Politique
Burundi : Le président Evariste Ndayishimiye appelle l’opposition au dialogue
Après les législatives et communales de la semaine dernière, deux scrutins très contestés par l’opposition qui dénonce l’absence de compétitions et un hold-up électoral, le président Evariste Ndayishimiye appelle l’opposition au dialogue. Une position qui ne convainc pas.
Depuis l’annonce par la commission électorale nationale indépendante (Céni) d’une victoire totale du Cndd-FDD au pouvoir avec 100% des sièges en jeu à l’Assemblée nationale, l’opposition est vent debout. Elle dénonce, concernant les élections législatives et communales, l’absence de compétitions et un hold-up électoral.
Après le ministre de l’Intérieur jeudi, puis le Premier ministre burundais et tout son gouvernement vendredi, le président appelle à son tour au dialogue. La victoire écrasante de son parti le 5 juin ne signifie pas l’instauration d’un parti unique, comme beaucoup s’en inquiètent, dit-il.
« J’aurais besoin de tous et même des perdants », a déclaré le président. Il a donc tendu la main à l’opposition à qui il a demandé de s’adresser d’abord aux institutions qui dirigent le pays, en commençant par lui-même, avant de porter plainte pour les irrégularités dont ils se plaignent. « Il faut savoir que la Céni, c’est une commission nationale indépendante, qui est déléguée pour organiser les élections pour le pays. Donc si les agents de la Céni font mal leur travail, ceux qui sont lésés ont toute latitude de se référer aux institutions pour leur dire « ceux que vous avez désignés sont en train de travailler contre nous ». C’est pourquoi il faut d’abord voir les institutions qui dirigent le pays », a-t-il déclaré.
Cette proposition a fait tiquer plus d’un dans l’opposition burundaise, à commencer par le porte-parole de la coalition Burundi bwa bose (« Un Burundi pour tous », en français). Il rappelle que les élections sont régies normalement par un cadre légal très strict. « Pendant la campagne, le président se présentait comme le leader principal du parti au pouvoir. S’il faut faire un recours auprès de lui, c’est une forme d’arrangement politique sans cadre légal. Le cadre légal prévoit des recours qu’il faut faire mais ne cite pas la présidence de la République », estime Kefa Nibizi.
Un autre opposant, qui a requis l’anonymat, estime que « la sortie médiatique du chef de l’exécutif burundais sur le processus électoral est une faute politique qui vient confirmer que la Céni est aux ordres, comme on l’a toujours dit ».