Politique
Burkina Faso : Publication d’un rapport accablant de HRW sur le massacre de Solenzo

Que s’est-il passé à Solenzo, village à l’ouest du Burkina Faso ? Depuis le début de la semaine, des vidéos d’une rare violence ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant des hommes armés circulant parmi des corps de femmes et d’hommes ligotés et parfois sans vie. Selon un rapport de Human Rights Watch (HRW), des dizaines de personnes ont été tuées les 10 et 11 mars par des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Une opération en représailles à des attaques jihadistes sur laquelle est revenu le gouvernement burkinabè dans un communiqué, sans la condamner pour autant.
Près d’une semaine après les faits, les informations en provenance de la région de Solenzo, dans l’ouest du Burkina Faso restent parcellaires. Pour l’heure, aucun bilan officiel n’a été communiqué, aussi Ilaria Allegrozi, chercheuse au sein de la division Afrique de Human Rights Watch, s’est-elle attelée à la tâche.
« Des dizaines de femmes, d’enfants, d’hommes morts… Nous avons dénombré au moins 58 morts dans les vidéos. Ce qui est une sous-estimation, car les corps étant empilés les uns sur les autres, il a été difficile de les compter », explique-t-elle au micro de Paul Lorgerie de la rédaction Afrique.
La communauté peule ciblée
Après analyse de onze vidéos et le recueil de témoignages, l’ONG de défense des droits humains a conclu qu’une communauté en particulier était visée. « La plupart des victimes qui apparaissent dans ces vidéos semblent appartenir à une communauté spécifique, les peuls. Les propos tenus par les individus armés qui filment leurs propres exactions vont bien au-delà du discours de haine », poursuit Ilaria Allegrozi.
Dans l’un des extraits diffusés sur les réseaux sociaux, un homme s’exprimant en Mooré, la langue locale, menace les personnes au sol. « Vous, les Peuls, lance l’individu, vous pensez vraiment pouvoir prendre le contrôle du Burkina Faso ? Vous n’y arriverez jamais ! Ce qui vous reste à faire ici, c’est de disparaître. » Au regard de leur accoutrement, la plupart des hommes en armes appartiennent à des groupes de volontaires pour la défense de la patrie (VDP) comme le Groupe d’autodéfense de Mahouna ou encore les Forces rapides de Kouka.
Une campagne de discrédit, selon le gouvernement
Il s’agit d’ « une vaste campagne de désinformation (…) pour discréditer nos vaillants combattants et faire peur aux paisibles populations », s’est défendu le gouvernement burkinabè dans un communiqué diffusé samedi. La version officielle explique que, lors d’une riposte opérée à la suite d’une attaque jihadiste, les volontaires pour la défense de la patrie appuyés par les forces de sécurité ont « découvert des familles composées de femmes, d’enfants et de vieilles personnes que les terroristes ont tenté d’utiliser comme bouclier humain ».
La réponse des autorités « ne fournit aucun élément de preuve pour démentir le contenu des vidéos analysées », regrette la chercheuse.
► Dans le pays voisin, au Mali, des experts des Nations unies se sont indignés vendredi du meurtre d’au moins dix personnes dans secteur de Dioura, au centre du pays, le 2 janvier dernier. Selon le communiqué, les experts accusent les forces armées maliennes et des éléments de Wagner d’avoir tué six hommes, trois femmes et un enfant alors qu’ils revenaient du camp de Mbera, en Mauritanie.
Politique
Madagascar : Le président Rajoelina dénonce une tentative de coup d’Etat

À Antananarivo, des jeunes artistes, entrepreneurs et étudiants se mobilisent contre le pouvoir. Inspirés par d’autres mouvements à travers le monde, ils affrontent les forces de l’ordre dans les rues, tandis que le président malgache dénonce des manipulations politiques et des cyberattaques.
Dans un studio de musique transformé en quartier général, de jeunes Malgaches se préparent avant chaque manifestation. Eau, sérum physiologique, masques… tout est prêt pour faire face aux gaz lacrymogènes.
Ces manifestants, souvent artistes, freelanceurs ou étudiants, appartiennent à une Génération Z ultra-connectée, qui s’inspire des mobilisations ailleurs dans le monde, notamment au Népal.
« Grâce aux réseaux sociaux, on comprend qu’on peut agir. On est une génération TikTok, mais on peut changer les choses », explique Annah Rahajason, étudiante et organisatrice d’événements.
Dans les rues d’Antananarivo, les affrontements avec les forces de l’ordre se durcissent : jets de pierres contre tirs de gaz lacrymogènes.
Face à la contestation, le président Andry Rajoelina a réagi dans une vidéo diffusée sur Facebook. Il accuse les manifestants d’être manipulés par des opposants politiques, et évoque des cyberattaques menées par des « robots » pour déstabiliser le pays. Il affirme également qu’un complot viserait les installations électriques du pays, impliquant, selon lui, des employés soudoyés de la société Jirama.
Le chef de l’État a terminé son intervention en affirmant avoir été élu pour gouverner pendant cinq ans, tout en appelant au dialogue.
Politique
Côte d’Ivoire : La marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA reportée au 11 octobre

La marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA, regroupant les deux principaux partis de l’opposition ivoirienne, initialement prévue ce samedi 4 octobre 2025, est reportée au 11 octobre 2025 dans un contexte électoral tendu.
La préfecture d’Abidjan a pris un arrêté, le 2 octobre 2025, portant « interdiction de la marche du Front commun PPA-CI/PDCI-RDA du samedi 4 octobre 2025 ». Cette décision a amené le Front commun à trouver une autre date, le 11 octobre, qui se situe dans la période de la campagne électorale, fixée du 10 au 23 octobre 2025 .
Michel Gbagbo, député de Yopougon, et cadre du PPA-CI, a déclaré le week-end dernier que cette marche vise à dénoncer le rejet de la candidature des différents leaders de l’opposition, dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, M. Affi N’Guessan, et à appeler à la mise en place des conditions d’une élection inclusive, démocratique et apaisée.
A la suite d’une réunion du Conseil national de sécurité (CNS), tenue vendredi sous la présidence de Alassane Ouattara, le Conseil a rappelé que conformément à l’article 138 de la Constitution les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours et s’imposent à tous.
« Par conséquent, toute contestation des décisions du Conseil constitutionnel, de quelque nature qu’elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi », prévient le Conseil national de sécurité.
À cet égard, les ministres en charge de la Justice et de la Sécurité ont été instruits à l’effet de prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir l’ordre et la sécurité, y compris l’interdiction des meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel.
Le CNS note que « depuis la publication, le 8 septembre 2025, par le Conseil constitutionnel, de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle, plusieurs individus, dont des responsables politiques, tiennent des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif » pouvant troubler l’ordre public.
Le lundi 8 septembre 2025, le Conseil constitutionnel de la République de Côte d’Ivoire, le juge du scrutin présidentiel, a publié la liste définitive des candidatures à l’élection présidentielle prévue pour le samedi 25 octobre 2025.
Sur 60 dossiers de candidature, le Conseil constitutionnel a déclaré recevables cinq candidats pour ces joutes électorales. Parmi les cinq candidats en lice pour l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, figurent Jean-Louis Billon, Simone Ehivet et Alassane Ouattara.
Source : https://fr.apanews.net/cote-divoire/rci-la-marche-de-lopposition-reportee-au-11-octobre/
Politique
Maroc : Le collectif de la «GenZ 212» précise ses revendications

Les revendications de la « GenZ 212 » se précisent. Ce collectif de jeunes Marocains réclament une réforme de l’éducation et du système de santé. Dans un communiqué diffusé la nuit dernière, il demande désormais la dissolution du gouvernement et en appelle au Roi.
C’est la première fois que le mouvement interpelle directement Mohammed VI, sous la forme d’une publication qui lui est adressée officiellement, écrit notre correspondant au Maroc, Matthias Raynal. Jusqu’ici, le mouvement se contentait de demander l’intervention du roi à travers des slogans, lors des manifestations. La « GenZ 212 » (comme l’indicatif téléphonique du Maroc) a rappelé à plusieurs reprises son attachement aux institutions et son patriotisme. La colère qui s’exprime depuis samedi dernier dans la rue vise le gouvernement et son chef Aziz Akhannouch.
L’exécutif disposé au « dialogue »
Il a pris la parole hier pour la première fois depuis le début des manifestations. Une intervention très courte, lors du Conseil des ministres. Aziz Akhannouch est apparu feuilles à la main, il a lu un texte, assurant que l’exécutif est « disposé à dialoguer ». Le communiqué de la « GenZ 212 » sonne comme une réponse cinglante à cette intervention. S’adressant au roi, le collectif demande la dissolution du gouvernement qui a échoué « à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales ».
Hier, les manifestations de la « GenZ 212 » n’ont pas connu de débordement majeur. Après les violences meurtrières de la mercredi soir qui ont fait trois morts parmi les protestataires et des destructions importantes, le mouvement a rappelé son rejet de toute forme « de vandalisme ou d’émeute ». De nouvelles manifestations devraient avoir lieu ce soir et confirmer – ou non – cette accalmie.
Appel au calme de l’UE
L’Union européenne a appelé, vendredi 3 octobre, « toutes les parties prenantes à maintenir le calme » dans le pays. « Nous reconnaissons l’importance de la participation des jeunes à la vie publique », a déclaré par ailleurs, un porte-parole de la Commission, Anouar El Anouni.
Le royaume, qui coorganisera la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, a engagé de vastes chantiers d’infrastructures: construction de nouveaux stades, extension du réseau à grande vitesse et modernisation de plusieurs aéroports, écrit l’AFP. « Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades », ont répété, jeudi 2 octobre, des jeunes à Rabat, un slogan porté depuis le début de leur mobilisation. Des centaines d’autres ont défilé à Casablanca et Agadir tenant le même discours.