Politique
Togo : Sept morts après trois jours de manifestations contre le pouvoir
Au moins sept personnes ont été tuées, des «dizaines» d’autres blessées et près d’une centaine d’arrestation lors de manifestations contre le pouvoir à Lomé fin juin , ont affirmé dimanche des organisations de la société civile, dénonçant des «exactions commises par des éléments des forces de l’ordre et des miliciens». Plusieurs corps ont été repêchés dans des cours d’eau de la capitale, ont indiqué des organisations de la société civile et de défense des droits humains togolaises à la presse.
Elles ont également relevé «des dizaines de blessés» et «plus de soixante personnes» interpellées, lors de trois jours de manifestations de jeudi à samedi. Dimanche soir le gouvernement togolais a réagi et dénoncé «des tentatives de récupérations malheureuses» suite à «la découverte et le repêchage de corps» dans des cours d’eau de la capitale jeudi et samedi.
«Le droit de nous exprimer»
«Les résultats des analyses médico-légales (…) ont révélé que ces décès sont survenus par suite de noyade», a démenti le gouvernement dans un communiqué, sans se prononcer sur le nombre de corps repêchés. «Je voudrais féliciter le bon comportement de nos concitoyens et également le professionnalisme de nos forces de sécurité et surtout les rassurer que le gouvernement prendra toutes les dispositions pour protéger le citoyen togolais», a déclaré à la télévision d’État dimanche soir Hodabalo Awaté, ministre de l’Administration territoriale togolaise.
«Nous sommes dans un pays où des citoyens ont quand même le droit de sortir, de s’exprimer et ils n’ont pas à faire face à cette brutalité mise en place par l’État, c’est inacceptable», a déclaré à l’AFP David Dosseh, porte-parole du «Front Citoyen Togo Debout». «Nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des fils de ce pays et en tant que fils et citoyens de ce pays, la Constitution nous donne le droit de nous exprimer et de manifester pacifiquement», a-t-il ajouté. Les manifestations sont rares au Togo ces dernières années, mais il s’agissait du deuxième appel lancé sur les réseaux sociaux à descendre dans la rue ce mois-ci.
Des « noyades » accidentelles, selon le gouvernement
En réponse, dans un communiqué diffusé dimanche soir, le gouvernement togolais a dénoncé « des individus dont la grande majorité réside hors du territoire national » qu’il accuse de mener une « campagne de désinformation et d’incitation à la haine, à la violence, à l’incivisme et à la désobéissance civile ».
Toujours selon ce communiqué du gouvernement, « la découverte et le repêchage de corps dans le 4ᵉ lac à Akodesséwa et dans la lagune à Bè, les 26 et 28 juin, ont donné lieu à des tentatives de récupération malheureuses, démenties par les résultats des analyses médico-légales qui, aussitôt conduites, ont révélé que ces décès sont survenus par suite de noyade ». Le communiqué, tout en exprimant « sa compassion aux familles éplorées », comporte un rappel des « règles de prudence à observer aux abords des étendues et cours d’eau, surtout en cette saison pluvieuse ».
« Je voudrais féliciter le bon comportement de nos concitoyens et également le professionnalisme de nos forces de sécurité et surtout les rassurer que le gouvernement prendra toutes les dispositions pour protéger le citoyen togolais », a pour sa part déclaré le ministre togolais de l’Administration territoriale, Hodabalo Awaté, lors d’une intervention, dimanche soir, sur la télévision d’État.
Manifestations contre la Constitution
Un discours qui fait écho à ceux de Gilbert Bawara, ministre de la Réforme du service public, dans l’entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique, le 26 juin. Il assurait notamment qu’il est « du devoir et de la responsabilité du gouvernement de prévenir et d’éviter toute situation de violence, d’anarchie et de chaos », tout en affirmant que le gouvernement restait « attentif » aux frustrations des citoyens, notamment des jeunes.
Depuis début juin, plusieurs appels à manifester ont été relayés sur les réseaux sociaux au Togo, pour protester contre la nouvelle Constitution. Celle-ci a conduit à l’instauration d’un régime parlementaire. Faure Essozimna Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a été désigné par un parlement largement dominé par les élus de l’Union pour la République (UNIR, son parti), au poste de président du Conseil, qui concentre l’essentiel des pouvoirs exécutifs. Les manifestants protestaient également contre la hausse des prix de l’électricité ou encore l’arrestation d’opposants et de voix critiques au pouvoir, à l’instar du rappeur Aamron.
Des députés refusent de siéger et exigent une session d’urgence
Dans une lettre ouverte adressée au président de l’Assemblée nationale, les députés de l’ADDI et de la DMP annoncent leur refus de participer à la séance de clôture parlementaire, dénonçant le silence de l’institution face à la répression brutale des manifestations citoyennes des 26, 27 et 28 juin 2025. Ils exigent la convocation d’une session extraordinaire pour traiter la grave crise politique et sociale que traverse le pays.