Société
Mali : L’État engage une procédure judiciaire contre Barrick Mining

Le Mali poursuit Barrick Mining pour placer le complexe Loulo-Gounkoto sous administration provisoire, après des tensions sur l’application du nouveau code minier et la saisie de 3 tonnes d’or en novembre 2024.
Le jeudi 16 mai 2025, à huis clos, l’État malien et le géant canadien Barrick Mining (ex-Barrick Gold) se sont retrouvés devant le tribunal de commerce de Bamako. En jeu figure la demande du gouvernement de placer le complexe aurifère Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants d’Afrique de l’Ouest, sous administration provisoire.
Cette démarche, inédite à cette échelle au Mali, intervient après des mois de tensions liées à l’application du nouveau code minier, à des soupçons de non-conformité fiscale, et à la saisie controversée de plusieurs tonnes d’or. Selon des documents rapportés par plusieurs sources, environ 3 tonnes d’or ont été confisquées par les autorités maliennes en novembre 2024 sur le site, pour une valeur estimée à 317 millions de dollars. Depuis, l’activité est à l’arrêt.
Le complexe Loulo-Gounkoto, situé dans la région de Kayes, dans l’ouest malien, représentait jusqu’à sa fermeture près de 15 % de la production industrielle d’or du pays, avec 723 000 onces extraites en 2024. Cette suspension a contribué à la chute de 23 % de la production aurifère nationale en 2024, selon le ministère malien des Mines.
Le cœur du conflit réside dans l’application du nouveau code minier adopté en août 2023. Ce texte accorde à l’État un droit de participation renforcé — jusqu’à 30 % — dans les projets miniers, tout en imposant une fiscalité accrue sur les bénéfices et les exportations. Des clauses que Barrick conteste, affirmant qu’elles ne peuvent être appliquées rétroactivement sur les contrats en cours.
Mais pour les autorités maliennes, il s’agit de rétablir l’équité dans le partage des ressources. Un audit gouvernemental du secteur minier, publié début 2025, chiffre à environ 315 milliards de FCFA (près de 480 millions d’euros) les créances fiscales cumulées des opérateurs, dont plusieurs filiales de Barrick.
Dans ce contexte tendu, le gouvernement a déposé une requête en justice pour obtenir la désignation d’un administrateur provisoire à la tête du complexe Loulo-Gounkoto. D’après une source judiciaire proche du dossier, l’objectif est de permettre la reprise des opérations « dans l’intérêt national » et d’éviter une rupture prolongée de l’exploitation. L’audience initialement prévue le 15 mai a été reportée au 22 mai, toujours devant le tribunal de commerce de Bamako.
Barrick, de son côté, a dénoncé une « escalade politique » et appelé au respect du droit international et des conventions d’investissement. Dans un communiqué publié le 10 mai, le PDG Mark Bristow avait insisté sur « l’engagement historique » du groupe au Mali, rappelant que Barrick est présent dans le pays depuis près de 30 ans. Il affirmait que l’entreprise a respecté ses obligations fiscales, et considère la saisie des cargaisons d’or comme « arbitraire ».
Au-delà du bras de fer juridique, ce dossier interpelle sur la transformation des relations entre États africains et multinationales extractives. Le Mali n’est pas un cas isolé : depuis 2022, plusieurs pays africains (Tanzanie, RDC, Zimbabwe) ont modifié leurs codes miniers pour renforcer les revenus de l’État et mieux encadrer les partenariats. Mais la question de la transition entre les anciens contrats et les nouvelles règles reste juridiquement sensible.
Pour Bamako, l’issue de cette affaire pourrait ouvrir la voie à une nationalisation partielle, voire totale, du complexe Loulo-Gounkoto. Si la justice valide la mise sous administration provisoire, une nouvelle structure de gouvernance serait mise en place. Dans ce cas, Barrick pourrait perdre tout contrôle opérationnel sur une mine qui a généré plus de 6 millions d’onces d’or depuis son ouverture en 2005.
Source : https://fr.apanews.net/news/mali-letat-malien-engage-une-procedure-judiciaire-contre-barrick/
Société
Kenya : L’autopsie du blogueur Albert Ojwang révèle des marques de torture

La polémique continue de monter au Kenya, après le décès d’Albert Ojwang, arrêté samedi 7 juin 2025, suite à une plainte du numéro 2 de la police qui l’accusait de ternir son image sur les réseaux sociaux. Albert Ojwang est décédé quelques heures après son arrestation. Il se serait cogné la tête contre le mur dans sa cellule d’après la police. Une version officielle remise en question.
Depuis Lundi, la police kényane tente de disperser des militants venus protester devant le poste de police central de Nairobi, suite au décès du blogueur kenyan Albert Ojwang, retrouvé mort après avoir été placé en garde à vue dimanche. Selon la police, il se serait blessé en se cognant la tête contre le mur de sa cellule, mais les résultats de l’autopsie rendue publique mardi révèle qu’Ojwang avait été étranglé et torturé lors de sa garde à vue.
Comme de nombreux manifestants mobilisés, Ndungi Githuku, est certain qu’Albert Ojwang ne s’est pas donné la mort en cellule : » La police prétend qu’Albert Ojwang se serait suicidé pendant sa garde à vue, mais les membres de la famille affirment qu’ils ont vu le corps, l’avocat a également dit qu’il avait vu le corps, et qu’il y avait plus d’une blessure sur son visage, sur ses mains et sur son corps, alors comment aurait-il pu s’infliger tout seul de telles blessures ? « .
La mort d’Ojwang continue de susciter l’indignation sur les réseaux sociaux et a relancé les appels à manifester pour exiger des comptes du gouvernement.
« Ce gouvernement nous incite en fait à redescendre dans la rue. Ils nous font savoir qu’ils ne se sont pas repentis, qu’ils continueront à tuer des jeunes, qu’ils continueront à nous enlever et à nous assassiner. Alors, nous leur disons qu’il vaut mieux crier et mourir en criant que de se taire et d’être enlevés de chez soi en restant silencieux », témoigne Ndungi Githuku.
L’Autorité indépendante de surveillance policière a ouvert une enquête, tandis que les agents impliqués ont été suspendus. Cet incident survient près d’un an après que plusieurs militants et manifestants ont été tués ou enlevés par la police kenyane lors des manifestations contre le projet de loi des finances en 2024.
Société
Kenya : La mort en garde à vue d’un blogueur suscite un émoi national

Albert Ojwang est décédé dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 juin, dans une cellule du commissariat central de Nairobi. La police affirme qu’il s’est suicidé, mais la famille conteste cette version.
Des dizaines de militants ont organisé une manifestation devant une morgue de Nairobi, la capitale du Kenya, après la mort d’un blogueur de 31 ans en garde à vue.
La mort d’Albert Omondi Ojwang a suscité l’indignation au Kenya. Il a été arrêté suite à une plainte du chef adjoint de la police, qui l’accusait d’avoir terni son nom sur les réseaux sociaux.
Dans une première déclaration , la police a déclaré que M. Ojwang « a subi des blessures à la tête après s’être cogné la tête contre un mur de cellule » pendant sa détention.
Cependant, l’avocat de la famille Ojwang, Julius Juma, a déclaré que le corps portait des signes de traumatisme physique grave, notamment un gonflement de la tête, du nez et des oreilles.
M. Juma a également cité des contusions sur les épaules et les mains de M. Ojwang – des blessures qui, selon lui, n’étaient pas compatibles avec un seul impact contre un mur.
L’Autorité indépendante de surveillance de la police du Kenya (IPOA) a ouvert une enquête sur sa mort.
Tenant des pancartes et scandant « Arrêtez de nous tuer », une foule a manifesté devant la morgue de Nairobi, où le corps de M. Ojwang est conservé.
La foule s’est ensuite rendue au commissariat central de police où M. Ojwang était détenu au moment de sa mort.
M. Ojwang a été arrêté vendredi à Homa Bay, une ville de l’ouest du Kenya, à cause d’un message publié sur X qui aurait critiqué l’inspecteur général adjoint de la police, Eliud Lagat.
Il a ensuite été transféré à plus de 350 km (220 miles) de Nairobi et incarcéré au poste de police central samedi.
Selon M. Kanja, M. Ojwang a été arrêté après que M. Lagat a déposé une plainte selon laquelle son nom était « terni ».
« C’est sur cette base que les enquêtes ont été menées », a déclaré M. Kanja lors d’une conférence de presse.
En réponse à la pression croissante de l’opinion publique, M. Kanja a annoncé que des officiers supérieurs du commissariat central de police de Nairobi avaient été « interceptés ».
Le porte-parole de la police, Michael Muchiri, a déclaré à la BBC que cela signifie que les officiers ne pourraient pas exercer leurs fonctions et recevraient la moitié de leur salaire, en attendant le résultat de l’enquête menée par l’IPOA.
Lors d’une conférence de presse, l’inspecteur général Kanja a déclaré que la police apporterait aux enquêteurs tout le « soutien nécessaire » pour résoudre l’affaire.
M. Ojwang a été retrouvé inconscient lors d’une inspection de routine des cellules et « transporté d’urgence à l’hôpital, où il a été déclaré mort à son arrivée », selon la police.
Le directeur de la branche kenyane d’Amnesty International, Irungu Houghton, a déclaré à la BBC que la mort de M. Ojwang était « très suspecte ».
M. Houghton a déclaré qu’il était « assez choquant » que M. Ojwang n’ait pas été enregistré au poste de police local après avoir été détenu, mais qu’il ait plutôt été emmené pour un long voyage.
Dimanche, il a appelé les enquêteurs indépendants à sécuriser ce qu’il a décrit comme « la scène du crime » au poste de police de Nairobi.
La mort de M. Ojwang en détention survient à un moment où l’inquiétude grandit quant à la manière dont certains critiques du gouvernement sont traités.
La semaine dernière, la développeuse de logiciels Rose Njeri , qui a créé un outil pour aider les citoyens à s’opposer à un projet de loi de finances gouvernementales, a été accusée d’avoir enfreint la loi sur la cybercriminalité. Elle nie cette accusation.
Société
Egypte : Lancement d’un mégaprojet pour transformer le désert en terres agricoles

L’Egypte a officiellement lancé, samedi, un nouveau mégaprojet immobilier, une ville haut de gamme au cœur du désert, le long d’un canal artificiel dérivé du Nil, dans l’ouest du Caire.
L’Égypte a officiellement lancé samedi un nouveau mégaprojet immobilier, une ville haut de gamme au cœur du désert, le long d’un canal artificiel dérivé du Nil, à l’ouest du Caire.
Baptisée Jirian, cette ville fait partie du vaste programme Nouveau Delta, lancé en 2021, qui vise à transformer environ 1 million d’hectares de désert en terres agricoles. «Ce projet durable et écologique valorise des terres désertiques jusque-là sans valeur», a affirmé, dimanche, le Premier ministre, Moustafa Madbouly, lors de la cérémonie de signature du «premier projet immobilier du Nouveau Delta».
Partenariat public-privé
L’objectif de Nouveau Delta est d’accroître la production de cultures stratégiques comme le blé et le maïs et de réduire la dépendance du pays aux importations alimentaires. À terme, le plan prévoit cinq nouvelles villes dans le désert.
Les projets liés au canal artificiel s’inscrivent dans un contexte régional tendu pour les ressources en eau. Dépendante à 97% du Nil pour ses besoins en eau, l’Égypte redoute que le grand barrage de la Renaissance (GERD), lancé par l’Éthiopie en 2021, ne pèse à terme sur le débit du plus long fleuve d’Afrique et sur la fertilité de sa vallée.
Jirian, portée par un partenariat public-privé entre l’État égyptien et trois géants de l’immobilier – Palm Hills, Mountain View et Nations of Sky – devrait accueillir «entre 2,5 et 3 millions de familles». Le projet devrait également «créer 250 000 emplois», selon les prévisions gouvernementales.
Cinq ans de travaux
La nouvelle ville comprendra des résidences de luxe, des gratte-ciel, des universités, des hôpitaux internationaux, un «hôtel écologique», des zones commerciales, un «quartier culturel et médiatique». À la fois élément paysager et source d’irrigation, le canal artificiel traversera la ville, qui sera située à proximité immédiate des pyramides de Gizeh, du Grand Musée égyptien, dont l’ouverture est prévue en juillet, et de l’aéroport international de Sphinx. Les travaux ont commencé il y a cinq mois et devraient durer cinq ans.
Ce projet s’inscrit dans une série de mégaprojets lancés par le président Abdel Fattah al-Sissi, dont la ville baptisée Nouvelle Capitale administrative, à l’est du Caire. Si ces projets sont jugés essentiels pour la croissance économique, ils ont toutefois contribué à une forte hausse de la dette extérieure de l’Égypte, qui s’élevait à 136,8 milliards d’euros fin 2024.