Société
Comores : Le journaliste Abdou Moustoifa convoqué devant un tribunal correctionnel

Abdou Moustoifa avait rédigé une dépêche évoquant des propos qu’aurait tenu le président Azali Assoumani. Selon lui, le chef de l’État avait dit souhaiter voir son fils lui succéder, mais les autorités ont dénoncé une traduction erronée des déclarations en question.
Après avoir passé 24 heures en garde à vue à la gendarmerie de Moroni, Abdou Moustoifa a été finalement relâché. Ce n’est pas pour autant terminé. Il devra passer devant un tribunal correctionnel la semaine prochaine, poursuivi pour «diffusion de nouvelles fausses».
«Je suis soulagé, la garde à vue était éprouvante», a déclaré le journaliste de 31 ans.
Le correspondant de Reuters aux Comores, dans la tourmente depuis une semaine, a été relâché ce vendredi après-midi après une garde à vue de 24 heures dans une cellule de la gendarmerie nationale à Moroni.
Par deux fois, il a été déféré au parquet ce 30 janvier. Il devra néanmoins comparaître le 6 février prochain au tribunal correctionnel pour «publication, diffusion et divulgations de nouvelles fausses».
«Atteinte au moral des Comoriens»
Peu avant sa remise en liberté, le procureur de la république, Abdou Ismaïl, a fait une courte déclaration aux journalistes présents au parquet en solidarité à leur confrère.
« Le parquet s’est autosaisi parce que l’article de votre collègue a porté atteinte au moral des Comoriens », a-t-il notamment indiqué.
Toujours ce vendredi, mais plus tôt dans la journée, l’agence de presse britannique publie une correction : «Le président des Comores nie avoir l’intention de céder le pouvoir à son fils après que ses remarques précédentes aient été interprétées de différentes manières par le gouvernement et les opposants. Nous supprimons un post précédent qui le citait comme faisant référence à son fils ».
Nombreux soutiens
Abdou Moustoifa a eu le soutien du syndicat national des journalistes comoriens. Celui-ci avait peu avant sa libération, dans un communiqué, «exprimé son indignation face au renvoi en garde à vue de notre confrère Abdou Moustoifa». L’organisation avait par ailleurs condamné «sa détention prolongée » et «exigé sa libération inconditionnelle».
Le soutien au jeune reporter a dépassé les frontières nationales. Très vite, il a pu compter sur la Fédération internationale des journalistes qui s’est fendue d’un communiqué ce vendredi dans la matinée.
« La Fédération internationale des journalistes se joint à son affilié le syndicat national des journalistes comoriens pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle du journaliste qui n’a rempli que sa mission d’informer», pouvait-on lire dans le communiqué.
La section Océan Indien du Syndicat national des journalistes français a également diffusé un communiqué dénonçant le sort réservé au journaliste (lire ci-contre).
L’origine de cette polémique remonte au 23 janvier. Ce jour-là, le chef de l’Etat, Azali Assoumani, parle de sa succession au pouvoir lors d’une réunion publique, tenue sur l’île de Mohéli.
Le lendemain, le correspondant de Reuters en fait une dépêche démentie quelques heures plus tard par la présidence. «Le gouvernement tient à souligner qu’en aucun moment, le président Azali n’a parlé d’une éventuelle succession de son fils Nour El Fath, à la tête de l’Etat», est-il écrit dans le communiqué.
L’agence de presse publie cette clarification le lendemain. L’histoire aurait pu en rester là.
Le principal parti au pouvoir tient une conférence de presse le 27 janvier et indique qu’aucune plainte ne sera déposée contre le journaliste. Un confrère prévient néanmoins que le parquet «devrait prendre le relais ».
C’est ainsi que deux jours plus tard, soit le mercredi 29, deux gendarmes sont à la recherche d’Abdou Moustoifa, qui décide se rendre à la gendarmerie le lendemain. «Cette mesure s’apparente à une punition abusive. Pire encore, notre confrère était détenu sans possibilité de recevoir de visites», dénonce Ahmed Bacar, le président du syndicat des journalistes.
Source : https://www.lequotidien.re/actualites/aux-comores-un-repit-pour-le-correspondant-de-reuters/
Société
Kenya : L’autopsie du blogueur Albert Ojwang révèle des marques de torture

La polémique continue de monter au Kenya, après le décès d’Albert Ojwang, arrêté samedi 7 juin 2025, suite à une plainte du numéro 2 de la police qui l’accusait de ternir son image sur les réseaux sociaux. Albert Ojwang est décédé quelques heures après son arrestation. Il se serait cogné la tête contre le mur dans sa cellule d’après la police. Une version officielle remise en question.
Depuis Lundi, la police kényane tente de disperser des militants venus protester devant le poste de police central de Nairobi, suite au décès du blogueur kenyan Albert Ojwang, retrouvé mort après avoir été placé en garde à vue dimanche. Selon la police, il se serait blessé en se cognant la tête contre le mur de sa cellule, mais les résultats de l’autopsie rendue publique mardi révèle qu’Ojwang avait été étranglé et torturé lors de sa garde à vue.
Comme de nombreux manifestants mobilisés, Ndungi Githuku, est certain qu’Albert Ojwang ne s’est pas donné la mort en cellule : » La police prétend qu’Albert Ojwang se serait suicidé pendant sa garde à vue, mais les membres de la famille affirment qu’ils ont vu le corps, l’avocat a également dit qu’il avait vu le corps, et qu’il y avait plus d’une blessure sur son visage, sur ses mains et sur son corps, alors comment aurait-il pu s’infliger tout seul de telles blessures ? « .
La mort d’Ojwang continue de susciter l’indignation sur les réseaux sociaux et a relancé les appels à manifester pour exiger des comptes du gouvernement.
« Ce gouvernement nous incite en fait à redescendre dans la rue. Ils nous font savoir qu’ils ne se sont pas repentis, qu’ils continueront à tuer des jeunes, qu’ils continueront à nous enlever et à nous assassiner. Alors, nous leur disons qu’il vaut mieux crier et mourir en criant que de se taire et d’être enlevés de chez soi en restant silencieux », témoigne Ndungi Githuku.
L’Autorité indépendante de surveillance policière a ouvert une enquête, tandis que les agents impliqués ont été suspendus. Cet incident survient près d’un an après que plusieurs militants et manifestants ont été tués ou enlevés par la police kenyane lors des manifestations contre le projet de loi des finances en 2024.
Société
Kenya : La mort en garde à vue d’un blogueur suscite un émoi national

Albert Ojwang est décédé dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 juin, dans une cellule du commissariat central de Nairobi. La police affirme qu’il s’est suicidé, mais la famille conteste cette version.
Des dizaines de militants ont organisé une manifestation devant une morgue de Nairobi, la capitale du Kenya, après la mort d’un blogueur de 31 ans en garde à vue.
La mort d’Albert Omondi Ojwang a suscité l’indignation au Kenya. Il a été arrêté suite à une plainte du chef adjoint de la police, qui l’accusait d’avoir terni son nom sur les réseaux sociaux.
Dans une première déclaration , la police a déclaré que M. Ojwang « a subi des blessures à la tête après s’être cogné la tête contre un mur de cellule » pendant sa détention.
Cependant, l’avocat de la famille Ojwang, Julius Juma, a déclaré que le corps portait des signes de traumatisme physique grave, notamment un gonflement de la tête, du nez et des oreilles.
M. Juma a également cité des contusions sur les épaules et les mains de M. Ojwang – des blessures qui, selon lui, n’étaient pas compatibles avec un seul impact contre un mur.
L’Autorité indépendante de surveillance de la police du Kenya (IPOA) a ouvert une enquête sur sa mort.
Tenant des pancartes et scandant « Arrêtez de nous tuer », une foule a manifesté devant la morgue de Nairobi, où le corps de M. Ojwang est conservé.
La foule s’est ensuite rendue au commissariat central de police où M. Ojwang était détenu au moment de sa mort.
M. Ojwang a été arrêté vendredi à Homa Bay, une ville de l’ouest du Kenya, à cause d’un message publié sur X qui aurait critiqué l’inspecteur général adjoint de la police, Eliud Lagat.
Il a ensuite été transféré à plus de 350 km (220 miles) de Nairobi et incarcéré au poste de police central samedi.
Selon M. Kanja, M. Ojwang a été arrêté après que M. Lagat a déposé une plainte selon laquelle son nom était « terni ».
« C’est sur cette base que les enquêtes ont été menées », a déclaré M. Kanja lors d’une conférence de presse.
En réponse à la pression croissante de l’opinion publique, M. Kanja a annoncé que des officiers supérieurs du commissariat central de police de Nairobi avaient été « interceptés ».
Le porte-parole de la police, Michael Muchiri, a déclaré à la BBC que cela signifie que les officiers ne pourraient pas exercer leurs fonctions et recevraient la moitié de leur salaire, en attendant le résultat de l’enquête menée par l’IPOA.
Lors d’une conférence de presse, l’inspecteur général Kanja a déclaré que la police apporterait aux enquêteurs tout le « soutien nécessaire » pour résoudre l’affaire.
M. Ojwang a été retrouvé inconscient lors d’une inspection de routine des cellules et « transporté d’urgence à l’hôpital, où il a été déclaré mort à son arrivée », selon la police.
Le directeur de la branche kenyane d’Amnesty International, Irungu Houghton, a déclaré à la BBC que la mort de M. Ojwang était « très suspecte ».
M. Houghton a déclaré qu’il était « assez choquant » que M. Ojwang n’ait pas été enregistré au poste de police local après avoir été détenu, mais qu’il ait plutôt été emmené pour un long voyage.
Dimanche, il a appelé les enquêteurs indépendants à sécuriser ce qu’il a décrit comme « la scène du crime » au poste de police de Nairobi.
La mort de M. Ojwang en détention survient à un moment où l’inquiétude grandit quant à la manière dont certains critiques du gouvernement sont traités.
La semaine dernière, la développeuse de logiciels Rose Njeri , qui a créé un outil pour aider les citoyens à s’opposer à un projet de loi de finances gouvernementales, a été accusée d’avoir enfreint la loi sur la cybercriminalité. Elle nie cette accusation.
Société
Egypte : Lancement d’un mégaprojet pour transformer le désert en terres agricoles

L’Egypte a officiellement lancé, samedi, un nouveau mégaprojet immobilier, une ville haut de gamme au cœur du désert, le long d’un canal artificiel dérivé du Nil, dans l’ouest du Caire.
L’Égypte a officiellement lancé samedi un nouveau mégaprojet immobilier, une ville haut de gamme au cœur du désert, le long d’un canal artificiel dérivé du Nil, à l’ouest du Caire.
Baptisée Jirian, cette ville fait partie du vaste programme Nouveau Delta, lancé en 2021, qui vise à transformer environ 1 million d’hectares de désert en terres agricoles. «Ce projet durable et écologique valorise des terres désertiques jusque-là sans valeur», a affirmé, dimanche, le Premier ministre, Moustafa Madbouly, lors de la cérémonie de signature du «premier projet immobilier du Nouveau Delta».
Partenariat public-privé
L’objectif de Nouveau Delta est d’accroître la production de cultures stratégiques comme le blé et le maïs et de réduire la dépendance du pays aux importations alimentaires. À terme, le plan prévoit cinq nouvelles villes dans le désert.
Les projets liés au canal artificiel s’inscrivent dans un contexte régional tendu pour les ressources en eau. Dépendante à 97% du Nil pour ses besoins en eau, l’Égypte redoute que le grand barrage de la Renaissance (GERD), lancé par l’Éthiopie en 2021, ne pèse à terme sur le débit du plus long fleuve d’Afrique et sur la fertilité de sa vallée.
Jirian, portée par un partenariat public-privé entre l’État égyptien et trois géants de l’immobilier – Palm Hills, Mountain View et Nations of Sky – devrait accueillir «entre 2,5 et 3 millions de familles». Le projet devrait également «créer 250 000 emplois», selon les prévisions gouvernementales.
Cinq ans de travaux
La nouvelle ville comprendra des résidences de luxe, des gratte-ciel, des universités, des hôpitaux internationaux, un «hôtel écologique», des zones commerciales, un «quartier culturel et médiatique». À la fois élément paysager et source d’irrigation, le canal artificiel traversera la ville, qui sera située à proximité immédiate des pyramides de Gizeh, du Grand Musée égyptien, dont l’ouverture est prévue en juillet, et de l’aéroport international de Sphinx. Les travaux ont commencé il y a cinq mois et devraient durer cinq ans.
Ce projet s’inscrit dans une série de mégaprojets lancés par le président Abdel Fattah al-Sissi, dont la ville baptisée Nouvelle Capitale administrative, à l’est du Caire. Si ces projets sont jugés essentiels pour la croissance économique, ils ont toutefois contribué à une forte hausse de la dette extérieure de l’Égypte, qui s’élevait à 136,8 milliards d’euros fin 2024.