pouvoir », selon M. Houessou.
M. Wadagni, selon Bio Tchané, président du bloc républicain et ministre d’Etat, peut assurer la continuité de l’héritage de Patrice Talon et porter le plus loin possible ce flambeau.
Ce jeune ministre, protégé du président Talon, fait partie des rares « hommes de confiance » qui n’ont pas été mis à l’écart en commettant des actes qui « fâchent » le chef de l’Etat.
« Le ministre Romuald Wadagni incarne une nouvelle génération de gestionnaire, un technocrate ayant fait ses preuves à l’international. Ce choix peut être interprété comme une volonté d’ouvrir une nouvelle génération d’hommes politiques », indique Bruno Houessou.
Pour lui, le choix de M. Wadagni marque la continuité de la gouvernance technocratique du pouvoir. « C’est la marque de la sauvegarde des acquis ».
Toutefois, Romuald Wadagni est critiqué par l’opposition sur le plan social. C’est justement sur ce volet que le Bénin attendra l’homme, notamment les questions sur les prix, l’emploi, la protection sociale, la redistribution des fruits de la croissance.
« Romuald Wadagni doit s’adapter à sa nouvelle position pour adopter une posture ou un charisme populaire politique afin de rallier toute la classe de la mouvance autour de ses idéaux ».
Le risque de ce choix, selon l’universitaire, serait « l’émergence des tensions entre technocratie et légitimité populaire, entre succession acquise et incertitude électorale ».
Dans les prochains jours, le principal parti de l’opposition, Les Démocrates, devra aussi désigner son candidat.
L’élection présidentielle se déroulera en avril 2026. Le dépôt des candidatures à la Commission électorale nationale autonome (CENA) est prévu du 10 au 14 octobre prochains.
Politique
Namibie : La présidente Netumbo Nandi Ndaitwah désignée dirigeante africaine de l’année
Les leaders africains sont célébrés pour leur engagement en faveur du développement durable et de la résilience institutionnelle.
La présidente namibienne Netumbo Nandi Ndaitwah et la juge en chef sud-africaine Mandisa Maya ont été respectivement nommées « Personnalité politique africaine de l’année » et « Personnalité féminine politique africaine de l’année » lors des prix Personnalités de l’année 2025 du magazine African Leadership Magazine (ALM).
Les POTY Awards 2025, annoncés mardi, ont été attribués après un processus en trois étapes comprenant des nominations continentales, une évaluation éditoriale et un vote mondial en ligne clôturé le 30 novembre. L’initiative, célébrée pour la 15ᵉ année consécutive, vise à honorer le leadership dans la gouvernance, les affaires, la philanthropie et le service public.
« Les lauréats incarnent un leadership qui renforce les institutions, stimule l’innovation et ouvre de nouvelles perspectives », a déclaré Ken Giami, éditeur d’ALM. La cérémonie de remise des prix se tiendra les 27 et 28 février 2026 à Accra et devrait accueillir plus de 400 délégués, avec une diffusion numérique touchant plus d’un million de personnes.
Parmi les autres lauréats figurent Patrice Talon, président du Bénin (finaliste, « Dirigeant politique de l’année ») ; Esperança da Costa, vice-présidente de l’Angola (« Femme dirigeante de l’année ») ; Barnabas Nawangwe, recteur de l’université Makerere (« Éducateur de l’année ») ; Mbaye Cisse, chef d’état-major des forces armées sénégalaises (« Leader pour la paix et la sécurité ») ; et Samuel Dossou Aworet, fondateur du groupe Petrolin (« Industriel de l’année »).
Les prix ont également récompensé des acteurs de la philanthropie, de la santé publique et du leadership des jeunes, notamment Samuel Tafesse (Éthiopie, « Philanthrope de l’année »), Wicknell Chivhayo (Zimbabwe, « Jeune philanthrope africain »), Esperance Luvindao (Namibie, « Championne de la santé publique ») et Khalil Suleiman Halilu (Nigeria, « Jeune leader africain »).
Source : https://fr.apanews.net/diplomacy/la-presidente-namibienne-designee-dirigeante-africaine-de-lannee/
Politique
Togo : Le M66 veut relancer la contestation face à Faure Gnassingbé
Six mois après avoir émergé sur les réseaux sociaux, le M66 appelle à de nouvelles manifestations pour protester contre le maintien au pouvoir de Faure Gnassingbé. Le mouvement, sans leader clairement identifié, a secoué les équilibres sur la scène politique togolaise.
Né d’une mobilisation citoyenne spontanée et relayée par une jeunesse urbaine connectée, le collectif entend désormais franchir une nouvelle étape en appelant à des manifestations physiques contre le maintien au pouvoir de Faure Gnassingbé, récemment conforté par l’instauration d’un régime parlementaire façonné par la nouvelle Constitution. Dans un contexte où la contestation a souvent été étouffée, l’appel du M66 redonne de l’élan à une opposition fragmentée et remet au centre du débat la question de l’alternance politique, 20 ans après l’arrivée au pouvoir du président togolais.
Le M66 a annoncé l’organisation d’une grande manifestation le 8 décembre prochain, date hautement symbolique coïncidant avec l’ouverture du 9ᵉ Congrès panafricain à Lomé. Le mouvement espère profiter de cette visibilité internationale pour attirer l’attention sur ce qu’il considère comme une « dérive autoritaire » du régime. Sans structure hiérarchique formelle, sans porte-parole officiel, le M66 repose sur une organisation décentralisée alimentée par la colère sociale, la créativité numérique et un fort engagement de la diaspora.
Dans ses récents communiqués, le mouvement dénonce la réforme constitutionnelle ayant transformé le Togo en régime parlementaire, estimant qu’elle verrouille davantage encore la longévité du pouvoir en place. Alors que les autorités affirment qu’il s’agit d’un « renouveau institutionnel », le M66 y voit un mécanisme permettant à Faure Gnassingbé de conserver une influence politique majeure malgré les critiques internes et internationales.
La mobilisation prévue se veut pacifique, mais le risque de tensions reste réel : les précédentes tentatives de rassemblement ont été dispersées par les forces de sécurité, et plusieurs sympathisants affirment avoir été intimidés. Pour autant, les appels se multiplient sur X, TikTok, Facebook et WhatsApp, où le mouvement rassemble déjà plusieurs dizaines de milliers de sympathisants. Le M66 veut faire de ce 8 décembre un test de force — et un signal clair envoyé au pouvoir comme à la communauté internationale.
Le M66, pour « Mouvement du 6 Juin », tire son nom des manifestations citoyennes du 6 juin 2025, nées en réaction à un climat politique tendu et à des frustrations sociales récurrentes. Cette date a marqué l’entrée en scène d’un collectif atypique : jeune, sans leader désigné, revendiquant une horizontalité totale et s’appuyant sur les réseaux sociaux comme principale arme d’organisation et de communication.
Depuis plus de deux décennies, la famille Gnassingbé occupe les plus hautes fonctions de l’État, et les tentatives de contestation ont souvent été dispersées ou étouffées. En 2017 déjà, les grandes marches de l’opposition avaient été brutalement freinées. Le M66 revendique donc un héritage de luttes interrompues et de promesses de réformes jamais tenues, tout en adoptant des méthodes plus contemporaines : mobilisation en ligne, campagnes virales, relais massifs au sein de la diaspora.
Le mouvement rappelle régulièrement que la réforme constitutionnelle de 2024, adoptée dans la controverse, a profondément modifié l’architecture du pouvoir en donnant un rôle central au « Président du Conseil » un poste auquel Faure Gnassingbé a été immédiatement désigné. Pour le M66, cet acte constitue la confirmation d’un système verrouillé, imperméable à toute alternance. Ses revendications demeurent les mêmes : retour à une Constitution consensuelle, élections transparentes, ouverture démocratique et fin de l’impunité.
Politique
Guinée-Bissau : La Cédéao en mission pour restaurer l’ordre constitutionnel
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao, est arrivée ce lundi à Bissau.
Une délégation de haut niveau, conduite par le président sierra-léonais Julius Maada Bio, doit rencontrer les nouvelles autorités militaires et l’opposition pour tenter de rétablir l’ordre constitutionnel après le coup d’État survenu la semaine dernière.
Les militaires, qui ont renversé le président Umaro Sissoco Embaló et instauré un gouvernement provisoire dirigé par le général Horta Inta-a, ont interdit toutes manifestations et grèves et tout en ordonnant de réouvrir les institutions publiques.
L’opposition, dont le candidat Fernando Dias affirme avoir remporté l’élection présidentielle, attend de la Cédéao la publication des résultats officiels et la protection de ses leaders.
La communauté internationale, y compris l’ONU, suit la situation avec inquiétude, dénonçant une violation des principes démocratiques et appelant à un retour immédiat à la légalité.
La Guinée-Bissau, pays déjà marqué par une longue instabilité politique et le trafic de drogue, se retrouve une fois de plus au cœur d’une crise aux enjeux cruciaux pour la stabilité de la sous-région.