Société
Niger: le journaliste Seyni Amadou en garde à vue et Canal 3 TV suspendu
Le ministère nigérien de la Communication a annoncé la suspension d’une des chaînes de télévision privées les plus importantes du pays et de son journaliste Seyni Amadou, respectivement pour un et trois mois, sans donner de raison, au lendemain de la diffusion d’un sujet sur la « performance » du gouvernement.
« La carte de presse du journaliste Seyni Amadou de Canal 3 TV est suspendue pour une durée de trois mois » et « la chaîne de Canal 3 TV est suspendue pour une durée d’un mois », a indiqué le ministère nigérien de la Communication, vendredi 17 janvier, dans un communiqué. Ces mesures « prennent effet à compter de la signature » par le ministre Sidi Raliou Mohamed de l’arrêté, daté de vendredi, selon le document.
Cette annonce intervient au lendemain de la diffusion sur Canal 3 TV, l’une des chaînes de télévision privées les plus importantes du pays, d’un sujet sur la « performance » du gouvernement. Le régime militaire du Niger, au pouvoir depuis un coup d’État perpétré le 26 juillet 2023, a déjà suspendu la diffusion de plusieurs médias internationaux, comme RFI, France 24 et la BBC.
Le ministère ne précise pas les raisons des deux suspensions. Mais, selon la direction de la chaîne Canal 3, contactée par l’AFP, ces sanctions sont « en lien avec un élément [sujet commenté] sur le classement des ministres » du gouvernement d’Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier ministre civil nommé par le régime.
« Baromètre »
Illustré par des photos de chaque ministre, le commentaire lu par Seyni Amadou et diffusé jeudi soir sur Canal 3 est présenté comme « un baromètre de performance » des membres du gouvernement. Dans ce classement, Ali Mahaman Lamine Zeine occupe le rang de « premier de la classe », tandis que plusieurs de ses ministres sont qualifiés « de ventre mou » de l’équipe.
Le ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, membre influent du régime, « aurait dû être en tête de ce classement […] sauf que son ministère est investi et infesté par des commerçants et jeunes vendeurs d’illusions », avait commenté le journaliste.
En novembre dernier, un journaliste de la même chaîne, le Nigéro-Ivoirien Serge Mathurin Adou, avait été inculpé pour « atteinte à la sûreté de l’État » et incarcéré dans une prison nigérienne dans une affaire de déstabilisation présumée au Burkina Faso voisin, lui aussi dirigé par un régime militaire et allié du Niger.