Société
Soudan du Sud : Les populations regagnent le village de Hai Matar

Au Soudan du Sud, les populations regagnent le village de Hai Matar. Il ya 12 ans, ces habitants avaient été contraints de fuir cette localité au début de la guerre civile jusqu’aux abris des Nations Unies à Malakal, dans le Haut-Nil.
Les villageois reviennent trouver 128 nouveaux abris construits par des agences humanitaires et d’autres partenaires.
La communauté a également été rejointe par de nombreux rapatriés qui ont franchi la frontière du Soudan du Sud pour échapper à la guerre brutale qui sévit au Soudan voisin.
« Je suis très heureuse de la maison que les humanitaires ont construite pour nous, et je vis ici avec mes enfants après mon retour du Soudan. Je suis également heureuse de la présence de la police dans notre région pour assurer la sécurité et nous protéger. Ils font des patrouilles la nuit et nous vivons ici en paix avec nos voisins », déclare Mary Aban Akon, habitante de Hai Matar récemment rapatriée.
L’initiative a été menée par la famille des Nations unies, notamment le HCR, l’OIM et le Service d’action contre les mines des Nations unies (UNMAS), qui a débarrassé cinq millions de mètres carrés de terres des munitions non explosées afin de créer un environnement sûr. La Mission des Nations Unies au Sud-Soudan (UNMISS) a fourni des conteneurs pour permettre l’installation d’un poste de police et des officiers de police des Nations Unies ont formé des homologues locaux à la police de proximité et aux pratiques respectueuses de l’égalité entre les hommes et les femmes. Le projet a également été soutenu par l’Union européenne (UE).
« Alors que vous devenez les premiers occupants de ce lieu, vous montrerez l’exemple à ceux qui viendront après vous, afin qu’ils comprennent que vous devez travailler ensemble, comme un seul homme. Et pas seulement parce que c’est bien, mais parce que tout ce qui parle de désaccord, de conflit et de désunion favorise la croissance et le développement. Ce n’est qu’un début ; nous espérons que cet endroit se transformera en quelque chose de bien plus grand et de bien meilleur, mais le chemin vers ce développement et cette croissance passe par l’unité, la collaboration, la coopération et le fait de vivre ensemble dans la paix », déclare Paul Ebikwo, responsable des affaires civiles, Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS).
Bien que les résidents soient heureux de rentrer chez eux, ils s’inquiètent de l’insécurité et de l’accès aux services de base, tels que l’eau potable, les soins de santé et l’éducation pour leurs enfants.
Le gouvernement de l’État surveille le processus de retour afin de prévenir les différends et les conflits potentiels liés à la propriété foncière.
« La plupart des personnes qui vivent ici sont venues du Soudan, et parmi elles se trouvent des personnes vulnérables vivant avec des handicaps. Il devrait y avoir un centre pour les besoins spéciaux de ces personnes, car elles ne peuvent pas se déplacer sur de longues distances, et notre principale préoccupation est la question de l’eau potable », affirme Gabriel Gwado, chef de communauté, Hai Matar.
Le processus de relocalisation a été progressif et n’est pas achevé, mais, compte tenu de l’insuffisance des fonds humanitaires et de développement, le gouvernement du Sud-Soudan et les communautés elles-mêmes devront soutenir le processus d’installation.
« Comme nous l’avons décidé ensemble, 70 % de la sécurité de la région est entre vos mains, en tant que citoyens, et non entre les mains du gouvernement ou de la police, c’est à vous de jouer. Le vol de biens ici provient des citoyens eux-mêmes, de vos propres enfants, pas d’un étranger, et vous êtes donc responsables de la protection de vos maisons. Si vous laissez négligemment votre maison vide et que des objets sont volés, c’est vous qui en portez la responsabilité », Affirme Michael Nyatho Nyunki, ministre du logement, Sud-Soudan.
« En tant qu’humanitaires, nous faisons le voyage avec vous dans une certaine mesure, mais nous vous le remettons. Cela a été mentionné comme une solution durable. Nous voulons ramener Hai Matar là où il était, mais nous ne pouvons pas être avec vous pour le ramener complètement, sinon d’autres endroits en souffriraient et, comme nous l’avons entendu, nous n’avons pas l’argent pour cela. Nous préparons le terrain pour vous et vous laissons le soin de le développer », délcare Hilda Ochunyo, Coordinatrice, Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Cette initiative est un exemple de la puissance des partenariats entre les Nations unies, les autorités de l’État et les communautés pour mettre en œuvre des solutions locales qui contribuent à restaurer la paix et la stabilité que la population du Sud-Soudan mérite.
Source : https://fr.africanews.com/2025/05/29/soudan-du-sud-le-retour-des-exiles-a-hai-matar/
Société
Tchad : La grève des transporteurs suspendue pour 30 jours

La grève des transporteurs urbains à N’Djaména est suspendue pour 30 jours afin de favoriser le dialogue avec les autorités.
Enclenchée jeudi 19 juin, la grève des transporteurs urbains de la ville de N’Djaména est suspendue pour une durée de 30 jours. Le mouvement a reçu un écho favorable du ministère des Transports.
Les syndicats des transporteurs urbains protestent contre le prix exorbitant du carburant et sa rareté, les contrôles multiples de la police routière, le mauvais état des routes et l’absence de dialogue avec le ministère des Transports.
Cette suspension intervient dans un esprit d’ouverture et de concertation, en vue de permettre la poursuite des discussions et l’examen des préoccupations soulevées.
Le ministère des Transports a réaffirmé sa disponibilité à dialoguer avec tous les acteurs du secteur pour parvenir à des solutions durables dans l’intérêt général.
Le mouvement, bien que d’une journée, a paralysé la ville et l’économie. Des milliers de N’Djaménois ont dû faire des trajets à pied ou à bord des moto-taxis pour des courses. Un coup dur pour les ménages à faible revenu.
Source : https://fr.apanews.net/news/tchad-la-greve-des-transporteurs-suspendue-pour-30-jours/
Société
Togo : Les médias français RFI et France 24 suspendus pour trois mois

La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Togo a annoncé, ce lundi 16 juin 2025, la suspension de France 24 et de Radio France Internationale (RFI) pour une durée de trois mois sur l’ensemble du territoire togolais.
La HAAC a suspendu la diffusion de France 24 et de RFI pour une période de trois mois. Le régulateur de l’audiovisuel togolais reproche aux deux médias internationaux « des manquements répétés » aux règles de rigueur journalistique, en particulier en matière de traitement de l’actualité togolaise.

Dans son communiqué, la HAAC évoque la diffusion de contenus « inexacts, tendancieux, voire contraires aux faits établis », accusant certaines émissions d’avoir porté atteinte à la stabilité des institutions républicaines ainsi qu’à l’image du pays. Malgré des rappels à l’ordre antérieurs, ces dérapages auraient persisté, justifiant ainsi la sanction.
La HAAC rappelle que si le pluralisme des opinions est une valeur démocratique, il ne saurait justifier la propagation de contre-vérités ni une couverture biaisée de l’information. La HAAC insiste sur le fait que les lois encadrant l’exercice du journalisme au Togo s’appliquent à tous les médias, qu’ils soient locaux ou internationaux. « Le Togo réaffirme son attachement à une presse libre, responsable et professionnelle, au service de l’information juste et équilibrée », conclu le communiqué.
Société
Tchad : Le procureur interdit à la presse d’enquêter sur les violences de Mandakao

Au Tchad, le procureur près le TGI de Ndjamena a interdit depuis samedi 14 juin aux journalistes et aux membres de la société civile de se rendre dans le village de Mandakao, dans le Logone Occidental, pour enquêter sur les violences intercommunautaires qui ont fait une quarantaine de morts début mai dans ce village et ont conduit à l’arrestation du principal opposant tchadien, Succès Masra, accusé d’en être le commanditaire, malgré ses dénégations. « Compte tenu de la sensibilité » de l’affaire, le procureur Oumar Mahamat Kedelaye prévient que « toute autre démarche parallèle » à l’enquête officielle en cours pourrait exposer son auteur à des poursuites judiciaires. Une mise en garde lancée au lendemain de la publication d’un rapport de la société civile sur ce drame.
Ce n’est pas un hasard, le communiqué du procureur de la République de Ndjamena est tombé après la publication du rapport de la mission d’enquête sur les évènements survenus dans le canton de Mandakao du Collectif des Associations des droits de l’homme, l’ADH, après une descente sur le terrain.
Contrairement à la version officielle, qui parle d’un massacre prémédité sous l’instigation de l’ancien Premier ministre Succès Masra, les témoignages recueillis auprès d’habitants du coin, de responsables administratifs ou encore de parents de victimes semblent privilégier un conflit agriculteur – éleveur classique, qui aurait dégénéré, selon ce rapport, comme cela arrive souvent au Tchad.
Le problème, explique un journaliste qui revient d’un séjour dans la région de Mandakao, c’est qu’« il y a trop de zones d’ombres dans cette histoire », dit-il. Selon le collectif des ADH, depuis le massacre de plus de 40 éleveurs début mai, une centaine d’agriculteurs ont été arrêtés et sont poursuivis dans le cadre de cette affaire, ou encore 11 des 12 villages d’agriculteurs que compte le canton de Mandakao ont été attaqués et incendiés officiellement par des bandits armés « non identifiés ».
Réaction du procureur de Ndjamena, Oumar Mahamat Kedelaye, que nous avons joint : « Il faut laisser la justice faire son travail d’une manière indépendante et librement, sans chercher à l’influencer ».
Mise en garde
Pour la justice tchadienne, l’intervention des journalistes et de la société civile pourraient fausser les investigations en cours. Le procureur de Ndjamena leur a donc lancé une sévère mise en garde : ne retournez pas à Mandakao pour mener vos propres enquêtes.
« Des juges d’instruction ont été saisis et ont commencé à poser des actes dans le cadre d’une enquête préparatoire déjà ouverte par le parquet d’instance », déclare Oumar Mahamat Kedelaye. « Par conséquent, compte tenu de la sensibilité de l’affaire, toute autre démarche parallèle est susceptible de constituer un empiétement sur les fonctions judiciaires ou des usurpations de fonction et pourrait éventuellement exposer son auteur à des poursuites judiciaires », prévient-il.
Réaction de l’Union des journalistes tchadiens : c’est une grave atteinte à la liberté de la presse et à la liberté d’informer, dénonce le secrétaire général de l’UJT, qui assure que le procureur cherche à faire taire les journalistes.
« Nous sommes estomaqués par cette déclaration du procureur », déclare Anges Allah-Issem. « Ce que le procureur exige de nous, c’est purement et simplement le retour à la censure, ce qui n’existait plus au Tchad depuis 1994. Nous ne disons pas que le secret de l’instruction doit être foulé aux pieds. Nous disons simplement que les journalistes ont le droit d’aller enquêter pour dire ce qui s’est passé. »
Et pour un membre de la société civile tchadienne, cette interdiction cache mal, dit-il, la volonté de garder sous cloche la vérité sur Mandakao. Dans quel intérêt, s’est-il interrogé, sans donner de réponse.