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Ethiopie : Inquiétude sur une éventuelle offensive militaire contre la région du Tigré
Le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) accuse le gouvernement fédéral éthiopien de préparer une nouvelle offensive militaire contre la région du Tigré, ravivant ainsi les craintes d’un retour à la guerre.
Le conflit dévastateur en Éthiopie, entre les forces fédérales et les combattants du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui a duré de 2020 à 2022, a fait environ 600 000 morts, en majorité des civils, selon l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, alors envoyé spécial pour la paix. Malgré la signature de l’accord de Prétoria en 2022, censé mettre un terme aux hostilités, la situation demeure instable.
Accusations et tensions croissantes
Dans un communiqué publié lundi, le TPLF accuse le gouvernement fédéral d’armer ses alliés locaux pour harceler les dirigeants tigréens, dénonçant une tentative de saboter la reconstruction de l’État régional. Le parti appelle la communauté internationale à intervenir et à faire respecter les engagements de paix prévus par l’accord de Pretoria.
De son côté, le Premier ministre Abiy Ahmed a lancé un appel aux chefs religieux pour prévenir une nouvelle escalade. Cette intervention survient dans un contexte de vives tensions entre les Forces de défense du Tigré (TDF), sous contrôle du TPLF, et l’Administration intérimaire du Tigré (AIT), mise en place par Addis-Abeba.
Luttes internes et jeu d’alliances
La scène politique tigréenne est marquée par une fracture profonde entre deux figures rivales : Debretsion Gebremichael, chef historique du TPLF, et Getachew Reda, président de l’AIT, soutenu par le gouvernement fédéral. Cette rivalité, nourrie par des soutiens extérieurs, notamment des services de renseignement érythréens en faveur de Debretsion, menace de replonger la région dans le chaos.
Les combats qui ont éclaté en mars dernier entre des factions pro-TPLF et les forces fidèles à l’AIT ont accentué la crise. Depuis, Getachew Reda a quitté la région et été nommé conseiller spécial du Premier ministre pour les affaires est-africaines.
L’Érythrée, acteur trouble
La présence persistante de troupes érythréennes au Tigré, dénoncée par une partie du TPLF, continue d’envenimer la situation. Déjà impliquée aux côtés d’Addis-Abeba dans le conflit précédent, l’Érythrée est aujourd’hui soupçonnée de soutenir militairement la faction de Debretsion, en opposition directe avec le gouvernement éthiopien.
Les relations entre Addis-Abeba et Asmara, brièvement réchauffées après l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed, semblent à nouveau se détériorer sous l’effet de ces nouvelles alliances régionales.
Risques régionaux et appel au dialogue
Les observateurs craignent que toute reprise des hostilités au Tigré n’ait des répercussions au-delà des frontières éthiopiennes. Un nouveau conflit pourrait alimenter l’instabilité dans la Corne de l’Afrique, déjà fragilisée par des foyers de violence persistants au Soudan, en Somalie ou encore en Ouganda.
Face à ces menaces, des appels internationaux se multiplient pour inciter les différentes parties – gouvernement fédéral, TIA et TPLF – à renouer le dialogue. L’ONU suit de près l’évolution de la situation et exhorte les acteurs à respecter les termes de l’accord de paix et à privilégier la voie de la négociation.