Société
Bénin : Reprise du procès de l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo
Au Bénin, sept ans après la dernière audience, ce mardi 11 mars, le procès d’une affaire criminelle très obscure a repris. Il y a quinze ans, en août 2010, Pierre Urbain Dangnivo, cadre du ministère des Finances et opposant à l’époque au sein du Parti social-démocrate, disparaissait mystérieusement à Cotonou, alors qu’il était au volant de sa voiture. Son corps présumé a été retrouvé deux mois plus tard au domicile du principal suspect, un féticheur, jugé pour « assassinat ».
C’est par un communiqué, en fin de semaine dernière, que le procureur de la République, Olushegun Tidjani Serpos, a annoncé la reprise du procès de l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo, car « la procédure est revenue au parquet » après que « tous les actes d’instruction complémentaires aient été accomplis », souligne le document.
La dernière audience remonte à 2018. Le procès qui a repris mardi 11 mars et doit s’étendre jusqu’au vendredi 14 mars, doit permettre de juger Codjo Kossi Alofa, poursuivi pour « assassinat », ainsi que son complice présumé, Donatien Amoussou. C’est au domicile du premier accusé, dans la banlieue nord de Cotonou, que la dépouille présumée de Dangnivo a été retrouvée. Le cadavre exhumé n’a pas officiellement fait l’objet de tests ADN, à l’époque.
Présent lors de la découverte du corps il y a 15 ans, Grégoire Messan Dangnivo, frère de Pierre Urbain Dangnivo, avait dit à RFI que « personne ne parvenait à le reconnaître » et qu’ « il y avait un doute sérieux » sur l’identité réelle de la dépouille.
Les tests ADN au cœur de l’affaire
Le procès reprend maintenant, après une interruption de sept ans, seulement parce que la famille du syndicaliste et ses avocats ont réclamé des tests ADN contradictoires sur le corps exhumé et présenté comme étant celui de Pierre Urbain Dangnivo, explique Jean-Luc Aplogan, notre correspondant à Cotonou.
À l’époque, le gouvernement avait fait appel à un laboratoire, mais les proches avaient émis des réserves sur les résultats. Nous étions alors en 2018, et le Covid-19 est arrivé un peu plus d’un an après. Avec la lenteur des procédures administratives, les choses ont traîné. Le Bénin n’est pas équipé pour réaliser des tests ADN.
Le procureur espère que le procès de cette semaine contribuera « à la manifestation de la vérité » et permettra de clôturer enfin ce dossier. Le principal accusé a déclaré, mardi matin à la barre : « Je n’ai jamais tué Dangnivo. J’avais avoué à l’époque être l’assassin parce qu’on m’a demandé de le faire contre promesse. »