Politique
Afrique : Les élections comme test de crédibilité pour la défense des normes démocratiques
Le progrès démocratique exigera des décideurs politiques et des journalistes qu’ils reconnaissent et récompensent les processus authentiques de participation démocratique au sein de la vaste gamme d’élections africaines de 2025.
Après son « année des élections » en 2024, pendant laquelle 19 pays africains avaient prévu d’organiser des élections pour choisir leur chef d’État, la liste des élections africaines de 2025 est plus modeste, avec 10 scrutins attendus.
La crédibilité sera un thème clé des élections de cette année, la moitié des scrutins prévus s’annonçant comme des processus hautement orchestrés dont le résultat prévisible est la victoire du président sortant. C’est d’ailleurs un thème récurrent de ces dernières années. Sur les élections prévues l’année dernière, cinq n’ont même pas eu lieu, en raison du sentiment d’impunité qu’éprouvent les dirigeants en exercice à l’égard des institutions démocratiques et de l’État de droit.
La crédibilité sera un thème clé des élections de cette année, la moitié des scrutins prévus s’annonçant comme des processus hautement orchestrés.
La crédibilité limitée de certains de ces processus électoraux n’est pas un phénomène isolé. Elle fait plutôt partie d’un effort concerté de la part de certains dirigeants en exercice ou de partis au pouvoir pour se soustraire davantage à la volonté publique — et à la redevabilité envers la population. Pour ce faire, ils ont recours à une série de tactiques de plus en plus astucieuses, notamment le contournement de la limitation des mandats, la prolongation des mandats présidentiels, l’affaiblissement des cours constitutionnelles et l’usurpation de l’indépendance des organes de gestion des élections, entre autres moyens d’érosion et des freins et contrepoids démocratiques.
La majorité des élections de cette année se dérouleront dans des pays francophones et sept des dix élections auront lieu en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, l’épicentre des opérations d’influence russes visant à saper la démocratie sur le continent.
Les décideurs, les journalistes et les analystes devront impérativement adopter un point de vue suffisamment sophistiqué pour interpréter ces processus électoraux. Ces analyses devront faire la distinction entre les élections véritablement concurrentielles où les citoyens peuvent s’exprimer librement et les exercices électoraux qui ont les apparences d’une élection, mais où la participation réelle — et donc les résultats — sont étroitement contrôlés. En l’absence de telles différenciations, les présidents en exercice ne seront guère incités à se soumettre à davantage qu’un simple passage en force. Le niveau des normes démocratiques est en jeu sur le continent .
Dans les pays où les élections sont compétitives, le processus donnera l’occasion au public de valider son soutien à la direction du pays, ainsi que l’opportunité d’une autocorrection et d’un renouveau démocratiques.
Puisque toutes les élections prévues en 2025, à l’exception de deux d’entre elles, se déroulent au cours du dernier trimestre de l’année, la fin de l’année électorale sera donc bien remplie. La longue période de préparation sera l’occasion d’examiner de plus près les enjeux de chaque élection et leurs implications pour le développement démocratique.
Source : https://africacenter.org/fr/spotlight/elections-2025/