Politique
Rwanda : Amnesty International critique l’accord d’expulsion conclu avec les États-Unis

La décision du Rwanda d’accepter des personnes expulsées des États-Unis a suscité des critiques de la part d’Amnesty International.
L’organisation de défense des droits humains affirme désormais que cet accord contrevient à la Convention sur les réfugiés. Elle critique également la procédure d’asile, affirmant qu’elle risque de violer le droit international des migrations et que son succès n’est toujours pas assuré.
« Ce qui nous préoccupe concernant l’accord avec le Royaume-Uni, par exemple, ces dernières années, c’est le risque de refoulement des personnes expulsées du Royaume-Uni vers le Rwanda », a déclaré Christian Rumu, chargé de campagne principal à Amnesty International.
« Cela contrevient à la Convention relative au statut des réfugiés et ce risque persiste actuellement. Nous avons également rencontré un problème concernant les procédures d’asile au Rwanda, notamment en ce qui concerne les possibilités d’appel. Ils ont tenté de remédier à cela avec la réforme de l’année dernière, mais elle n’a pas encore été testée. Il existe donc un risque réel de violation du droit international que le Rwanda fasse subir aux migrants avec cet accord », a conclu Rumu.
Le Rwanda a fait valoir qu’il avait la possibilité de contribuer à alléger la situation. De nombreux pays d’Europe et les défenseurs des droits de l’homme des États-Unis s’inquiètent depuis longtemps des décès en détention au Rwanda de personnes perçues comme critiques du gouvernement, ainsi que des meurtres présumés d’autres personnes ayant cherché à s’exiler dans des pays comme l’Afrique du Sud.
Le Rwanda a parfois réagi par des démentis virulents aux informations faisant état de violations des droits de l’homme, notamment l’enlèvement et l’emprisonnement d’un résident américain qui avait été piégé dans un avion à destination de Kigali alors qu’il se trouvait à Dubaï. Il a ensuite été libéré sous la pression de l’administration Biden.
Le Rwanda est également critiqué pour ses actions militaires agressives dans la région. Des experts des Nations Unies ont documenté le soutien du Rwanda au soulèvement rebelle qui a pris le contrôle cette année de deux villes de l’est du Congo voisin, une région riche en minerais.
Les troubles ont fait craindre une résurgence de la guerre régionale, et plusieurs pays occidentaux ont rompu leurs relations ou restreint leur aide. Le Rwanda a déclaré défendre les Tutsis au Congo.
L’administration Trump, qui a sanctionné un ministre du gouvernement rwandais et invoqué des liens avec les rebelles, tente de négocier un accord de paix. Accepter d’accueillir des personnes expulsées des États-Unis pourrait améliorer la position du Rwanda auprès de Washington et d’autres pays.
En 2019, le Rwanda a conclu un accord avec l’agence des Nations Unies pour les réfugiés afin de faciliter l’accueil des migrants expulsés de Libye, où de nombreuses personnes tentant de rejoindre l’Europe ont signalé des abus en détention.
L’ONU indique que le centre de transit au Rwanda a une capacité d’accueil de 700 personnes. À la fin de l’année dernière, le Rwanda a annoncé que plus de 2 400 personnes avaient bénéficié d’une assistance pour ce qui devait être un séjour temporaire, le temps de trouver des « solutions à long terme », notamment une réinstallation ailleurs.
Avant l’échec de son accord avec la Grande-Bretagne, le Rwanda avait présenté un autre centre de transit, une auberge rénovée à Kigali, pouvant accueillir 100 personnes, avec la mise à disposition de logements supplémentaires en fonction des besoins.
Le Rwanda a déclaré que les dossiers des migrants seraient traités dans un délai de trois mois. Les personnes pourraient rester ou les autorités aideraient celles qui le souhaitaient à retourner dans leur pays d’origine. Le Rwanda a déclaré qu’il assumerait l’entière responsabilité financière pendant cinq ans.
On ignore si de telles conditions seraient incluses dans un accord avec les États-Unis.
Politique
Madagascar : Le président Rajoelina dénonce une tentative de coup d’Etat

À Antananarivo, des jeunes artistes, entrepreneurs et étudiants se mobilisent contre le pouvoir. Inspirés par d’autres mouvements à travers le monde, ils affrontent les forces de l’ordre dans les rues, tandis que le président malgache dénonce des manipulations politiques et des cyberattaques.
Dans un studio de musique transformé en quartier général, de jeunes Malgaches se préparent avant chaque manifestation. Eau, sérum physiologique, masques… tout est prêt pour faire face aux gaz lacrymogènes.
Ces manifestants, souvent artistes, freelanceurs ou étudiants, appartiennent à une Génération Z ultra-connectée, qui s’inspire des mobilisations ailleurs dans le monde, notamment au Népal.
« Grâce aux réseaux sociaux, on comprend qu’on peut agir. On est une génération TikTok, mais on peut changer les choses », explique Annah Rahajason, étudiante et organisatrice d’événements.
Dans les rues d’Antananarivo, les affrontements avec les forces de l’ordre se durcissent : jets de pierres contre tirs de gaz lacrymogènes.
Face à la contestation, le président Andry Rajoelina a réagi dans une vidéo diffusée sur Facebook. Il accuse les manifestants d’être manipulés par des opposants politiques, et évoque des cyberattaques menées par des « robots » pour déstabiliser le pays. Il affirme également qu’un complot viserait les installations électriques du pays, impliquant, selon lui, des employés soudoyés de la société Jirama.
Le chef de l’État a terminé son intervention en affirmant avoir été élu pour gouverner pendant cinq ans, tout en appelant au dialogue.
Politique
Côte d’Ivoire : La marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA reportée au 11 octobre

La marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA, regroupant les deux principaux partis de l’opposition ivoirienne, initialement prévue ce samedi 4 octobre 2025, est reportée au 11 octobre 2025 dans un contexte électoral tendu.
La préfecture d’Abidjan a pris un arrêté, le 2 octobre 2025, portant « interdiction de la marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA du samedi 4 octobre 2025 ». Cette décision a amené le Front commun à trouver une autre date, le 11 octobre, qui se situe dans la période de la campagne électorale, fixée du 10 au 23 octobre 2025 .
Michel Gbagbo, député de Yopougon, et cadre du PPA-CI, a déclaré le week-end dernier que cette marche vise à dénoncer le rejet de la candidature des différents leaders de l’opposition, dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, M. Affi N’Guessan, et à appeler à la mise en place des conditions d’une élection inclusive, démocratique et apaisée.
A la suite d’une réunion du Conseil national de sécurité (CNS), tenue vendredi sous la présidence de Alassane Ouattara, le Conseil a rappelé que conformément à l’article 138 de la Constitution les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours et s’imposent à tous.
« Par conséquent, toute contestation des décisions du Conseil constitutionnel, de quelque nature qu’elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi », prévient le Conseil national de sécurité.
À cet égard, les ministres en charge de la Justice et de la Sécurité ont été instruits à l’effet de prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir l’ordre et la sécurité, y compris l’interdiction des meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel.
Le CNS note que « depuis la publication, le 8 septembre 2025, par le Conseil constitutionnel, de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle, plusieurs individus, dont des responsables politiques, tiennent des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif » pouvant troubler l’ordre public.
Le lundi 8 septembre 2025, le Conseil constitutionnel de la République de Côte d’Ivoire, le juge du scrutin présidentiel, a publié la liste définitive des candidatures à l’élection présidentielle prévue pour le samedi 25 octobre 2025.
Sur 60 dossiers de candidature, le Conseil constitutionnel a déclaré recevables cinq candidats pour ces joutes électorales. Parmi les cinq candidats en lice pour l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, figurent Jean-Louis Billon, Simone Ehivet et Alassane Ouattara.
Source : https://fr.apanews.net/cote-divoire/rci-la-marche-de-lopposition-reportee-au-11-octobre/
Politique
Maroc : Le collectif de la «GenZ 212» précise ses revendications

Les revendications de la « GenZ 212 » se précisent. Ce collectif de jeunes Marocains réclament une réforme de l’éducation et du système de santé. Dans un communiqué diffusé la nuit dernière, il demande désormais la dissolution du gouvernement et en appelle au Roi.
C’est la première fois que le mouvement interpelle directement Mohammed VI, sous la forme d’une publication qui lui est adressée officiellement, écrit notre correspondant au Maroc, Matthias Raynal. Jusqu’ici, le mouvement se contentait de demander l’intervention du roi à travers des slogans, lors des manifestations. La « GenZ 212 » (comme l’indicatif téléphonique du Maroc) a rappelé à plusieurs reprises son attachement aux institutions et son patriotisme. La colère qui s’exprime depuis samedi dernier dans la rue vise le gouvernement et son chef Aziz Akhannouch.
L’exécutif disposé au « dialogue »
Il a pris la parole hier pour la première fois depuis le début des manifestations. Une intervention très courte, lors du Conseil des ministres. Aziz Akhannouch est apparu feuilles à la main, il a lu un texte, assurant que l’exécutif est « disposé à dialoguer ». Le communiqué de la « GenZ 212 » sonne comme une réponse cinglante à cette intervention. S’adressant au roi, le collectif demande la dissolution du gouvernement qui a échoué « à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales ».
Hier, les manifestations de la « GenZ 212 » n’ont pas connu de débordement majeur. Après les violences meurtrières de la mercredi soir qui ont fait trois morts parmi les protestataires et des destructions importantes, le mouvement a rappelé son rejet de toute forme « de vandalisme ou d’émeute ». De nouvelles manifestations devraient avoir lieu ce soir et confirmer – ou non – cette accalmie.
Appel au calme de l’UE
L’Union européenne a appelé, vendredi 3 octobre, « toutes les parties prenantes à maintenir le calme » dans le pays. « Nous reconnaissons l’importance de la participation des jeunes à la vie publique », a déclaré par ailleurs, un porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni.
Le royaume, qui coorganisera la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, a engagé de vastes chantiers d’infrastructures: construction de nouveaux stades, extension du réseau à grande vitesse et modernisation de plusieurs aéroports, écrit l’AFP. « Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades », ont répété, jeudi 2 octobre, des jeunes à Rabat, un slogan porté depuis le début de leur mobilisation. Des centaines d’autres ont défilé à Casablanca et Agadir tenant le même discours.