Société
Tanzanie : La militante Agathe Atuhaire retrouvée avec des « traces de torture »
L’activiste des droits humains avait été arrêtée lundi à Dar es-Salaam, en même temps que le militant kényan Boniface Mwangi, et détenue au secret depuis.
La militante ougandaise Agathe Atuhaire, arrêtée et détenue au secret en Tanzanie après avoir tenté d’assister au procès pour trahison d’un leader de l’opposition, a été retrouvée avec des « traces de torture » à la frontière entre les deux pays d’Afrique de l’Est, a annoncé vendredi 23 mai une organisation de défense des droits humains.
L’activiste des droits humains avait été arrêtée lundi, en même temps que le militant kényan Boniface Mwangi à Dar es-Salaam, capitale économique tanzanienne, où ils étaient venus soutenir le chef de l’opposition Tundu Lissu, qui comparaissait pour trahison, des poursuites passibles de la peine de mort.
Mme Atuhaire « a été abandonnée à la frontière par les autorités tanzaniennes, et a été prise en charge par sa famille et ses amis », selon l’organisation ougandaise de défense des droits humains Agora Discourse. La militante et journaliste « présente des traces de torture », a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) Jimmy Spire Ssentongo, cofondateur de l’organisation.
Elle ne s’est pas présentée à une conférence de presse à laquelle elle était attendue vendredi matin. Selon l’avocat ougandais Kato Tumusiime, témoin de son arrestation à Dar es-Salaam, elle présente des difficultés à marcher, souffre, et est retournée dans sa famille.
« Enchaînés, les yeux bandés »
La police tanzanienne a d’abord affirmé à une association tanzanienne de défense des droits humains que les activistes avaient été expulsés par avion mardi. M. Mwangi a été retrouvé jeudi au bord d’une route dans le nord de la Tanzanie, près de la frontière kényane, selon le journal local Daily Nation. « Nous avons tous deux été traités pire que des chiens : enchaînés, les yeux bandés et soumis à des tortures atroces », a-t-il déclaré à des journalistes à son retour à Nairobi.
D’autres observateurs, dont la candidate à la présidentielle kényane de 2027 Martha Karua, et un ancien président de la Cour suprême kényane, s’étaient vu refuser dimanche et lundi l’entrée en Tanzanie.
La présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a déclaré en début de semaine que les militants étrangers ne seraient pas autorisés à s’ingérer dans les affaires du pays. Elle a exhorté les services de sécurité à « ne pas laisser des individus mal élevés d’autres pays franchir la ligne ici ».
L’opposition et plusieurs ONG ont exprimé leur inquiétude concernant la répression de l’opposition en Ouganda et en Tanzanie à l’approche d’élections présidentielles prévues respectivement en 2026 et 2027.